La défense de l’intérêt général des forces politiques
Au Niger, la lutte des syndicats, des acteurs de la société civile, les journalistes et les partis politiques se confond mutuellement sur la contestation permanente de l’autorité de l’État et l’intérêt général perd son sens dans les méandres de la confusion et de la cacophonie socioprofessionnelle et politique. L’intérêt général passe ainsi pour être la chose la plus banalisée au Niger par les forces politiques en présence.
Au lieu de se mobiliser pour tendre vers la défense unanime de la paix, de la sécurité, de la démocratie, la garantie des libertés et tous les autres droits fondamentaux de l’homme, au Niger les revendications des forces politiques visent contre toute attente à détruire d’abord l’autorité compétente de l’État, auprès de laquelle les revendications sont dirigées en même temps se positionnent et se prévalent comme des forces crédibles. Au Niger, il n’existe pas de frontière réelle de principe entre la permanente contestation de l’autorité de l’État et les revendications déposées à son intention.
L’imposture à jour !
Il n’y a qu’au Niger où les gens, les forces politiques éprouvent le complexe voire la honte d’être soi-même et de s’exprimer dans leurs identités propres. C’est l’apparence pour paraitre ce qu’on veut plutôt qu’à ce l’on est réellement, tout en préférant toujours l’apparence à la réalité.
Observé comme un phénomène banal, on peut vite se rendre compte à l’évidence que cela est loin d’être banal. Il suffit d’observer les comportements des acteurs dans les différents secteurs sociopolitiques.
Mais c’est surtout le comportement des forces premières de la vie politique, que sont les partis politiques qui doit inquiéter les décideurs au plus haut sommet de l’État. Puisqu’au Niger, les partis politiques agissent comme dans un scénario de science fiction à la conquête de palme d’or du festival de Cannes ou encore d’un oscar hollywoodien.
Malgré leurs fantasmes, leurs ambitions affichées, leurs tintamarres lors des campagnes électorales, après les scrutins la plupart, sinon l’écrasante majorité des partis politiques entrent en clandestinité choisie délibérément, non pas pour cesser leurs activités mais plutôt pour agir dans l’ombre et dans l’obscurité, au mépris de la lumière. Les forces politiques préfèrent agir dans l’ombre que d’apparaitre officiellement pour affirmer leur identité sur l’arène politique.
Cela dénature le jeu politique et falsifie les rôles des acteurs
Toujours en action souterraine, les partis politiques au Niger finissent par frustrer et décevoir leurs militants. N’est-ce pas cela qui justifie les nombreux défections et autres nomadismes politiques aussi bien des dirigeants politiques, avec pour conséquence de voir des militants leur emboîter le pas. Aucune idéologie, aucune conviction politique pour porter un véritable projet de société.
A en croire ces derniers, aucune réunion, aucune assemblée de réflexions fertiles ne peut être tenue dans les dits états-majors des formations politiques. Une contradiction inexplicable pour des partis politiques même de grande envergure, comme le Moden-Lumana Africa qui aspire à gouverner le pays. D’autant les réunions exposent l’imposture des dirigeants et les mettraient à nu, dans un face à face gênant entre leaders fourbes et militants.
Les responsables au plus haut niveau refusent systématiquement de convoquer la moindre rencontre, la moindre réunion, à tel point que toute réunion au sein d’un parti politique en dehors des campagnes électorales est plutôt perçue comme une crise. C’est l’option première de la plupart des formations politiques au Niger.
Les responsables des partis politiques n’en ont cure de la tenue des instances statutaires relevant de leurs propres lois (statut et règlement intérieur). Ce niveau d’imposture érigé forcément au rang de syndrome sape aujourd’hui les actions de développement socioéconomiques pour défaut de mobilisation en faveur de l’intérêt général et politique par l’autocensure des débats internes au sein des états-majors des partis politiques, en privant ainsi beaucoup de militants d’une formation à l’éducation politique, qui n’existent d’ailleurs que de nom, en dehors des campagnes électorales.
MOUSSA NAGANOU