Voici les spéculations en cours à Niamey sur la vie politique au Niger, en sourdine ! Mais le choix de la réponse à cette triple question n’est pas aussi simple ou encore plus aisé que cela puisse paraître, d’autant plus que la complexité de la situation socio-politique du moment dépasse largement les spéculations des états-majors des partis politiques et concerne toute la survie de la Nation Nigérienne.
Pour les dirigeants politiques, l’affaire de la société se résume à eux et à eux seuls, d’autant qu’ils revendiquent tous les droits à ce sujet ! Les démons de la politique veulent-ils se réveiller pour parler à visage découvert ?
Mais la crainte de ne pas comprendre la position réelle du Général Abdourahmane Tiani, le président du CNSP et Chef de l’État les tient encore absolument en silence. Or, « l’information exposée dans des circonstances choquantes est celle dont le public retiendra aussi longtemps », à en croire Aristote.
Mais, ce n’est pas pour autant que les hommes politiques vont abandonner la partie, considérée déjà comme leur chasse gardée dont la nouvelle géopolitique leur a ravi la vedette auprès de la jeunesse Africaine, subjuguée par les nouveaux vents des discours nationalistes contre la politique occidentale. Après une année entière de réflexions et de méditations, les « dieux et les démons de la politique nigérienne pose les grandes interrogations maintenant », selon des sources concordantes.
Questions : Qui peut conduire le Niger à bon port entre les différents leaders politiques Nigériens en place aujourd’hui ? Qui dispose de suffisamment de capacités et de leadership pour maintenir le Niger sur les rails ? Qui dispose d’adresses sûres ? Qui est réellement fiable pour maintenir et conduire la souveraineté nationale, sans ramener le pays à la case de départ de l’impérialisme ?
Faceà toutes ces questions légitimes, deux personnalités émergent du lot de la vingtaine des dirigeants politiques en vue au Niger, mais avec quelques réserves. Hama Amadou et Mahamadou Issoufou sortent du bois et s’affirment au-dessus de la mêlée, comme étant les plus grands dinosaures des leaders capables de gérer la situation actuelle, en faisant appel à toutes les communautés nationales à s’adhérer à leurs projets.
Les deux personnalités présentent chacun un ancrage national certain et sont capables tous les deux de fédérer autour d’elles-mêmes, toutes les forces politiques en faveur de leurs idéaux et ce, malgré les clivages politiques. (Machiavel n’est jamais mort, n’est-ce pas ?). Les partisans de Hama Amadou, tout comme ceux de Mahamadou Issoufou croient dur comme fer que seul l’un ou l’autre de leurs leaders mérite d’hériter de la donne politique actuelle, dans un retour à un système constitutionnel normal rêvé par eux.
Et ni projet de société ni idéologie ne compte pour les partisans, l’essentiel est de prendre le pouvoir ou le reprendre pour faire valoir une expérience politique unique et inaltérable. Pour les plus critiques, Hama Amadou est déjà vieux, malade et très proche de la France ; tandis que Mahamadou Issoufou conserve encore de force, de richesse, plein d’adresses à jour dans le monde en tant qu’ancien Chef d’État et plusieurs autres responsabilités internationales encore à son actif comme champion de la ZLECAF ou président du Panel de Haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, mais il présente la faiblesse d’engranger des corrompus dans son rang (parce qu’ils sont très riches n’est-ce pas ?).
Que comprendre des questions du réquisitoire de la situation politique au Niger ?
Les questions valent leurs pesants d’or. Mais faudrait-il avoir l’ours d’abord avant de vendre sa peau ?
Notre fameuse classe politique ne met-elle pas ainsi la charrue avant les bœufs ? Quoiqu’il en soit, les calculettes des hommes politiques Nigériens sont en action et toutes les équations sont posées, en mettant « l’avenir du Niger » au centre de leurs préoccupations.
Dans ces conditions, la classe politique nigérienne va-t-elle prendre son courage à deux mains pour faire des propositions franches aux dirigeants du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ou bien va-t-elle continuer à jouer au jeu de l’autruche avec les forces de défense et de sécurité au pouvoir par procuration ? Pour les observateurs de la scène politique nigérienne, « si les hommes politiques sont sincères, ils devraient ouvertement et courageusement marquer leurs positions intelligemment pour contribuer efficacement à la vie de la Transition politique en cours ! » et cessez de jouer par acteurs de société civile interposée.
La fin des premiers calculs !
Ce nombrilisme ou cette mobilisation de la classe politique en sourdine survient selon nos sources au lendemain des conclusions tirées sur la période d’observation dite encore période de grâce. Il faut comprendre ainsi que depuis le coup d’Etat du 26 Juillet 2023, la classe politique nigérienne s’est terrée dans un silence d’observation et de petits calculs.
Les commentaires avaient fait le tour de la ville capitale du Niger selon lesquels les membres du gouvernement reflètent une configuration politique favorable à tel ou tel autre bord politique, sans se s’établir effectivement et définitivement comme tel. Les récents limogeages spectaculaires de ministres ou de hautes personnalités au Cabinet du Chef de l’État ont démontré bien le contraire de tout ce qui avait été affirmé çà et là.
Le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine avait été considéré à tort ou à raison comme l’un des hommes les plus proches et fidèles à Hama Amadou, tout comme l’ancien super ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie. D’autres ministres civils ou militaires sont aussi estampillés comme étant proches de Hama Amadou et donc de son parti, le Modem Lumana Africa.
D’un autre côté, plusieurs autres membres du gouvernement, qu’il s’agisse des militaires ou des civils sont considérés également avec force de l’affirmation comme militants ou sympathisants du parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS Tarayya) et surtout pour avoir été du sérail du régime renversé. Mais un autre critère de description de la filiation avec le régime déchu des ministres encore en fonction réside dans la relation que certaines personnalités établissent directement ou indirectement avec l’ancien président nigérien Issoufou Mahamadou.
Pour tous les critères, il n’y a pas une place nette à la neutralité des personnalités choisies au gouvernement en rectification continue pour la conduite de la Transition au Niger. Quelques autres idées irréductibles et certes intolérables ont tendance à faire croire qu’il y a des Nigériens qui ne méritent plus relever la tête encore sur l’arène politique et cela est bien remarquable au sein de deux camps politiques majeurs diamétralement opposés dans leurs idéologies et se haïssent aussi mutuellement sur l’arène politique.
Quid du projet de société du Général Abdourahmane Tiani pour le Niger ?
Le Général Abdourahmane Tiani et ses camarades du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) n’ont pas que réalisé un coup d’État militaire le 26 Juillet 2023 pour mettre fin à l’ordre en cours à vau lot, face à l’insécurité grandissante, mais le groupe d’officiers supérieurs de l’armée nigérienne disposait aussi d’un projet de société pour leur pays, le Niger. Ce projet de société sera révélé dans la vision du Général Abdourahmane Tiani président du CNSP, Chef de l’État, dans le livre du même nom.
Le projet de société du CNSP se structure ainsi en quatre axes stratégiques bien connus aujourd’hui par les citoyens et les partenaires comme aucun autre projet de société des hommes politiques ne l’avait jamais été au Niger auparavant. Les quatre axes se déclinent par le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale ; la promotion de la bonne gouvernance ; le développement des bases de production pour la Souveraineté Économique et l’accélération des réformes sociales, en vue de l’émergence des facteurs du développement.
Qu’il s’agisse de Hama Amadou ou de Mahamadou Issoufou, les Nigériens ont déjà vu tous les deux à l’œuvre. Puisse la sagesse leur insuffler d’accepter la retraite politique et inspirer la voie du leadership à la génération montante de venir contribuer à l’écriture des nouvelles pages de l’histoire de la souveraineté nationale du Niger.
MOUSSA NAGANOU