La situation sécuritaire au Mali se dégrade de jour en jour et entraîne dans son sillage la détérioration des conditions de vie des populations civiles.
C’est du moins, ce qui ressort des propos tenus par le président du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), Cheick Chérif Ousmane Madani Haïdara dont les allégations pourraient être assimilées à un « pavé dans la mare ». C’est une première dans un pays où la liberté d’expression a du plomb dans l’aile, en particulier pour les « voix discordantes » qui naviguent à contre courant de la pensée du maître de Koulouba et de la garnison de Kati.
Cheikh Chérif Ousmane Madani Haïdara se fait le porte parole des « sans voix » contraints désormais au silence. Malgré la persistance de la crise sécuritaire au Centre et au Nord du pays ainsi que la dégradation continue des relations entre le Mali et certains pays, dont notamment la Côte d’Ivoire.
Pour ce cas précis, l’on ne comprend guère l’entêtement de la junte militaire malienne, Assimi Goïta à maintenir en détention les quarante six (46) soldats ivoiriens depuis juillet et ce malgré le récent ultimatum lancé par la CEDEAO à l’endroit des militaires de Kati pour qu’elles les libèrent avant janvier, sous peine de sanctions.
Par ailleurs, il y a quelques mois, les syndicats des travailleurs et les associations de la société civile de la région du Nord du Mali avaient lancé à Gao un appel pressant à la junte militaire au pouvoir afin de rétablir la sécurité dans cette région désormais sujette aux attaques terroristes.
Cette inquiétude des responsables religieux maliens s’exprimant ainsi par la voix de Cheick Ousmane Madani Haïdara se comprend aisément à la lumière de l’emprise des groupes djihadistes sur une grande partie du territoire du pays de Modibo Keïta et même du colonel au pouvoir à Kati Assimi Goïta.
Ce pays des guerriers d’antan est désormais meurtri par la présence des terroristes dans la quasi-totalité du territoire de l’ancien empire Manding. En témoigne ainsi la vidéo de propagande diffusée, le 13 décembre passé mettant en scène les capacités militaires et la force de frappe d’un groupe terroriste, qui se déploie sur le territoire sans rencontrer de véritable résistance.
Le cri de cœur du président du Haut conseil islamique vient confirmer la dégradation avancée du climat entre les gouvernants et les gouvernés du Mali entraînant du coup une « fracture sociale » déjà consommée !
Il exhorte la junte militaire au pouvoir à Kati à plus d’humilité. « Le pays est dans une situation difficile, mais nous avons décidé de rencontrer tous les acteurs de la société civile, de la classe politiques, ainsi que tous les cadres et commis de l’État, pour formuler des recommandations de sortie de crise. En tant que citoyens, nous devons contribuer à la construction du pays. Nos recommandations seront transmises aux autorités ».
Cet appel est une exhortation à l’endroit de la junte militaire au pouvoir de Kati pour qu’elle sorte de ce carcan qui s’assimile à un déni des réalités avant que la contestation ne fasse tâche d’huile, avec pour conséquence l’embrasement du pays. Cheik Ousmane Madani Haïdara espère que le colonel dans son palais garnison de Kati prêtera une oreille attentive en vue de sauver enfin, le pays de Soundjata Keïta, de Soumangourou Kanté, de Kankan Moussa et de Modibo Keïta.
Aboubacar Soumaila