L’autosuffisance alimentaire est désormais au cœur de la préoccupation des dirigeants de la sous région-ouest africaine. En témoigne la table ronde internationale sur les engrais et la santé des sols en Afrique de l’Ouest et au Sahel tenue à Lomé au Togo, le 31 Mai 2023.
Nourrir ses populations fut au fronton des politiques de développement de nombreux leaders en Afrique, juste après l’accession aux indépendances autour des années 1960. La révolution verte réussie sous d’autres cieux, notamment en Europe avait suscité l’engouement par le passé chez des leaders africains, tel que Félix Houphouët Boigny, président de la Côte d’Ivoire qui avait fait du développement de l’agriculture, la priorité de toutes ses stratégies de développement.
Mais 60 ans après, le constat est loin d’être reluisant, voire décevant car l’Afrique traine encore d’énormes paradoxes qui suscitent à raison des interrogations, quant à la capacité de ses leaders à pouvoir nourrir leurs populations. La guerre Russo-ukrainienne a mis en exergue l’énorme distance qui sépare certains pays occidentaux à ceux de l’Afrique dont le dépendance en céréales vis à vis des deux belligérants devrait inciter à une révolution dans le secteur agricole. Certes, l’agenda 2063 de l’Union Africaine inscrit en son point 5 l’objectif de productivité et de production agricoles.
Mais cette volonté d’atteindre un objectif aussi noble et digne qu’est l’autosuffisance alimentaire ne saurait se réaliser sans des décisions portées par une forte détermination des dirigeants africains eux mêmes. C’est dans cette optique qu’un Comité de Haut Niveau a été mis en place en 2011 par la conférence des Chefs et de gouvernement de l’Afrique de l’ouest.
La mission attribuée à ce Comité est de réfléchir et d’apporter des solutions appropriées en vue de l’éradication de la faim de façon durable, de la malnutrition et de la pauvreté dans l’espace communautaire. Cette fois-ci à Lomé, la Table ronde se déroule autour du thème « pour un renforcement de la filière et pour une amélioration de l’utilisation des engrais en tant qu’élément clef de la relance de la production agricole et de la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest ».
Les dirigeants de la sous région veulent donc jouer sur un levier essentiel de la productivité agricole qu’est l’approvisionnement à l’engrais. Au Niger, sous la présidence d’Issoufou Mamadou, l’initiative 3N a déployé des stratégies en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et opéré aussi des réformes en lien avec l’approvisionnement de l’engrais, notamment par la libéralisation de ce secteur.
C’est donc une belle opportunité pour le Niger de pouvoir bénéficier des mesures issues de cette Table ronde internationale, qui iront dans le sens d’un accès plus facile à l’engrais, en développant le secteur agricole et son corolaire de l’agro-industrie. Heureusement, que les dirigeants intègrent la synergie des actions au plan régional à leurs initiatives locales, en matière de développement de l’agriculture.
Par le passé, les révolutions vertes se construisaient en vase clos, en pleine autarcie, comme si les pays n’avaient rien à échanger entre eux. Mohamed Bazoum, fort de son rayonnement diplomatique et de son leadership auprès de ses paires saisira à coup sûr cette posture pour insuffler une véritable dynamique à l’agriculture nigérienne, en consolidant dans la continuité les acquis de son prédécesseur Issoufou Mamadou.
ABOUBACAR SOUMAÏLA