Malgré l’issue heureuse bien promise et connue depuis le 22 Décembre 2022, par la signature du mémorandum confidentiel pour la promotion de la paix entre Abidjan et Bamako, l’affaire des 49 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis le 10 Juillet 2022 et traités de « mercenaires » du président Ouattara, a cristallisé l’opinion africaine pendant 6 longs mois et le patron de la junte militaire malienne, le Colonel Assimi Goïta a su maintenir le suspens à son profit, jusqu’à ce vendredi soir, 6 janvier 2023 pour lâcher ainsi le couperet de sa grâce présidentielle sur leur lourde condamnation.
Musclant avant sa position contre la France, contre l’organisation communautaire Ouest africaine (CEDEAO) et bombant en même temps le torse contre certains Chefs d’Etat africains, de cette autre organisation sous régionale du Sahel, (G5 Sahel), la junte malienne au pouvoir n’a fait que s’isoler, depuis sa double prise du pouvoir à Bamako par la force.
Il faut remarquer aussi, que malgré tous ces agissements bruyants et redondants que suscitent les colonels tapis à l’ombre de la garnison de Kati, ils tremblent tout de même, sous la crainte totale des complots, des coups d’Etat et des attaques djihadistes (du JNIM ou d’Al-Quïda au Maghreb islamique) pouvant surgir de partout, pour les massacrer dans leur propre palais, à en croire leurs accusations superfétatoires.
C’est pourquoi, ils ont gardé la sourde oreille, face aux multiples appels incessants venant des quatre coins du continent africain et demandant tous, la libération des 49 soldats ivoiriens. Pendant 6 longs mois, ni oreille pour entendre ni raison gardée, entre Bamako et le reste du monde !
Mais les colonels de Kati tenant leur gros plan en main, ont plutôt préféré « plier la natte de la honte en cachette et dans la précipitation assimilées ainsi à la promptitude » d’une solution diplomatique issue de la médiation silencieuse togolaise, en solo, que de se retrouver dans les bras des Chefs d’Etat, qu’ils insultaient à la grande famille africaine de la CEDEAO, au lieu de venir laver le linge sale et négocier la place, qui est la leur, plus honorablement.
Heureusement, que les premiers fruits de la médiation togolaise étaient la visite à Bamako d’une forte délégation mixte ivoiro-togolaise et la signature par la même occasion d’un mémorandum pour la promotion de la paix entre Abidjan et Bamako. Un mémorandum assorti soigneusement d’une grâce présidentielle au palais de Koulouba en amont, avant même que les 49 militaires ivoiriens qualifiés de « mercenaires » de Ouattara, ne soient jugés.
Mais, c’était oublier toutes les manœuvres tentaculaires, ainsi que la puissance d’intimidation à la fois « présidentielle et judiciaire » de la junte militaire malienne logée tantôt à la colline parfumée du palais de Koulouba et à la « garnison palais de Kati» du colonel Goïta et ses hommes prétendant libérer définitivement le Mali du joug d’autres « intimidateurs » français ou francophiles, supposés ou imaginaires, qu’ils perçoivent d’ailleurs partout à travers le monde. Même le secrétaire général des nations-Unies, Antonio Guterres n’était pas épargné par leur fougue insatiable.
Ainsi, la Justice du colonel Assimi Goïta, sous la main rageuse de la Cour d’Appel de Bamako juge à la va-vite, à la vitesse éclaire les 49 soldats ivoiriens en 48 heures, soit moins d’une heure de temps pour chaque soldat pour se défendre, s’ils étaient écoutés séparément. Une justice pour le moins expéditive, se déroulant sans témoins, sans complice, sans avocats et encore moins une garantie des droits de la défense. Le Colonel Goïta étant l’Alpha et l’Oméga de cette sulfureuse affaire entre Abidjan et Bamako, mais aussi entre Bamako et toutes les autres capitales des Etats africains et de la CEDEAO.
Les 49 soldats ivoiriens ont ainsi débarqué d’Abidjan à Bamako pour aller bombarder les palais de Koulouba et/ou de Kati pour déloger le Colonel Assimi Goïta en cas de succès, sans complicité aucune, pour prendre le pouvoir à Bamako, pour le garder ou le remettre à qui ? Dans la tête des Colonels de Bamako, tout cela allait se passer tranquillement, comme dans une série de fiction américaine, à la quête d’un oscar à Hollywood !
Des questions dont la Cour d’Appel de Bamako aurait pu certainement apporter des réponses claires, dans un procès normal. Pourquoi, pour qui, par qui, agit-on à travers la dite « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat malien » par les 49 soldats ivoiriens ? On ne le saura jamais.
D’autant que, c’est à peine les condamnations de 20 ans de réclusion criminelle prononcée contre les 46 soldats ivoiriens et de peine de réclusion criminelle à vie, pour les 3 femmes soldates libérées auparavant, pour des raisons « humanitaires » admises par l’opinion africaine et internationale que la toute puissante volonté du Colonel Goïta s’est mise à remonter progressivement à sa gorge et du haut de ses pouvoirs judiciaires consacrés à lui par Bamako, depuis le double coup d’Etat perpétré pour tailler la grâce présidentielle ainsi aux mêmes 49 soldats diabolisés et vilipendés et leurs pêchés désormais, totalement absouts !
Goïta ordonne ainsi la libération des 46 soldats ivoiriens encore détenus à Bamako depuis six (6) mois « pour rien », en application du mémorandum pour la promotion de la paix entre Bamako et Abidjan, obtenu sous la médiation togolaise du président Faure Essozimna Gnassingbé, qui brille de mille feux de son côté pour sa diplomatie présidentielle, dans un mariage quasiment nul entre Abidjan et Bamako, dont les relations se sont refroidies depuis cette date. Le président Ouattara, leurs familles et les ivoiriens les ont reçus dans la fierté comme des héros à Abidjan dans la nuit du 7 Janvier 2023 et a déclaré qu’ils sont revenus « mission accomplie » !
Les soldats ivoiriens entre au bercail, dès le lendemain Samedi soir, 7 Janvier 2023 au grand soulagement de leurs familles et des populations africaines. Un scenario, qui prend fin avec un bras de fer toujours maintenu de la junte malienne contre la CEDEAO, et son président en exercice, UMARU CISSOKO EMBALO, alors même que le cinéma est censé s’arrêter là. Au Colonel Assimi Goïta de faire face maintenant à sa responsabilité pour porter le Mali sur les rails de la démocratie et tirer les leçons, qui s’imposent pour la paix, la sécurité et le vivre ensemble communautaire au quotidien aujourd’hui, aussi bien en Afrique, que dans le monde.
Inutile donc de cristalliser l’opinion sur les « conflits interétatiques ou sur la question de sécurité pour survivre politiquement. D’autant que, jamais des supplétifs « tueurs à gage comme ceux de Wagner » ou encore ceux totalement inexpérimentés, tels les volontaires armés et désignés pour assurer la paix, ne peuvent guère assumer ce rôle, encore moins la mission régalienne des forces de défense et de sécurité des populations ; d’un Etat sérieux, aux autorités pleinement conscientes de leur responsabilité.
MOUSSA NAGANOU