Surprise pour la France de Macron mais justice pour les Nigériens ! C’est une mobilisation inédite des foules venant de tous les autres quartiers de la ville de Niamey, qui se donnent rendez-vous au quartier Aéroport, abritant la base militaire française au Niger, pour venir dire « Non aux soldats français, allez-vous en ». D’impressionnantes foules, à regarder à perte de vue, amassées dans le quartier donnant directement sur la grande base mixte française aérienne et terrestre de Niamey.
D’autant qu’elle est aérienne et terrestre, celle-là même qui abrite les drones des renseignements, située en annexe et contiguë à l’aéroport international Diori Hamani de Niamey, la base militaire française de Niamey a été rejetée par les manifestants. C’est ainsi à la base aérienne 101, dite escadrille de Niamey que la manifestation populaire a visée, à dénoncer pour exiger le départ de l’armée française, qui malgré sa présence, les populations voient les attaques se multiplier et s’interrogent de l’utilité d’un tel dispositif militaire, qui s’apparente à un décor ornemental pour occuper le pays en tant que colonie beaucoup plus qu’une armée venue au secours du pays du Général Tiani, en proie à de multiples attaques terroristes sans précédent.
La volonté d’expulser les militaires français au Niger s’est fondée sur la recrudescence de telles attaques terroristes en particulier sur la zone des trois frontières, gravement atteintes et ont suffi aux nouvelles autorités militaires de dénoncer les accords de défense de la France avec le Niger, très tôt après la prise du pouvoir par les forces de défense et de sécurité au pays du Général Tiani. Les foules qui sont sorties de la ville de Niamey ce Samedi 2 Septembre pour exprimer la volonté du Niger à se débarrasser de l’armée française doivent suffire au président Emmanuel Macron à regarder les choses en face et quitter sa zone d’inconfort politique, vue des lunettes en bois pour chaque fois commettre l’erreur d’un déni de la réalité, en mentant toujours à la fois aux partenaires africains et aux citoyens français.
Macron regarde l’Afrique avec des lunettes en bois !
Incroyable mais vrai ! C’est la réaction logique qui émane de tout observateur de la crise nigéro-française, depuis l’avènement du coup d’État du général Tiani ce 26 Juillet 2023 au pays de Diori Hamani. En effet, c’est avec grande stupéfaction que le monde entier constate que la France malgré les nombreux coups de semonce des autorités militaires nigériennes persiste toujours à maintenir sa position quant à la décision de faire partir d’une part, l’ambassadeur Sylvain Itté pourtant déclaré persona non grata et d’autre part ses armées considérées aujourd’hui comme des « forces d’occupation » sur le territoire nigérien.
Ailleurs, on s’interroge sur l’attitude de l’Elysée qui persiste et signe par son refus d’obtempérer à un pouvoir d’Etat établi mais qu’il considère comme« illégitime et sans autorité» qui malheureusement pour la France est le seul à administrer dans tous les faits le Niger, en bénéficiant du soutien de ces nombreuses populations, tant à Niamey la capitale qu’à l’intérieur du pays. De façon curieuse, le combat ente le très entêté « Goliath français » et le téméraire « David nigérien » prend désormais une autre tournure en tournant au ridicule la métropole qui perd désormais un pan de sa crédibilité et aussi de sa notoriété sur la scène politique internationale où elle occupait pourtant une place prépondérante.
Les réactions de la France jugées incohérentes, du fait d’un brusque changement de sa position selon qu’il s’agisse du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont jeté le trouble dans l’esprit de maints diplomates qui y voient pour la plupart la preuve émouvante d’une déroute de l’empire français en plein territoire nigérien. Malgré les nombreuses dénonciations de l’attitude de la France, enfermée dans un véritable déni de réalité, le pays du général de Gaulle maintient mordicus sa position, en témoignent les propos de fermeté du président Macron lors de sa dernière rencontre avec les ambassadeurs.
Une impressionnante foule de manifestants pour dire Non à la France !
On retiendra deux positions non négociables de l’Elysée : l’ambassadeur Sylvain Itté reste au Niger de même que les troupes françaises stationnées dans ce pays, malgré les mouvements monstres des manifestants venus nombreux des quatre coins du pays pour exprimer leur ras le bol de ce paternalisme à la fois choquant et outrageant du président français depuis la fin du délai accordé aux militaires français de quitter le territoire nigérien.
En réaction à cette attitude jugée indécente par les nouvelles autorités militaires nigériennes, ces dernières ont dénoncé ce Vendredi 1er septembre 2023 une « ingérence supplémentaire » de la France qui par la voix du président Macron réitère son soutien au président renversé Mohamed Bazoum. Le colonel- Major Abdouramane, aussi membre de l’équipe dirigeante a réagi sans ambages à cette sortie teintée de maladresse et d’arrogance du président Macron « Les propos de M. Macron et ses incessants efforts en faveur d’une invasion du Niger visent à perpétuer une entreprise néocolonialiste sur le peuple nigérien qui ne demande rien d’autre que de décider par lui-même de son destin ».
Jusqu’où ira ce bras de fer inédit entre le Niger et la France dont le comportement jusqu’au-boutiste de cette dernière est révélateur d’un agenda caché qui visiblement se greffe sur la stratégie d’éviction de l’équipe du général Tiani en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel ancien déjà oublié et jeté dans les poubelles de l’histoire par beaucoup de nigériens. Ce combat, s’il persiste ne fera que desservir immanquablement la France, d’autant plus que ses alliés comme les Etats Unis d’Amérique font déjà profil bas aux militaires nigériens dont l’ancrage au sein du pays s’accentue au fil du temps.
La logique voudrait que la France en réalité plus soucieuse de ses intérêts que d’une quelconque démocratie remise en cause discute des nouvelles conditions de son partenariat avec le Niger représenté de fait malgré elle par le général Tiani et son équipe.
L’Elysée ne s’est pas inspiré de cet adage africain qui dit en substance « qu’il faut quitter les choses avant qu’elles vous quittent ». Heureusement qu’au sein de la CEDEAO, apparue lors de la crise nigérienne comme une caisse de résonance du président Français, les lignes commencent à bouger du fait de la désolidarisation des populations vis à vis d’une intervention militaire contre le Niger.
Certes, la proposition du président Nigérian Tinubu bien que n’engageant pas l’institution sous régionale dénote d’un début de rétropédalage au sein des faucons qui visiblement ont une emprise sur les prises décisions.
Aussi, la visite annoncée du président Bissau-guinéen UmaruCissoco, général des corps d’armée de son état ce Samedi 2 Juillet à Niamey, bien que reportée est déjà symptomatique de la naissance d’une nouvelle direction prise par certains dirigeants de la CEDEAO qui ont été pris pour cible par les « panafricains » qui les traitent de « valets » à la solde de la France, instruits pour mener la guerre au pays frère qu’est le Niger.
Espérons que l’effet domino de cette tendance supplante les réactions rigides et jusqu’au-boutistes dont les conséquences ne feront que s’abattre sur les vaillantes populations nigériennes qui ne rêvent pourtant que d’arracher un pan de souveraineté nationale de l’extérieur du fait d’un partenariat déséquilibré depuis maintenant une soixantaine d’années notamment entre leur pays assez riche en ressources minières et les puissances étrangères dont la France est visiblement la plus incriminée.
ABOUBACAR SOUMAÏLA
et MOUSSA NAGANOU