Conférence extraordinaire des Chefs d’États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenue le 18 février dernier en marge du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba. Entre autres décisions phares de cette conférence figure la décision prise relativement à la demande de levée des sanctions formulées par le Mali, le Burkina et la Guinée. La CEDEAO a opposé un refus catégorique à la demande des 3 pays, ce qui traduit une certaine méfiance à l’endroit des juntes au pouvoir au Mali, au Burkina et en Guinée.
La Conférence des Chefs d’État et de gouvernement dit avoir été « informée de la demande à elle adressée par les Ministres des affaires étrangères du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali, portant sur la levée des sanctions qui leur ont été imposées à la suite de leurs coups d’état respectifs».
Face à cette demande, la CEDEAO a fait preuve de fermeté en adressant une fin de non recevoir à la demande des putschistes. La Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a ainsi décidé de «maintenir les sanctions existantes à l’encontre des trois pays et d’imposer une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays».
Les raisons de la détermination de la CEDEAO résident dans la suite du communiqué dans lequel certains griefs sont relevés concernant les régimes de transition en place dans les 3 pays. Ainsi, la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement dit rejeter totalement «les mesures unilatérales prises par les autorités de transition en Guinée, en ce qui concerne la mise en œuvre de la feuille de route de transition ». De plus, la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a réitéré « la nécessité d’ouvrir l’espace politique à tous les acteurs des trois pays et d’assurer un dialogue politique inclusif ».
A tous ces griefs, s’ajoute celui d’un certain manque de confiance à l’endroit des 3 juntes concernant d’une part le respect du délai de transition, d’autre part de la remise effective du pouvoir aux civils conformément aux engagements pris. Il faut dire que les motifs d’inquiétudes existent, surtout concernant le Mali. En effet, dans ce pays, les militaires aux commandes donnent l’impression de se préparer à garder le pouvoir avec une campagne de cabale frénétique contre les partis politiques et la démocratie.
Cette décision de la CEDEAOQ intervient alors que les voix s’élèvent dans les 3 pays pour demander la création d’une fédération regroupant les 3 pays. Des analystes considèrent du reste que cette annonce tapageuse faite par le premier ministre burkinabé lors de son séjour en terre malienne, n’était juste qu’un moyen de faire pression sur la CEDEAO dont la conférence se préparait activement. Cette stratégie a ainsi fait long feu au vu de la décision de la CEDEAO de ne pas lâcher du leste, et de maintenir la pression sur les 3 juntes et ainsi dissuader leurs chefs de tenter une aventure de maintien au pouvoir au delà de la durée de la transition.
GARE AMADOU