La justice nigérienne est aux trousses de plusieurs responsables et agents de la douane. Trois responsables de premier plan ont d’ores et déjà été écroués dans les centres pénitentiaires du pays sans compter la liste, très longue, des agents de moindre envergure dans les filets de la justice. Ces interpellations, auditions et incarcérations font suite à la transmission d’un rapport de la haute autorité à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA). Un rapport fait ressortir plusieurs irrégularités quant à la gestion des recettes financières de l’Etat. Jusqu’ici rien d’anormal.
Le 1er février courant, pendant que l’opinion attend que ce rapport et biens d’autres soient transmis à la justice et que celle-ci ait activé le mécanisme prévu à cet effet, le syndicat national des agents de douanes (SNAD) publiait un communiqué pour le moins surprenant. Surprenant par son timing, sa forme mais aussi ses non-dits et autres menaces à peine voilées. Dans la même sortie, le SNAD « fustige et condamne », « s’étonne de la célérité et la sélectivité » mais surtout « s’offusque de la légèreté ». Autant dire que le bureau du SNAD n’entend ménager personne dans la défense des ‘’affaires’’ de ses militants.
Le SNAD s’est, en effet, mis dans une posture de défiance vis-à-vis de l’appareil judiciaire et exécutif mais a également procédé à une distribution de blâmes tous azimuts n’épargnant moins les acteurs des médias que l’opinion publique. Cette dernière n’a guère un regard positif sur cette administration perçue à tort ou à raison comme l’une des plus corrompues.
Est-il utile de rappeler la réaction de cet internaute sur son profil facebook : « toi qui, en seulement 5 ans de service, possède plusieurs villas et voitures, c’est toi qui crie au voleur ? ». On peut s’y attarder pour la commenter, mais ce serait vouloir dire à l’opinion ce qu’elle sait déjà. Mieux, il est important que tout détourneur de deniers publics (grand comme petit) subisse le courroux de la législation.
Le SNAD ‘’un Etat dans un Etat’’ ?
L’opinion n’a pas fini de gober l’insolente intransigeance du syndicat national des agents de douane (SNAD) relativement aux récents concours de recrutement dans l’administration des douanes qui ont été au centre de vives tensions.
Ce syndicat a engagé un hasardeux combat contre l’émergence de jeunes nigériens diplômés des universités et autres grandes écoles. Dans ce dossier, le super syndicat s’est cru assez fort pour supplanter le Parlement et le gouvernement afin de décider de qui peut être magistrat.
Dans les deux situations, il existe chez nos douaniers une certaine précipitation doublée d’un manque d’assurance criard. C’est à se demander ce qui fait courir et agiter le SNAD.
Il a, en effet, adopté la posture d’une vielle garde opposée au recrutement de jeunes titulaires de diplômes équivalents et/ou supérieurs au sien ;une posture opposée au renouvellement générationnelle ; opposée à l’exercice de la plénitude des pouvoirs législatif et exécutif quant à la fixation des conditions d’entrée dans l’administration des douanes dans la première et celle d’une camarilla qui sent souffler en sa direction un air de justice intraitable fortifiée par la détermination du pouvoir politique et le soutien de l’opinion publique.
Il est clair que le SNAD ou du moins son bureau (qu’importe !) agit sans penser et quand il pense il n’y voit que la panse de ses membres. Il y a là, la manifestation d’un comportement digne d’enfants gâtés. Il est temps que ces enfants gâtés de la République cessent d’agir comme s’ils étaient le centre de la planète.
MOURTALA ISSA