Le lundi 23 Janvier 2023, le ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la coopération du Niger Hassoumi Massaoudou, a présidé la cérémonie officielle d’ouverture de la 3è conférence de haut niveau sur la région du Lac Tchad. Co organisée par le gouvernement du Niger, de l’Allemagne et de la Norvège, en collaboration avec les Nations-Unies, dans le but dévaluer les besoins humanitaires des populations et de mobiliser des financements pour des actions d’assistance. A l’ordre du jour de la première journée, des discutions de haut niveau sur les tendances, les progrès et les défis dans la région du Lac Tchad. Des échanges sur les priorités humanitaires, la stabilisation et le développement sur la nécessité de créer un environnement sûr pour les civils, en vue de trouver des solutions au déplacement qui soient centrées sur les personnes, ainsi que des perspectives d’avenir pour les personnes déplacées, les refugies et les communautés d’accueil.
Plusieurs allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture de cette importante conférence qui est la 3em du genre après la 1ère édition en 2017 à Oslo en Norvège, et la 2è en 1018 à Berlin. En effet, selon le comité d’organisation de cette conférence de Niamey « depuis la dernière édition tenue à Berlin en 2018, la crise dans le bassin du Lac Tchad s’est aggravée, avec une augmentation de la violence, des déficits de développement, des besoins humanitaires et des obstacles à l’accès aux services sociaux de base, aux systèmes de production et à l’aide humanitaire ».
Prenant la parole le ministre d’Etat des Affaires Etrangères et de la Coopération de la République du Niger, Hassoumi Massaoudou a en souhaitant la chaleureuse bienvenue aux participants situé les objectifs de la présente conférence. Selon le chef de la diplomatie nigérienne, la région du bassin du Lac Tchad est caractérisée par une forte croissance démographique.
Cela accroit la pression sur les ressources foncières et environnementales, alors que celles-ci se dégradent continuellement sous les effets conjugués de la pratique humaine et du changement climatique. Cette situation, en plus de fortes pressions qu’elle exerce sur le capital productif naturel, génère également des conflits intercommunautaires autour de la lutte pour le contrôle des terres. Cette situation poursuit-il, est la cause fondamentale de la crise sécuritaire que connaît cette région depuis 2014.
Avant de saluer la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie, du fait des attaques barbares des terroristes de Boko Haram et ses conséquences dans la région du bassin du Lac Tchad. La situation d’insécurité et la détérioration des conditions de vie dans les zones riveraines du lac ont provoqué des déplacements massifs de populations à la recherche d’une vie meilleure.
Ces populations obligées de se retrancher loin de leurs cadres traditionnels de vie sont une source de préoccupation supplémentaire pour nos Etats. Hassoumi Massaoudou a indiqué qu’au Niger, la crise de Boko Haram a entrainé le mouvement de 130. 000 jeunes d’origine nigériane dans les villes frontalières du Niger, 105. 000 déplacés internes et près de 30. 000 Nigériens revenus du Nigeria. Les populations locales sont les premières à supporter le poids de ces flux de déplacés et réfugiés de Diffa. Dans un premier temps, les interventions combinées de l’Etat et des partenaires destinées à apporter des réponses d’urgence face à la situation ont permis de contenir momentanément cette crise humanitaire.
Par la suite, les aides humanitaires d’urgence se sont essoufflées et les conditions de vie des déplacés internes, des réfugiés et des populations hôtes se sont détériorées. Face à une situation qui tend à porter atteinte à l’intégrité, et à la dignité humaine des déplacés internes, des réfugiés, et des populations hôtes, le gouvernement du Niger, après un examen approfondi de la situation, a décidé d’y apporter les solutions les plus convenables.
C’est ainsi qu’à l’issue d’une large consultation avec les populations concernées, la volonté de celles-ci de retourner dans leurs foyers d’origine est clairement exprimée aujourd’hui. Dès lors, le président de la République, Mohamed Bazoum a saisi l’occasion de sa visite à Diffa en juillet 2021, pour lancer officiellement la première Phase de sortie de crise dans cette région, qui consiste au retour volontaire et à la réinstallation des personnes déplacées dans leurs lieux de résidence d’origine, afin de reprendre leurs activités économiques.
Le chef de la diplomatie nigérienne a précisé qu’en amont de cette importante initiative, qui a marqué la mise en œuvre des actions de stabilisation dans les pays de la région du Lac Tchad, il y a l’action des forces armées de ces pays réunis autour de la Force Mixte Multinationale (FMM), ayant permis d’affaiblir significativement cette organisation terroriste qu’est Boko Haram.
« J’exprime à cet égard, notre gratitude et nos encouragements à l’endroit des vaillantes forces de défense et de sécurité du Cameroun, du Niger, du Nigeria, du Tchad et à tous les partenaires, qui nous soutiennent dans ce combat. La situation humanitaire dans la région du bassin du Lac Tchad est alarmante et nécessite le concours de tous et de chacun. Certes, des efforts ont été fournis à travers les engagements issus des deux précédentes conférences sur cette région, notamment la Conférence de 2017 à Oslo et celle en 2018, à Berlin ». A-t-il rappelé.
« Mais au regard de la détérioration accélérée des conditions de vie dans la région, nous devons admettre que nos interventions semblent très en deçà de la réalité des besoins et des attentes légitimes placées en nous, par les millions de populations qui vivent dans des zones de cette région, exposées quotidiennement aux effets cumulés de l’insécurité et du changement climatique », ajoute Hassoumi Massaoudou avant d’en appeler, « agissons vite et agissons efficacement pour anéantir les possibilités de recrutement de nouveaux combattants par les groupes terroristes ».
Car, on ne se lassera pas de le dire, les organisations terroristes recrutent beaucoup parmi les couches des populations les plus précarisées et sans perspectives. Pour sa part, « je tiens à vous rassurer que le gouvernement du Niger poursuivra avec les partenaires, qui l’accompagneront, les efforts de stabilisation en vue de la sécurisation et du développement économique inclusif et durable des zones affectées des régions de Diffa, Tillabéry et Tahoua. Il s’emploie déjà activement à créer les meilleures conditions de réinstallation des personnes retournées dans leurs lieux de résidence d’origine, dans la région de Diffa ». Plusieurs mécanismes et institutions mis en place par le gouvernement concourent à l’atteinte de ces objectifs.
Il s’agit notamment, entre autres : de la structure chargée de la stabilisation logée au ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, de la Haute Autorité pour la Consolidation de la Paix, du Secrétariat Exécutif de la Stratégie pour le Développement et la Sécurité des Zones Sahélo-sahariennes du Niger, SDS-Sahel Niger, du Centre National des Etudes Stratégiques et de Sécurité (CNESS), du Dispositif du Système d’Alerte Précoce et de Gestion de Catastrophes. « Faudrait-t-il souligner à ce niveau, que notre approche en la matière s’aligne sur la Stratégie Intégrée des Nations-Unies pour le Sahel (UNISS) ainsi que sur le Partenariat pour la Sécurité et la Stabilité au Sahel (P3S) de la Coalition pour le Sahel », précise le ministre hassoumi.
Les actions menées dans ce cadre visent à réduire les risques de violence, à contribuer au renforcement de la cohésion et de l’harmonie sociale et à réduire les déplacements forcés des populations des zones touchées par les conflits. Toutes ces actions impliquent la mobilisation des ressources de l’Etat autour de la construction, de la réhabilitation des infrastructures essentielles dans les zones touchées, le renforcement de la présence et du contrôle de l’Etat sur l’ensemble de son territoire, notamment à travers l’existence de services sociaux de base dont la sécurité et la justice.
Le ministre d’Etat a suggéré que, pour y parvenir, le gouvernement entend poursuivre deux approches : l’approche de la stabilisation immédiate qui consiste en des interventions localisées dans le temps et circonscrites dans un espace géographique donné, sous forme de réponse humanitaire par le relèvement, puis la stabilisation élargie dont les interventions font référence à des reformes à plus long terme, à travers des actions de développement durable visant à traiter les causes sous-jacentes et profondes du conflit, ainsi que des crises alimentaires et nutritionnelles.
Enfin Hassoumi Massaoudou a formulé les vœux que la Conférence soit une étape décisive dans la recherche de solutions durables pour les personnes affectées par la crise dans la région du Lac Tchad. Il fonde l’espoir que les recommandations et solutions proposées auront un impact positif sur les conditions de vie des milliers de populations concernées. « Au regard du nombre et de la qualité des participants, je n’ai aucun doute que des engagements importants et concrets seront pris pour réaliser cette aspiration légitime », indique-t-il.
Notons que cette conférence que le Niger a eu l’honneur d’abriter avec le soutien de ces deux pays (Norvège et Berlin) et plusieurs autres partenaires comme la Commission du Bassin du Lac Tchad et l’ONU, à travers son bureau de coordination des Affaire OCHA et le PNUD est la 1ère dans un Pays africain, qui fait suite à celle tenue en Norvège en 2017 et celle Organisée à Berlin en Allemagne, en 2018.
RAMATOU OUMAR LABARAN