Rien de surprenant dans la reconduction de Cyril Ramaphosa à la tête de l’African National Congres (ANC). Contre lui, il n’eut aucun challenge de taille. C’est donc par un score sans appel (2476 voix contre 1897) qu’il a battu son unique adversaire Zweli Mkhize qui n’est autre que son ex-ministre en charge de la Santé, affaibli par un scandale de corruption.
Mais, le successeur de Jacob Zuma lui-même n’a pas fini avec la justice, l’enquête relative à la dissimilation du vol des liasses de dollars cachées dans un canapé de son domicile de Phala Phala le concernant se poursuit. Tout de même, le président sud-africain aura retenu la leçon : il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent. Aussi, envisage-t-il de passer la main l’an prochain à Paul Mashatile, l’actuel trésorier du Parti.
Créé en 1912, sous sa première appellation le Congrès national indigène sud-africain, l’ANC a pris son nom actuel (Congrès National Africain) en 1923. Mouvement modéré au départ, il visait l’amélioration du statut des non-blancs en Afrique du Sud, victimes de ségrégation raciale avant de se radicaliser en 1952. Entré en clandestinité, le parti va être réhabilité sous la présidence de Frederik Willem De Klerk (1989-1994) qui libère son principal leader et icône Nelson Mandela.
Depuis 1994, c’est l’ANC qui domine l’échiquier politique sud-africain. Mais miné par des divergences internes, le parti a pris un grand coup. Lors des dernières élections locales, l’ANC est tombé en dessous de 50%, son plus bas score aux élections depuis 1994. Et l’histoire retiendra que c’est arrivé sous Cyril Ramaphosa, à moins qu’il ne réussisse à ramener la cohésion. Une mission pratiquement impossible, selon de nombreux observateurs pour lesquels la méfiance a atteint un stade de non-retour à l’interne du parti de Nelson Mandela.
Arrivé à la tête de l’Afrique du Sud en février 2018 par un vote du Parlement conformément à la constitution de son pays, succédant à Jacob Zuma contraint à la démission, Cyril Ramaphosa a été réélu en Mai 2019, après que son parti ait remporté les législatives. Les prochaines élections du même type sont prévues pour 2024, le mandat présidentiel lui est de cinq ans.
OUMAROU KANE