France-Maroc, quelle réflexion nous inspire cette réconciliation ? La
problématique qui se pose, est-ce que cette réconciliation ne vise -t-elle
pas à chercher à déstabiliser la fédération des États du Sahel ?
Le point de discorde entre la France et le Maroc est la prise de position
de la France en faveur de l’autodétermination du peuple souverain du
Sahara occidental soutenu par l’Algérie en particulier et l’Union Africaine
en général.
L’Union Africaine a reconnu la République Arabe Sarahouie en 1982 en
tant qu’Etat membre, ce qui avait fait partir le Maroc de l’Union Africaine
en 1984, puis pour revenir en 2017. À la proclamation de l’indépendance
de la Mauritanie, le Maroc avait observé le même comportement. Ce
n’est pas nouveau le Maroc avait toujours fait preuve des velléités
expansionnistes sur la Mauritanie et le Sahara occidental.
La France a aujourd’hui des difficultés dans ses relations diplomatiques
avec les pays membres de l’Alliance des États du Sahel, la Mauritanie et
l’Algérie. La République Arabe Saharaouie est aujourd’hui membre de
l’Union Africaine, c’est irréversible, la reconnaissance de la souveraineté
du Maroc sur la République Arabe Sarahouie par la France n’aura aucun
impact sur la remise en cause de la reconnaissance de la République
Arabe Saharaouie par l’Union Africaine.
Le stratagème inventé par la France cherche à obtenir le soutien du
Maroc dans le cadre de la déstabilisation et la reconquête des États du
Sahel dans son giron. En effet, le Maroc pourrait constituer un bouclier
contre le terrorisme pour les États du Sahel, le Maroc a décidé d’ouvrir
une porte d’accès, à ses eaux territoriales, à ses ports aux pays
membres de la fédération de l’Alliance des États du Sahel pour faciliter
leurs échanges commerciaux avec le reste du monde. Le Maroc a
promis d’aider les pays du Sahel à combattre l’insécurité grandissante au
Sahel.
La France chercherait en réalité à casser cet élan de solidarité dans les
relations économiques internationales fructueuses entre le Maroc et les
pays du Sahel. La nouvelle problématique qui se pose, est-ce le Maroc
qui avait contesté l’admission de la Mauritanie à l’Union Africaine en
1974, sous-prétexte que la Mauritanie faisait partie de son territoire,
peut-il convaincre les pays africains de sa souveraineté sur le Sahara
occidental ?
Le Maroc risque gros en mettant en mal ses bonnes relations
diplomatiques avec, la Mauritanie, l’Algérie et les pays de la fédération
de l’Alliance des États du Sahel. À notre humble avis le Maroc n’a aucun
intérêt à se mettre au dos les pays africains par rapport au dossier du
Sahara occidental, la France et le Maroc risquent un grand camouflé.
L’Union Africaine a déjà reconnu la République Arabe Sarahouie, ce
dossier est clos.
Pour des raisons géostratégiques et géopolitiques internationales le
Maroc ne peut ignorer le soutien de la France sur le dossier du Sahara
occidental. Cependant, il serait difficile que le Maroc renonce aux
engagements pris pour faciliter l’accès à la mer aux États de la
confédération des États du Sahel.
Sur le plan économique, de la géopolitique et de la géostratégique
internationales le Maroc ne peut s’en passer des pays membres de
l’Alliance des États du Sahel. Ces pays sont producteurs des matières
premières dont le monde a grandement besoin.
En effet, le lithium, l’or, l’uranium, le pétrole, le fer, etc., sont des matières
très prisées sur le plan international. Les États du Sahel sont aujourd’hui
courtisés par les grandes puissances mondiales émergentes.
La France ne produit rien, son économie est sinistrée, le peu des
industries automobiles qui lui restent sont délocalisées en Chine
Populaire pour des raisons de rentabilité économique. À notre humble
avis cette réconciliation de la France avec le Maroc a pour objectif
d’utiliser le Maroc pour corriger peut-être les graves erreurs
diplomatiques commises dans ses relations avec la confédération des
États du Sahel.
La conquête de la souveraineté monétaire et économique des États du
Sahel est irrévocable. Peut-être une réconciliation qui tiendrait compte
de la souveraineté monétaire et économique serait possible avec la
France, mais il serait très difficile de rompre avec la Fédération de la
Russie, la Chine Populaire, l’Inde, l’Iran et le Brésil, en un mot les pays
des BRICS. « L’Afrique doit s’unir ou périr «
ISSSOUFOU BOUBACAR KADO MAGAGI