La disparition du grand baobab, Hama Amadou de la scène politique
nigérienne suscite toujours de vives interrogations sur l’avenir de son
parti désormais devenu orphelin. Ainsi, après avoir fait le deuil de leur
mentor les militants de Lumana sont aujourd’hui confrontés à l’évidence
des faits, en l’occurrence le vide laissé par Hama Amadou serait
susceptible d’aiguiser l’appétit d’autres leaders politiques déjà aux
aguets afin de « récupérer » des militants abandonnés à leur propre sort
sans la conduite éclairée d’un nouveau guide à l’envergure de leur
défunt président.
Il paraît donc légitime de s’interroger sur la capacité de certains leaders
à récupérer le parti, afin d’éviter sa disparition certaine au cas où ce vide
continue de persister. D’aucuns pensent à Seini Oumarou, président
actuel du MNSD Nassara dont les rapports avec le parti Lumana-Africa
n’étaient plus au beau fixe, depuis sa supposée trahison aux dernières
élections présidentielles qui ont vu Mohamed Bazoum l’emporter malgré
les nombreuses contestations de l’opposition. A côté de Seni Oumarou,
on pourrait citer aussi le président de Jamhurya Albadé Abouba dont le
succès politique ces dernières années est incontestable ou encore de
Moussa Barazé de l’ANDP ZAMAN LAHIYA de Tahirou Saidou dit « Parc
20 », l’ancien Chef de File de l’opposition nigérienne ou d’autres
personnalités capables mais en silence dans la société.
Cependant, force est de constater que ces deux leaders ont
l’inconvénient de diriger des formations politiques, ce qui leur imposerait
soit d’abandonner la dénomination de leur parti pour se fondre en
Lumana-Africa, soit de demander aux militants de ce parti de les
rejoindre pour un rassemblement plus grand, plus large, assorti d’une
nouvelle dénomination. Ce qui déboucherait à une véritable « union-
phagocytose ») à même de mieux s’imposer sur l’échiquier politique
nationale du Niger.
Bien attendu, cette stratégie exigera que chacun des camps fasse table
rase du passé afin de sortir plus uni et plus fort lors des échéances
électorales à venir. Cependant, cette voie d’union-phagocytose pourrait
être évitée si un leader consensuel pouvait surgir des entrailles de
Lumana Africa, à l’instar de Soumana Sanda ancien lieutenant de Hama
Amadou accusé malheureusement aussi par des militants de Lumana de
traîtrise à la solde du pouvoir renversé.
En somme, Lumana Africa est à la croisée des chemins et doit négocier
ce virage crucial dont va dépendre nécessairement son avenir. C’est
aussi une preuve que les mentors sous nos cieux oublient de préparer
l’avenir après leur disparition au grand dam des populations qui ont
cristallisé toute leur confiance en un seul individu.
ABOUBACAR SOUMAILA