Le Bénin organise des élections législatives dites inclusives, le dimanche 8 janvier 2023. Selon les observateurs, ces législatives sont plus inclusives avec sept partis en lice, dont trois de l’opposition. Ces premières élections dites ainsi inclusives au Bénin depuis 2016 vont permettre l’entrée au Parlement de 109 députés nationaux, dont au moins 24 femmes y vont siéger. Ces députés siégeront au Parlement pour un mandat de trois ans. Selon le politologue Guillaume Moumouni, le caractère inclusif de ces législatives du 8 Janvier ne saurait être contesté.
« Avec l’introduction des partis de l’opposition, en plus de ceux de la majorité, nous sommes maintenant en face d’une compétition qui promet d’être plus ou moins ouverte. Cela signifie donc pour les députés de l’opposition, de réunir absolument 10% du scrutin pour siéger ».
Pour rappel, les dernières élections législatives de 2019 ont été marquées par des violences, du fait de la non participation de l’opposition politique. Ce sera donc la première élection pluraliste de l’ère Talon.
Curieux pour ce pays qui autour des années 1990 au plus fort de l’avènement de la démocratie fut considéré comme un laboratoire de celle-ci, suite à l’organisation de la conférence nationale réussie et qui est restée dans les archives de son histoire politique. A l’époque, le président Mathieu Kerekou était vu comme un dictateur par les partisans de la démocratie. Mais celui-ci avait pourtant surpris le monde par sa haute conduite uniquement orientée vers l’intérêt de la nation béninoise.
La parenthèse fut fermée avec l’élection de Nicéphore Soglo ouvrant une ère nouvelle pleine d’espoir pour les béninois. Le jeu démocratique se déroulait sans encombres, jusqu’à la fin de la présidence de Yahi Boni, hormis quelques critiques liées à sa gouvernance.
Mais grande fut la rupture démocratique sous le régime de Talon. Le Bénin a fait un grand pas en arrière, perdant ainsi tous les acquis démocratiques, fruits de la conférence nationale souveraine. Les dirigeants de l’opposition sont contraints aujourd’hui à l’exil ou au silence dont l’ancien président Yahi Boni et Ajavon.
La liberté d’expression désormais sous tutelle du roi Talon a réduit en silence les journalistes, qui voudraient bien nager à contre courant de la majorité présidentielle. Cet état de fait conduit les observateurs à s’interroger sur la carte que voudrait jouer Talon dans un contexte d’élections dites aujourd’hui encore inclusives.
Dans tous les cas, le Bénin vient de d’emprunter un chemin plein d’embûches pour ses dirigeants. Mais l’issue dépendra toujours de la capacité de la classe politique à s’élever au dessus des considérations mesquines et égoïstes pour gouverner leur pays en toute civilité.
ABOUBACAR SOUMAÏLA