Le M62 n’est plus un seul bloc mais désormais un mouvement à deux têtes. La division se sentait venir depuis mi-octobre dernier, soit
moins de deux mois à peine après sa naissance (à l’occasion de
la commémoration du 62 ème anniversaire de l’indépendance du
Niger). La dissidence alors conduite par Gamatié Amadou
Yansambou, ancien Secrétaire Général (SG) du SYCOTAXI
(Syndicat National des Conducteurs de Taxi) et consorts n’avait
pas prospéré. Pour autant, elle n’est morte. La preuve, la
revoilà qui réapparait dans une déclaration de presse en date
du 2 février 2023, signée Gamatié Amadou Yansambou, en sa
qualité de président du bureau exécutif national du M62.
Dans cette déclaration, l’ancien SG du SYNCOTAXI et ses
camarades exigent du gouvernement : « le respect de tous les
droits des citoyens consacrés par les législations nationales et
internationales ; le respect de tous les engagements pris par le
gouvernement depuis 2012 avec les organisations
socioprofessionnelles des travailleurs et la reprise d’un dialogue
sincère avec ces dernières ; la libération du coordonnateur
du REPPAD (Réseau Panafricain pour la Paix, le
Développement et la Démocratie) Monsieur Abdoulaye
Seydou et l’annulation de la procédure engagée à son
encontre ; et la sécurisation totale de notre territoire national
par nos Forces de Défense et de Sécurité et leur dotation en
moyens opérationnels ».
La libération d’Abdoulaye Seydou, présenté, ici, en sa qualité de
« coordonnateur du REPPAD » et non du M62 dont il se prévaut
et la position qu’occupe cette exigence dans cette déclaration
(avant dernière position) sont révélatrices du malaise profond
que traverse ce mouvement. Disons que désormais, la guerre
de légitimité est ouverte entre les deux ailes. Voilà qui
complique la situation d’Abdoulaye Seydou incarcéré à la prison
civile de Kollo depuis le 23 janvier 2023.
D’ailleurs, de l’avis de nombreux observateurs, la mobilisation
en vue de la libération d’Abdoulaye Seydou reste mitigée, en
raison certainement de cette dissidence. Jusque-là, rien que
des déclarations de principe, fait remarquer un journaliste, lors
d’un débat télévisé.
Les déclarations du M62 version Abdoulaye Seydou sur les
événements malheureux de Tamou survenus le 24 octobre
2022 ayant évoqué une bavure de l’armée et un bilan lourd,
non plus, n’ont pas fait l’unanimité au sein de la société civile
nigérienne où certaines organisations se veulent plus
prudentes. C’est ce qui explique certainement la non-
publication du rapport du M62 sur lesdits événements. Restions
sur le bilan de Tamou pour noter que là où Abdoulaye Seydou
avait laissé entendre un possible hécatombe, la Commission
Nationale des Droits Humains (CNDH) a conclu pour un bilan de
11 morts.
Oumarou Kané