Le Burkina Faso sur les traces du Mali ?
La tendance favorable à la Russie est-elle entrain de prendre le dessus sur celle plus modérée qu’incarnait la junte militaire Burkinabè, quelques jours seulement après avoir évincé du pouvoir le colonel Damiba ?
Les événements qui ont cours dans ce pays depuis quelques mois confirment l’orientation prise par le capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement vers une diplomatie accrue avec la Russie.
En effet, les réactions en cascades des autorités Burkinabè, notamment contre la liberté de la presse après la fermeture de RFI et le musellement de certains médias de la place, la visite du Premier ministre récemment en Russie et surtout les rumeurs confirmées de la collaboration avec le groupe Wagner ont fini par convaincre les observateurs avertis que le pays des hommes dits intègres a « viré » pour la Russie.
Ces signes nous rappellent les conduites de la junte militaire au pouvoir au Mali après sa double irruption sur le a scène politique. Ces similitudes avec la stratégie de Bamako sont devenues frappantes au point où il ne sera pas exagéré d’affirmer que l’axe Ouaga-Bamako est désormais consolidé par une stratégie commune qui consiste à éjecter du pays toute institution réfractaire à la présence de Wagner au pays des hommes intègres.
A l’évidence, le capitaine Ibrahim Traoré s’est nourri des pratiques de son voisin malien en s’éloignant aussi de la France malgré ses positions plus conciliantes ses premiers instants au pouvoir. Les manifestations de rue en faveur de la présence Russe au Burkina Faso ont donc eu raison de la junte au pouvoir au point de lui imposer leur dictat.
Mais cette fois ci, le pays des hommes intègres vient de franchir le Rubicon. En effet, selon la cheffe de la diplomatie burkinabè Olivier Ruamba, son pays vient de déclarer persona non grata Mme Barbara Manzi, la coordinatrice résidante des nations unies à Ouagadougou.
De sources officielles, Barnaba Manzi, coordonnatrice résidente des nations unies a été déclarée persona non grata au Burkina Faso, d’où elle est priée de quitter dès le 23 décembre.
Il est reproché à la coordinatrice résidente du système des nations unies plusieurs griefs dont ses propos jugés malencontreux qui « prédisaient le chaos au Burkina Faso » dans un avenir proche.
Ce comportement digne d’une prophétesse de malheur a heurté les autorités Burkinabè. L’autre reproche plus grave fait à Barbara Manzi paraît inacceptable, c’est qu’elle est d’intelligence avec l’ennemi en l’occurrence certains chefs terroristes. Malgré le soutien ferme d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies à sa représente au Burkina Faso, Barbara Manzi a déjà pris un vol commercial régulier pour rejoindre Washington dans la nuit du 23 Décembre. « Les personnels des nations unies jouissent de l’immunité diplomatique dans tout pays pour exercer leur mission et il ne revient qu’au seul secrétaire général de l’ONU de signer leur départ et ce après une enquête le justifiant », explique Guterres à la junte burkinabè.
C’est aussi la note de la coordinatrice des nations unies à l’endroit des autorités Burkinabè faisant état de l’évacuation du personnel des diplomates du système des Nations Unies non essentiel, qui à jeté de l’huile sur le feu « alors que nous attendons une mission des Nations unies pour le mois de janvier pour une évaluation de la situation, à notre grande surprise, nous recevons une note aujourd’hui de Barbara Manzi qui annonce l’évacuation des familles des diplomates du système des Nations unies de Ouagadougou pour des raisons sécuritaires ».
Cette attitude a été interprétée par les autorités Burkinabè comme une campagne visant à présenter le Burkina Faso comme un pays gagné par l’insécurité, ce qui aura pour conséquences de décourager tout partenaire soucieux d’investir dans ce pays dont l’économie est déjà aux abois, depuis la crise sécuritaire.
Sans doute, la Russie accroît son influence dans la sous région au grand dam des alliés traditionnels comme la France et les organisations humanitaires ou proches du système des Nations Unies.
ABOUBACAR SOUMAÏLA