Le mouvement M62 a lancé, le dimanche 22 janvier, un « appel citoyen ». Cet appel comporte plusieurs actions prévues sur plusieurs jours pour dit-il « dénoncer la cherté de la vie » et plusieurs points de revendications chers à ce mouvement.
Il est noble pour un mouvement citoyen de se battre aux côtés des citoyens pour obtenir des avancées sociales ou l’atténuation de certains chocs, telle la hausse des prix de produits de consommation.
Toutefois, il convient de relever quelques ratés et même de contradictions contenues dans l’appel du M62 qui mettent à nu les errements de ce mouvement lancé en grande pompe et qui peine à fédérer les nigériens autour de lui.
Un appel à une journée « ville morte » dans tous les chefs-lieux de région pour la journée du lundi 23 janvier est lancé. Dans le même temps, il est demandé une mobilisation massive de citoyens au palais de justice de Niamey. Paradoxal ! Un mouvement dit ville morte observé a pour conséquence un ralentissement voire une paralysie de la ville ; cette situation s’accommode mal d’un attroupement au centre-ville en raison notamment de l’indisponibilité des transports qu’il engendre.
Faire feux de tout bois
Dans ses efforts pour fédérer autour de lui, le mouvement a cru bon d’organiser deux journées de « boycott de pain et des services appel et internet » des compagnies de téléphonies.
Deux sujets à fort impact certes, mais le M62 ne s’y intéressent que tardivement. Le prix du pain au détail a connu sa hausse, il y a plus d’un trimestre sans que ce mouvement ne pipe mot. Quant aux services de télécommunications, les réactions spontanées des utilisateurs (grâce notamment à la force des réseaux sociaux) combinées à la fermeté de l’autorité de régulation ont déjà contraint les opérateurs à revenir à des meilleurs sentiments. Que le M62 y revienne seulement maintenant est révélateur de sa quête effrénée des questions autour desquelles il peut se montrer crédible. Un autre flop.
Avoir les yeux plus grands que la gorge
En s’aventurant sur le terrain religieux, le M62 a perdu de vu ses propres limites. Des journées de jeunes et de prières relevant strictement du privé et de l’engagement individuel de chacun peuvent trouver un écho favorable auprès de quelques citoyens.
Donner des thèmes de sermon de vendredi alors qu’aucune autorité de l’association islamique n’est associée montre que les dirigeants de ce mouvement n’ont aucune connaissance en la matière. Le M62 a peut-être des mosquées sous sa coupe où il peut dicter les sermons. Le cas échéant, c’est assurément avoir les yeux plus grands que le ventre.
En définitive, ce mouvement peine à se fixer des objectifs et agir. Quand il tente de le faire, il le fait avec un retard criard et en total déconnexion de la réalité. Ce qui contribue à le décrédibiliser aux yeux du plus grand nombre.
ADO DAN MALAN