Plus de 400 voire 600 morts selon les sources, des milliers de blessés et autant des refugiés au Soudan, ce sont les conséquences visibles, mais l’arbre qui cache la forêt, le bout visible de l’iceberg sur l’océan, dans la guerre éclaire qui a débuté au Soudant, en terre africaine depuis le 15 Avril et qui se poursuit sous le regard impuissant, en apparence, des puissances économiques et militaires du monde entier. Loin d’être un fait de hasard, mais un vrai manque volonté manifeste, un réel désintérêt affiché des économies puissantes d’arrêter cette sale guerre, où des africains se canardent à coups des canons, tels des sauvages, dans une jungle sans maître et sans répit.
D’autant que les deux généraux El Burhane et El Hamedti profitent chacun du soutien clair et manifeste des superpuissances militaires pour poursuivre cette honteuse guerre des pauvres généraux qui jurent chacun de régner sur le Soudan, en appauvrissant davantage et vilipendant les pauvres soudanais. L’Amérique, la Chine, la France, la Russie ou encore l’Angleterre vont dire au reste du monde aujourd’hui qu’elles n’ont pas les moyens d’arrêter cette guerre nauséabonde et malheureuse malgré leurs responsabilité, mais elles ont les moyens d’ouvrir d’autres fronts de guerre comme l’Ukraine, Taiwan et les entretenir comme éléments d’une géopolitique commandée sur mesure, pour satisfaire à leur égoïsme.
Il est temps que les dirigeants africains s’éveillent pour entretenir la paix et comprendre qu’il faut éviter les conflits sur le continent africain désormais, d’autant qu’il n’y a aucune communauté internationale sur laquelle il faut compter pour se tirer d’affaires. Le comportement des superpuissances à l’égard du conflit ukrainien est suffisamment révélateur du désintérêt voire du mépris exprimé à l’égard des africains et de leurs problèmes.
Les guerres qui se déclarent sur le continent africain, malgré leurs intensités ou leurs violences, tout comme les défis sanitaires (Ebola, Choléra paludisme, Sida, pauvreté) qui s’expriment souvent sous la forme d’épidémies n’intéressent plus personne dans le monde de la communauté internationale. Si les africains ne sont pas conscients de cet état de fait, ils peuvent continuer à brûler leur continent, à brûler leurs pays, à dilapider leurs ressources humaines et matérielles, en espérant le secours improbable d’une communauté internationale sourde et insensible aux cris de détresse de ceux-ci.
En réalité, l’Afrique n’est utile pour les superpuissances que pour ses matières premières à vile prix, sa main d’œuvre à bon marché et les avantages comparatifs des industries installées sur le continent pour extraire les mines et le pétrole à bas coûts. Même les industries de transformation ne s’installent pas sur le continent pour ne pas donner des emplois à la jeunesse.
Mais la guerre du Soudan doit être au delà des drames humains multiples et du désastre socioéconomique causé, une véritable leçon de science politique pour les dirigeants politiques, les acteurs de la société civile et la jeunesse du continent africain. Les évènements en cours au Soudan ne sont pas moins graves que ceux en cours en Ukraine, au Sahel, en Afrique centrale ou en Ethiopie. Et pourtant, l’Ukraine a bénéficié de plus d’attention, de plus de soutien et de plus de mobilisation exceptionnelle de la part de cette même communauté internationale.
Des avions de guerre, des armements terrestres, des armes sophistiquées, des fonds exceptionnels ont été levés et divers moyens humains et matériels mobilisés au profit de l’Ukraine à tel point qu’un nouveau rapport de force évident a été imposé à Vladimir Poutine, dans son opération dite spéciale contre l’Ukraine pour la « dénazifier ». La guerre sans intérêts au Soudan bien remarquable aujourd’hui aux yeux de la communauté internationale, cette guerre ne cache-t-elle pas encore un nouveau gros plan de la gouvernance mondiale, dans ce monde ultramoderne ?
MOUSSA NAGANOU