Le dernier rapport de l’institut d’études stratégiques et de sécurité (ISS) fait état d’une troublante résilience de l’organisation terroriste état islamique en Afrique de l’Ouest connue surtout par son acronyme anglais (ISWAP) ou encore (EIAO) en français. En effet, Malick Samuel, le chercheur, qui a conduit l’étude explique que l’ISWAP a développé de grandes capacités de nuisance et a réussi même à acquérir dans le marché noir une technologie de communication, de mobilité terrestre et aérienne pour acheminer des bombes vers les cibles choisies.
L’ISS est une organisation africaine des chercheurs, à but non lucratif ayant des bureaux régionaux en Afrique du Sud, au Kenya, au Sénégal ou encore en Ethiopie. C’est un sérieux Think-thank africain, spécialisé dans la recherche sur des questions géopolitiques et stratégiques notamment, la criminalité transnationale, la migration, la sécurité maritime et la prévention de la criminalité.
Le Think-thank africain donne l’alerte par cette importante étude mise à la disposition des gouvernements de la sous région du bassin du Lac Tchad, en particulier et ceux de l’Afrique de l’Ouest plus globalement, où l’hydre terroriste étend ses tentacules nocifs en visant les pays du golfe de Guinée, depuis la fin de l’année 2022. Les chercheurs de l’ISS s’inquiètent surtout pour les institutions de la sous régions et les populations civiles qui pourront être des victimes collatérales gratuitement avec l’utilisation des engins explosifs improvisés (EEI) transportés par voie aérienne.
Dr Malick Samuel explique en effet, que l’ISWAP a réussi à recruter des ingénieurs spécialisés dans le domaine de la haute technologie de l’information et de la communication en lien avec l’armement, à cause du chômage important de la jeunesse notamment au Nigéria. « Malgré les lourdes pertes infligées par l’armée nigériane à Boko Harm, à Jama’atu Ahlis Sunnat (JAS) et surtout à l’ISWAP ces dernières années, les responsables étaient obligés de revoir leur stratégie », selon le rapport.
« L’acquisition d’armement composé des véhicules dotés de caméras modernes et de connexion Internet pour filmer et envoyer dans des sites propagandistes de la violence ainsi que des drones pour transporter des engins explosifs improvisés », révèle Malick Samuel et alerte les gouvernements de la région sur la nouvelle stratégie surtout de Jama’atu Ahlis Sunnat (JAS), l’organisation issue de la scission de Boko Haram et affiliéeàl’état islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO ou ISWAP). Le rapport documente même des cas de test des drones de livraison des engins explosifs sur le terrain et indique que l’ISWAP envisage de l’utiliser contre les pays de la région.
Les chercheurs de l’institut d’études stratégiques et de sécurité (ISS) précise que l’ISWAP est une organisation terroriste, l’une des plus violentes de la région avec des méthodes cruelles, de brutalité. La violence et les exécutions sommaires sont les méthodes les plus utilisées contre leurs cibles notamment les acteurs étatiques, des populations civiles et des personnes accusées de traitrise.
Une information par ailleurs confirmée mais relativisée tout de même par des sources sécuritaires, notamment des sources proches des forces spéciales françaises en Afrique spécialisées surtout dans la neutralisation des chefs terroristes. Selon notre source, « l’approvisionnement d’armement sur le marché noir ne leur permet pas d’obtenir des équipements plus modernes que ceux des armées nationales de la région et ne leur apportera pas une supériorité tactique ». Par contre, « les terroristes de l’état islamique sont très mobiles, se fondent rapidement au sein des populations locales, ainsi qu’au paysage naturel », précise la même source.
Ces djihadistes se fondent ainsi dans « la discrétion au sein des populations civiles et recherchent leur silence, au mieux leur coopération mais souvent par la terreur », ajoute notre source. C’est pourquoi, « dès que les populations reprennent confiance dans la capacité des Etats à assurer leur sécurité, les terroristes sont vite renseignés mais auront beaucoup du mal à circuler et agir pour atteindre leurs cibles », selon nos sources.
D’autant que « le contrôle des populations demeure la clef de ces guerres», des sources sécuritaires bien au parfait de ces questions. Ce qui « impose aux Etats de disposer de nombreux effectifs de soldats avec un maillage stratégique et conséquent pour patrouiller et réagir promptement aux vols et autres agressions des terroristes envers les villageois » pour leur rassurer une présence de l’Etat. Ce qui donne une longueur d’avance d’un pays comme le « Niger qui a très tôt compris cela mais l’absence d’une bonne mutualisation des pays voisins font d’eux des bases arrières et des sanctuaires du terrorisme », malheureusement, confie notre source.
Le Think-thank explique que l’organisation terroriste a cependant connu de nombreuses désertions ces dernières années dans ses rangs, à cause de la violence dans sa conduite et trouve en cela une belle opportunité que les Etats de la région peuvent saisir pour couper les sources d’approvisionnement et l’affaiblir progressivement. Les chercheurs insistent sur la réorganisation légale des certains domaines d’activité et surtout l’adoption des sanctions sévères contre les complices des groupes terroristes, le rétablissement ou la création de certaines activités de terrain pour occuper les populations locales, en vue de leur renforcer la capacité de résilience et éviter ainsi toute complicité visant à aider les groupes armés terroristes.
MOUSSA NAGANOU