Un rebondissement politique en République démocratique du Congo, au sujet des élections générales prévues au mois de Décembre 2023. Alors que tout paraissait être réglé avec la classe politique, après l’audit du fichier électoral dont les résultats ont été validés par le gouvernement et imposés à la classe politique congolaise, on assiste ces derniers jours à une déclaration fracassante digne d’un pavé dans la mare, de la part de l’opposant Martin Fayulu.
Ce dernier a en effet, annoncé que ni lui, ni son parti ne déposera sa candidature si l’actuel fichier électoral n’est pas audité de nouveau cette fois-ci par une instance internationale crédible, compétente et indépendante. En des termes plus clairs, l’opposant Martin Fayulu conteste les résultats du dernier audit du fichier électoral déclaré fiable et prêt à être utilisé pour les élections prévues en Décembre prochain.
Les experts recrutés par la Commission électorale nationale Indépendante (Céni) après quatre mois d’enrôlement des électeurs sont parvenus à cette conclusion après un temps de travail jugé très court par des spécialistes électoraux. Mais le silence de la classe politique congolaise, assimilé à leur adhésion à ce fichier électoral a donné l’impression que cet épineux dossier qui divisait les congolais était définitivement classé.
« Nous annonçons à l’opinion nationale et internationale que nous avons décidé de ne pas déposer les candidatures de nos membres à tous les niveaux des élections tant que le fichier électoral, la liste des électeurs ne sera pas refaite dans la transparence et auditée par un cabinet extérieur compétent », a-t-il déclaré. Comme pour enfoncer le clou, Fayulu a aussi prêté au président Félix Tshisekedi des intentions contraires aux valeurs démocratiques et propres à l’instauration d’une vraie dictature en voulant selon lui « obtenir un autre mandat frauduleux afin de changer la Constitution en rallongeant le mandat du président de la République à sept ans ».
On n’est pas surpris du volte-face de ce bouillant opposant qui pourtant fut le premier à se déclarer candidat pour le scrutin présidentiel de 2023, avant même que la question du fichier électoral ne bénéficie de ce traitement aujourd’hui source de contestation. Ce n’est pas la première contestation de l’opposant Martin Fayulu, d’autant plus qu’en 2018 face à Félix Tshisekedi, il avait déclaré avoir été victime de fraude massive des élections en faveur du Chef de l’État Félix Tshisekedi.
On lui aurait donc volé sa victoire, ces protestations au Congo et même à l’international sont restées vaines, en ramenant ainsi l’opposant à la raison. Le rejet du fichier électoral par Martin Fayulu pourrait-il nourrir une belle diversion politique à amener l’ensemble de l’opposition à lui emboîter le pas ?
Ou assisterons-nous à un feu de paille vite éteint par la « puissance de » du système Tshisekedi qui s’est certainement préparé à cette éventualité, tant les acteurs politiques congolais se sont rendus maîtres dans ces changements brusques de position au gré des évènements et surtout de leurs intérêts ? L’histoire politique de la République démocratique du Congo nous apprend que l’opposition parvient rarement à garder une même position, concertée et commune face au pouvoir qui réussit à les diviser pour mieux régner, sûrement par un véritable achat de conscience.
ABOUBACAR SOUMAÏLA