Imposteurs dans la vie, prophètes sur les réseaux sociaux !
La décennie en cours connaît un bouillonnement médiatique sans précédent, caractérisé par une lutte à mort, pour le contrôle de l’information et du public, entre les réseaux sociaux et les moyens classiques de diffusion des nouvelles. Au cœur de ce phénomène, qui touche de manière égalitaire aussi bien les pays riches que ceux non nantis : le croisement heureux entre l’informatique et la téléphonie mobile qui permet désormais, de manière instantanée, de s’informer tout en étant en mouvement, de prendre le pouls du monde sans acheter un journal ou se tenirfigé devant un écran de TV ; d’être soi-même un fabricant et un diffuseur de contenus de l’information par le biais de pages, comptes, posts, créas, vidéos ; de retransmettre en direct un événement (familial ou public) en live streaming ; de disposer de diverses plateformes numériques et d’un public dit virtuel, mais bien réel ; d’avoir sa propre chaîne Youtube ou Web TV…
La liste est longue des possibilités quasi infinies qu’offre le développement spectaculaire des nouvelles technologies.
Toute médaille ayant son revers, les réseaux sociaux ont au passage produit un monstre : une nouvelle race d’individus appelés « influenceurs », qui prospèrent à différents niveaux : national, continental ou mondial.
Alliant les nouveaux outils des TIC et le verbe ou la plume facile dont la nature les a parfois dotés, ils sont, en fonction de leur talent à transformer tout sujet en polémique d’intérêt majeur, suivis par un public dit de « followers ». Celui-ci peut être plus ou moins nombreux, mais il se caractérise par un niveau de culture plus bas que la moyenne, plus apte à suivre qu’à réfléchir. Plus ses followers sont nombreux, plus l’influenceur a du poids et peut donc se vendre aux marketeurs.
De simples passeurs d’informations pratiques, les influenceurs sont donc devenus des vendeurs de produits marchands et des manipulateurs. Dans plusieurs pays, ils sont aussi mobilisés contre paiement par des candidats aux élections.
S’il existe des influenceurs sains, porteurs de vrais messages positifs, ceux malsains sont malheureusement les plus nombreux : ainsi, a-t-on vu apparaître sur la toile, des phénomènes tels que « Dr » Franklin Nyamsi, un prétendu philosophe défenseur de droits humains, auteur de nombreux livres qu’aucun lecteur ne connaît ; ainsi, voit-on partout la jolie frimousse de Nathalie Yamb, championne de la défense des causes indéfendables ; ou encore le tonitruant Kémi Séba, dont la fougue est tempérée par de récentes révélations sur sa prise en charge par la milice Wagner (la fameuse nébuleuse de mercenaires).
Nyamsi, Yamb et Seba ont tous maille à partir avec leurs pays d’origine et de résidence. Tous prétendent porter le flambeau du changement en Afrique, alors qu’ils n’ont même pas mis de l’ordre dans leur propre vie, encore moins dans leurs idées.
Tous restent mystérieusement inaudibles dans leurs propres pays, qui sont rarement des modèles de bonne gouvernance. Tous prétendent être prophètes en Afrique, alors qu’ils ne le sont même pas dans leurs villages, là où tout commence pour les élus de Dieu. Tous revendiquent une place centrale, alors qu’ils vivent à la périphérie de leurs pays et de leur continent.
Tous veulent nous donner des leçons, alors que ce sont eux qui en ont manifestement un grand besoin. Ne serait-ce que de modestie…
Ces nouveaux prophètes ont d’autres points communs, et non des moindres : ils émargent et mangent à la soupe Wagner, font la promotion des coups d’Etat en Afrique, et usent massivement de fake news comme arme de guerre.
Kemi Seba, Nathalie Yamb et Franklin Nyamsi, pour ne citer que ceux-là, se présentent comme des panafricanistes. Mon œil !
Comment peut-on l’être en vivant du mercenariat, en faisant la promotion des putschs militaires comme mode d’accession et de maintien au pouvoir, en vitupérant contre les pouvoirs démocratiquement élus ? Quel dévoiement de ce noble rêve de Kwamé Nkrumah et de tous les fondateurs de l’OUA en 1963, qui sans doute se retourneraient dans leurs tombes s’ils savaient qui sont leurs héritiers autoproclamés !
Non : Kemi Seba, Franklin Nyamsi et Nathalie Yamb et tous ceux qui leur ressemblent ne représentent pas les Africains et ne peuvent parler en leur nom. Ce ne sont que des imposteurs qu’il convient de dénoncer comme tels.
MAÏ RIGA