Il est évident à présent que le Niger est un État coriace et ce, à tout point de vue de la gouvernance. Un pays qui est exposé à 6 parties de ses frontières poreuses, non sécurisées et qui tient vigoureusement au point d’exporter même de l’expérience antiterroriste à d’autres pays.
Sa stratégie antiterroriste basée sur le principe de Pareto 80-20, c’est-à-dire 80% d’investissements pour vaincre la pauvreté et 20% de la solution militaire. D’autant qu’à la base des choses, l’on peut observer et remarquer que 20% des causes produisent les effets sur 80% et peuvent constituer également la solution aux défis.
Beaucoup de pays africains ne sont même pas conscients de cette réalité de terrain et encore moins de prendre leur responsabilité. Si des États frontaliers du Niger comme le Tchad, l’Algérie ou le Nigéria en sont pleinement conscients d’une telle responsabilité de la gouvernance sécuritaire et se mettent débout pour combattre aussi vigoureusement le mal terroriste, il n’en sera pas de même pour ses autres voisins du Nord et de l’Ouest que sont le Mali et le Burkina Faso !
Ces deux autres États, le Burkina Faso et le Mali pour ne pas les nommer ont perdu le sens de toute responsabilité sociopolitique ou économique et s’engourdissent, s’enferment et se noient dans un mensonge fatal d’État, malgré leurs multiples failles. Les failles des États Burkinabè et Maliens sont devenues aujourd’hui des véritables faiblesses d’État, des plaies béantes et ne permettent plus l’expérimentation encore moins l’implémentation d’une stratégie antiterroriste, du fait de la confusion des pouvoirs et des institutions brocardées au sommet de l’État avec des militaires qui devraient expérimenter des stratégies antiterroristes sur le terrain.
Au Burkina et au Mali, la lutte contre le terrorisme, le prétexte par lequel capitaines et colonels avaient justifié leur prise du pouvoir est devenue une affaire des citoyens recrutés et estampillés à la va-vite « volontaires pour la défense de la patrie », (VDP) au pays dit des hommes intègres ou « dozo » au pays de Modibo Keïta pour assumer la mission régalienne de l’armée nationale. C’est bien dommage que des militaires, qui ont promis la paix et la sécurité « rapidement » aux populations se mettent eux-mêmes à employer des civiles qu’ils arment pour « assumer » la sécurité et la défense nationale.
Quand des armées nationales « crachent » sur leur noble et propre mission de sécuriser et de défendre la patrie, que peut-on attendre d’elles? Rien absolument, d’autant qu’assumer déjà la sécurité des citoyens et assurer la défense des instituions constituent en soi un pouvoir à part entière, que la République a bien taillé sur mesure à l’honneur des forces de défense et de sécurité.
Il en est de même des fonctionnaires, qui refusent de travailler pour huiler la machine de l’administration publique ou privée en vue de générer le service public attendu au profit des citoyens. Les États Burkinabè et Maliens pêchent plus gravement sur la question de la sécurité aujourd’hui encore en s’isolant complètement des organisations sous régionales et des partenaires techniques et stratégiques, alors même qu’ils sont incapables de régler cette question à eux seuls.
L’attaque d’Inata du 14 Novembre 2021, ayant causé la mort à 58 soldats burkinabè (des gendarmes) avait été brandie par les supporters du capitaine Traoré pour engager des manifestations interminables à travers tout le Burkina Faso pour inciter le coup d’État du 30 Septembre, en déposant le colonel Damiba. Le drame d’Inata, tout comme celui de Seytenga du 19 Juin 2022, ayant fait plus de 79 morts et 16. 000 déplacés ainsi que celui de l’axe Oursi-Deou du 17 Février 2023 avec ses 51 soldats tombés et 80 encore recherchés dans la province de l’Oudalan, 160 éléments neutralisés de l’ennemi dévoilent à suffisance le mal profond des Burkinabè et ses défis collatéraux au Niger voisin.
Au Mali, la situation n’en demeure pas moins reluisante, d’autant le Nord et le Centre du pays ne font plus l’objet de dispute avec le pays du colonel Goïta, qui s’est effacé. Ce sont plutôt la nouvelle union des groupes armés signataires des Accords d’Alger et Iyad Aghali, qui détiennent le grand Nord et en ont fait de Kidal, leur capitale.
Quant au Centre du Mali, c’est la loi du prédicateur armé, Diallo Amadou Koufa, qui est en vigueur. Il règne sans partage, en maître absolu, avec ses hommes autour de son organisation terroriste Katiba-Macina. Autant dire le Nord-Mali, c’est un autre État dans un État.
Chaque jour, ce sont des centaines et souvent des milliers de personnes venant du Burkina Faso et du Mali, qui affluent vers le Niger à la recherche de refuges tranquilles. Les frontières du Niger, les seuls bastions de la sous région du Sahel, qui résistent aux terroristes accueillent tout de même les déplacés des pays voisins au nom de l’hospitalité et de la fraternité humaine, malgré les langues fourchues de leurs dirigeants.
MOUSSA NAGANOU