Le protocole d’accord signé le 23 janvier 2023 par la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN) et le gouvernement, notamment le point relatif à l’augmentation de l’âge de la retraite (de 60 ans à 62 ans) continue de susciter des débats au sein de l’opinion. Même parmi les principaux bénéficiaires de cette mesure administrative, à savoir les travailleurs de la Fonction Publique, le sujet est diversement apprécié. Réactions…
La retraite à 62 ans, faut-il le souligner, est une revendication portée par plusieurs syndicats des travailleurs et maintes fois posée sur la table des pourparlers à laquelle le Président de la République Mohamed Bazoum vient finalement de céder.
La retraite de 60 à 62 ans, c’est là un acquis important, selon M. Djibrilla Idrissa, Secrétaire Général de la CDTN. Même avis que ce fonctionnaire retraité du secteur de l’éducation selon lequel cela va permettre d’arrêter la déperdition des cadres compétents.
En effet, l’une des plaintes des citoyens à l’encontre de l’administration publique est sa perte d’efficacité due au départ à la retraite de la grande majorité de ses cadres compétents. ‘’On ne vient plus à l’enseignement par vocation mais par nécessité de trouver un travail, ce qui n’est pas sans conséquences sur la qualité des prestations livrées’’ ; Dixit Ismael. M, entrepreneur très inquiet de la baisse de niveau à l’école qu’il impute à la mauvaise qualité des enseignants. Pour cette assistante de direction dans une institution publique, le relèvement de l’âge de la retraite est une bonne chose aussi bien pour l’Etat que pour les fonctionnaires. Elle s’explique : ‘’Il y a ceux qui essaient de comparer ce qui se passe en France où les syndicats sont contre l’augmentation de l’âge de la retraite à notre situation d’ici. Là-bas, on part sur le marché du travail très tôt, parfois à l’âge de 20 ans alors qu’au Niger, c’est parfois à 30 ans, voire plus que l’on décroche son premier CDI (Contrat à Durée Indéterminé). Or, il faut cotiser pendant longtemps pour bénéficier d’un bonne retraite’’.
Les avis contraires (les contre l’âge de la retraite à 62 ans) ne manquent pas. Cette bibliothécaire d’un grand établissement d’enseignement secondaire de Niamey qui est à deux ans de la retraite (58 ans) plaide pour les jeunes diplômés. Elle va jusqu’à qualifier d’égoïstes, les soutiens à la retraite à 62 ans.
‘’Nos enfants sont à la maison avec leurs diplômes. Nous nous devons de leur céder nos places. Sinon le chômage va augmenter et par conséquent l’oisiveté et la délinquance’’ ; défend-elle. Cette position est très partagée au sein de l’opinion par tous ceux pour qui le développement d’un pays passe inéluctablement par la promotion de sa jeunesse.
On ne manque pas aussi d’entendre un autre son de cloche qui propose le relèvement de l’âge de la retraite au cas par cas, c’est-à-dire cibler les administrations pour lesquels cela s’avère nécessaire comme l’éducation et la santé qui assistent à la perte de leurs cadres les plus compétents et les emplois qui sont en manque de diplômés sur le marché du travail.
Il faut noter que d’autres catégories de travailleurs relevant de la Fonction Publique nigérienne ont déjà bénéficié de relèvement de l’âge de départ à la retraite. C’est le cas des enseignants et chercheurs du supérieur (maitres assistants, chargés de recherche, assistants et attachés de recherche des universités publiques) pour lesquels l’âge de la retraite est passé de 60 à 65 ans en 2020 et le personnel de l’Assemblée nationale qui a vu également cet âge rehaussé de 60 à 62 ans.
OUMAROU KANE