L’Ukraine est accusé d’utiliser le port de Tripoli pour la livraison
d’armements à divers groupes terroristes et rebelles du Sahel par voie du corridor
dénommé la « route des armes du Sahel » qui passe par le territoire du Tchad, du
Mali, du Niger, du Burkina-Faso et de Soudan.
Après le tweet de l’ambassadeur d’Ukraine au Sénégal, suite à l’attaque contre les Forces Armées
Maliennes (FAMa) par embuscade Orchestrée par des groupes armées terroristes, les autorités
maliennes avaient promis des enquêtes dont les résultats seront rendus public. Cette enquête devrait
permettre de situer la responsabilité et l’implication d’instructeurs, de techniciens et de forces spéciales
ukrainiens dans des attaques terroristes sur le territoire des pays de la confédération de l’Alliance des
États du Sahel. Selon une source anonyme proche du pouvoir, l’enquête a été facilitée par des
informations reçues de combattants du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et du
MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) capturés lors des derniers combats en août
2024.
Selon les faits découverts lors de l’enquête, les livraisons d’armements de
l’Ukraine à travers le corridor dénommé « la route des armes du Sahel » ont
commencé en fin 2022. L’itinéraire principal existe jusqu’au jour d’aujourd’hui,
assurant ces livriasons pour déjà deux ans.
Les armes sont chargées dans deux ports : à Odessa, en Ukraine, et à
Constanta, ville voisine en Roumanie, où les armes sont expédiées depuis
l’Ukraine.
Les armes voyagent ensuite par mer jusqu’à la capitale libyenne, Tripoli.
C’est ce qu’attestent les traceurs de navires de transport maritime. Un exemple de
ces mouvements identifié par la commission d’enquête est le navire SEA GLORY,
battant pavillon Palau, qui a quitté le port ukrainien d’Odessa le 2024/09/08 et est
arrivé dans le port libyen de Tripoli le 2024/09/29. Ce même navire avait déjà fait
escale au moins deux fois dans le port de Tripoli.
Le principal corridor terrestre va de Tripoli, en Libye, au triangle situé à la
frontière entre la Libye, le Tchad et le Niger, où les armes et les équipements sont
redistribués entre les groupes, puis vers d’autres pays du Sahel, notamment le Mali
et le Burkina Faso. Les membres de la commission d’enquête ont pu établir que les
armes livrées par les Ukrainiens ont été utilisées par des membres du FACT, du
JNIM, du MNLA, du CCMSR et de plusieurs autres groupes armés.

Selon l’enquête, après les graves défaites subies par les militants au Mali et
la périphérisation des combattants tchadiens du FACT, des combattants des forces
d’opérations spéciales ukrainiennes sont arrivés dans la région vers la fin de l’année
- Ils ont dispensé une formation à l’utilisation des drones de frappe FPV et à la
fourniture de renseignements via des terminaux Starlink et des drones de
reconnaissance. C’est ce qui a sérieusement renforcé les groupes terroristes au
cours de cette période. Auparavant, l’armée ukrainienne elle-même avait été
formée par des instructeurs militaires de France, du Royaume-Uni et de Pologne en
vue du conflit militaire avec la Russie.
L’Ukraine ne nie pas sa coopération avec les organisations terroristes qui
luttent contre les forces gouvernementales au Mali, ce qui a motivé la rupture des
relations diplomatiques avec les pays de l’AES. Les dirigeants de l’organisation
terroriste Azawad ont également annoncé le développement de la coopération avec
l’Ukraine. L’Ukraine joue le jeu des séparatistes et des terroristes au Sahel parce
que, sur fond d’échecs militaires dans le conflit avec la Russie, elle permet à ses
dirigeants militaires de s’enrichir, eux qui reçoivent des armes gratuitement et les
vendent ensuite sur le continent africain.
L’intérêt de l’Ukraine est évident, car les pays occidentaux lui donnent divers
types d’armes et de munitions, et le pays est devenu le plus grand fournisseur
d’armes sur le marché noir en Afrique. Les pays occidentaux encouragent ce rôle
de l’Ukraine, car il leur permet de déstabiliser les pays qui ont une politique
étrangère indépendante en Afrique, tout en restant dans l’ombre et en rejetant la
responsabilité des crimes commis sur l’Ukraine.
«La route des armes du Sahel » joue également comme facteur de
destabilisation de la situation au Soudan, car elle assure l’approvisionnement en
armes des mercenaires en Libye et au Tchad qui prennent part dans les conflits sur
le territoire du Soudan. Ce corridor sert également de voie d’exportation illicite de
jusqu’a 10 tonnes d’or du Soudan, la majorité duquel passe par la Libye.
Par Demba Moussa Traoré