Il faut dire que le gouvernement de Transition et le conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ont pris le taureau par les cornes et n’entendent plus lâcher, avant d’avoir assumé des résultats probants. La sécurité est certes le premier défi trouvé déjà sur la table dès le lendemain du coup d’Etat du Général Abdourahmane Tiani, mais la question de justice fait également l’unanimité chez les populations nigériennes.
C’est pourquoi, le Général Abdourahmane Tiani ne passera pas par le dos de la cuillère pour regarder ces graves défis liés à la justice nigérienne en face. Il place à la tête du prestigieux Ministère de la Justice et Garde des sceaux un magistrat de renom, qui a déjà dirigé une juridiction de second degré, en l’occurrence la Cour d’Appel de Niamey, pour ne pas le préciser.
Le magistrat Alio Daouda prend service rapidement et les premières décisions ne souffriront d’aucune lenteur administrative habituelle.C’est la course à la montre, à en croire une source bien introduite du secteur judiciaire.
Pour faire vite bouger les choses, un magistrat sait bien là où il faut agir. Les cabinets d’instruction des affaires judiciaires sont insuffisants pour aller plus vite, le ministre ordonne de les augmenter substantiellement. Ainsi de sept (7) cabinets d’instruction de droit commun, dix (10) autres cabinets ont été créés pour remonter à dix-sept (17) le nombre des cabinets d’instruction. De trois (3) cabinets du pôle anti-terroriste, trois autres cabinets sont créés pour couvrir les besoins nationaux et de trois (3) cabinets du pôle spécialisé en matière économique et financière, trois autres viendront encore s’ajouter pour combler les besoins vitaux.
Selon le secrétaire général du ministère de la justice, le magistrat Ibrahim Étienne, les défis sont réels et les critiques comme les reproches dirigés contre la Justice tort ou à raison se collent immanquablement au secteur judiciaire. Le retard des jugements, la lenteur dans le traitement des dossiers, l’éloignement de la Justice aux justiciables, l’accessibilité problématique, l’insuffisance des juges au regard des ratios, le retard de rédaction des décisions de justice, le surpeuplement des populations carcérales, l’insuffisance des centres pénitentiaires du pays bref la nécessité d’une Justice crédible aux justiciables est impératif.
La moralisation de la Justice est impérative !
À la lumière des éléments retenus en termes de griefs dirigés contre la Justice, l’on se rend compte qu’il est impératif de moraliser le cadre judiciaire pour répondre aux attentes des citoyens en cette matière. A ce sujet, un code d’éthique et de déontologie est en projet et devrait être adopté bientôt pour insuffler une nouvelle dynamique et d’image positive à l’institution judiciaire nigérienne, d’où se repose l’espoir des populations désormais.
De la surpopulation des populations carcérales, un enseignement significatif y ressort à l’image de la prison civile de la capitale nigérienne qui abrite plus de deux mille (2000) sujets alors que sa capacité est de 450 personnes, soit ainsi plus de 400%. La même observation relève que 2/3 des détenus sont en attente de jugement.
L’implémentation d’un code d’éthique et de déontologie pour une meilleure administration de la Justice vise à corriger cette grave imperfection ayant malheureusement consisté à remplir les prisons nigériennes majoritairement des prévenus alors même qu’ils subissent déjà une condamnation injuste. Ce qui met réellement à rudes épreuves les critères de sincérité, d’indépendance et d’impartialité des juges dans l’exercice de leur métier de dire le droit au profit exclusif de tous les citoyens pour la paix et la sécurité.
MOUSSA NAGANOU