Pendant qu’au Niger, la presse n’a jamais obtenu un président élu ou nommé du conseil supérieur de
la communication, (CSC) qui ne soit parrainé par le président de la République lui-même, malgré la
liberté de ton des journalistes nigériens, c’est maintenant seulement que cela arrive au pays dit « des
hommes intègres ». Après l’adoption à l’unanimité des membres du Parlement de la Transition du
texte de la nouvelle loi sur la presse au Burkina Faso, c’est un sentiment de déception qui caractérise
les acteurs de la presse.
Plusieurs acteurs de la presse burkinabè redoutent l’accaparement du pouvoir de régulation des
médias par l’exécutif, qui a taillé sur mesure et acquis pour lui-même un pouvoir de droit sur les
médias et les réseaux sociaux et affirme désormais son influence institutionnelle sur tout l’appareil
de l’État au Burkina Faso, à travers la nouvelle orientation politique du pays du capitaine Ibrahim
Traoré. En nommant le président de la plus haute institution de l’État dédiée à la presse, c’est
l’indépendance même qui aura finalement été retirée à la profession des journalistes au Burkina
Faso, s’indignaient certains acteurs associatifs depuis le texte adopté par le Parlement de la
Transition était au stade de projet.
Le combat des journalistes burkinabè mérite d’être reconnu et non enterré !
La presse burkinabè passe pour être un grand symbole pour la liberté de la presse en Afrique de
l’ouest, grâce surtout au sacrifice ultime consenti aussi bien par le journaliste Norbert Zongo que le
révolutionnaire Thomas Sankara. Car beaucoup ne savaient pas jusqu’à quel point, le père de la
révolution burkinabè, le capitaine Thomas Sankara était aussi engagé dans la liberté de la presse, au
point qu’il encourageait la critique journalistique sur les médias d’État et même en direct.
Thomas Sankara avait même réussi à annoncer sa démission de la tête du Premier ministère en
direct de la radio Burkina. Le capitaine Ibrahim Traoré ne doit pas arracher de la main gauche les
acquis donnés par la main droite de Thomas Sankara, cet autre capitaine qui est avant tout son idole.
Les médias burkinabè ont déjà écrit une belle page de l’histoire de la presse ouest africaine que le
président de la Transition militaire au Faso doit aider à être capitalisée pour tout le continent
africain. Les militaires ne sont pas des extraterrestres tombés du ciel ouvert ou venus d’outre-tombe
pour s’occuper à eux seuls des défis du Sahel que traversent le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Et les journalistes burkinabè tout comme ceux maliens ou nigériens n’ont pas besoin de liberté pour
en faire autre chose que d’être au service de leurs concitoyens dans la dignité et la sécurité. C’est
une mutualisation professionnelle et un partage des bonnes pratiques du métier au Sahel peut bien
être une source d’inspiration et de revitalisation des journalistes de l’espace sous régional
présentement à l’épreuve de tous les faits, aussi bien des groupes de violence que des
gouvernements.
MOUSSA NAGANOU
