La vie politique au Gabon est marquée depuis une cinquantaine d’années par l’emprise de la famille Bongo, qui suscite aujourd’hui une levée de boucliers au sein de l’opposition gabonaise qui milite en faveur d’une alternance. En février 1961, à peine un an après l’accession du Gabon à l’indépendance Léon Mba devient président. A sa mort en fin 1967, Albert Bernard Bongo alors vice président accède au pouvoir.
Il dirige le pays d’une main de fer grâce notamment à la manne pétrolière dont il a le privilège de contrôler. Un seul son de cloche est autorisé en politique, une seule force politique, en l’occurrence le PDG (parti démocratique gabonais). Omar Bongo règne sans partage sur le Gabon et remporte les élections présidentielles de mandat en mandat, en 1973,1979 et 1986 en tant que candidat unique du parti.
Omar Bongo fut l’un des présidents les plus influents de son époque, à l’instar de Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire. Il incarnait la « France-Afrique » expression alors en vogue qui dénonçait les réseaux mafieux en faveur de l’influence de la France dans ces anciennes colonies.
L’avènement de la démocratie dans les années 1990 va secouer le pouvoir d’Omar Bongo Ondimba, qui va fait une ouverture au pluralisme politique. Cela ne l’empêchera pas de remporter toutes les élections au grand dam d’une opposition politique, en perte de vitesse.
L’opposition manquait de cohésion et acceptait d’aller facilement à la « mangeoire ». En juin 2009, Omar Bongo tire sa référence et le 16 octobre son fils Ali Bongo lui succède après un scrutin contesté et émaillé de violence.
L’opposition gabonaise dénonce la main mise du pouvoir par la famille Bongo et l’instauration d’une monarchie. Mais depuis l’accession d’Ali Bongo au pouvoir, les élections au Gabon sont devenues des bombes à retardement, tant elles sont sources de violences.
Celles de 2016 sont plus illustratives, car l’élection présidentielle a été à l’origine de nombreuses contestations des partisans de l’opposant Jean Ping battu par Ali Bongo, malgré la polémique sur ses origines. Fort de la santé fragile du président gabonais, l’opposition veut mettre définitivement fin à ce qu’elle considère comme une dynastie inacceptable !
Cette fois-ci, elle n’ira pas en rang dispersée, à en croire la création d’un nouveau regroupement dénommé Plate-forme alternance 2023, dont l’objectif est de chasser du pouvoir, en 2023, le parti démocratique gabonais, le parti du président Ali Bongo Ondimba, qui comptabilise à lui seul, 55 ans, dans la gouvernance du Gabon.
Les signataires veulent conquérir le pouvoir et gouverner ensemble. C’est Paulette Missambo, présidente de l’Union nationale, qui tient désormais les rênes de la plate-forme, qui entend venir à bout de la dynastie Bongo.
L’opposition démontrera-t-elle assez de cohésion pour faire face à la « machine Bongo » ? L’histoire politique de ce pays se répétera-t-elle comme à chaque élection présidentielle ? Seul le comportement des acteurs politiques de l’opposition nous démontrera le degré de leur maturité et surtout leur intelligence à savoir exploiter les failles de la gouvernance de la famille Bongo.
ABOUBACAR SOUMAÏLA