Créée en 2017, par 5 pays à savoir le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et le Burkina Faso, auxquels se sont joints en 2019 le Niger et le Mali en tant qu’observateurs, avec pour principal objectif la lutte contre le terrorisme, l’initiative d’Accra vient de franchir une étape importante le 22 novembre dernier dans la capitale ghanéenne. Cette fois, les dirigeants de pays membres de cette initiative sont allés au-delà des discours et déclarations d’intention.
Le dirigeant ghanéen Nana Akufo Addo, ses pairs du Togo (Faure Gnassingbé) et du Bénin (Patrice Talon) ainsi que les autres personnalités représentant leur pays à cette rencontre d’Accra ont acté la création d’une force multinationale conjointe.
10 000 hommes pour commencer
Pour le début de son opérationnalisation fixé dans un délai d’un mois, compter de sa création, cette force multinationale comptera 10 000 hommes pourvus en principe par les 7 pays membres de l’Initiative, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Niger, le Mali et le Togo, avec comme base la localité de Tamalé au Ghana. Toutefois, il faut signaler que le Mali a brillé par son absence à ce rendez-vous d’Accra. Chose à saluer la participation du Nigeria à cette rencontre. Le pays de Muhammadu Buhari comptant parmi les poids économiques de l’espace Ouest africain qui vient de rejoindre l’organisation comme membre observateur s’est même engagé à soutenir cette force multinationale conjointe en appuis logistique et aérien, chaque fois que la nécessité se fera sentir.
500 millions de dollars US à mobiliser pour le début de son opérationnalisation
Où trouver cette somme ? Réponse : dans les Etats membres de l’initiative principalement. C’est la condition sine qua non pour sa réussite ; estime le Premier Ministre burkinabè Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela. Car tant que son financement ne sera pas tributaire de l’aide extérieure, son opérationnalisation sera dans le délai fixé ; affirme-t-il. Son attitude pressée de voir très rapidement le déploiement de cette force sur le terrain est tout à fait justifié, quand on sait que depuis plusieurs mois, son pays le Burkina Faso subit la pression terrible des groupes terroristes. Restons toujours sur le côté financement de la force multinationale de l’Initiative d’Accra pour noter l’engagement de la CEDEAO, de l’Union Africaine et d’autres partenaires comme l’Union Européenne et la Grande Bretagne, présents à Accra, à mettre la main à la pâte.
2000 hommes prévus pour le Burkina Faso
Dès le démarrage de son opérationnalisation, la force multinationale conjointe sera positionnée au Pays des Hommes Intègres avec un contingent de 2000 hommes. Au Burkina Faso, faut-il le souligner, il n’y a pas de dispositif onusien comme c’est le cas au Mali avec la MINUSMA (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali). Hormis de rares opérations militaires conjointes avec ses voisins avec lesquels il partage la zone dite des trois frontières sanctuarisée par les groupes terroristes et un petit dispositif militaire français basé à Kamboinsé, Ouagadougou se démerde seul face à l’insécurité.
Faire tout pour éviter une contagion de grande ampleur et tuer le mal à sa source
La décision de se concentrer sur le Burkina Faso tient de la stratégie qui consiste à tuer le mal à la source. En effet, c’est à partir du Burkina Faso qu’est partie la majorité des attaques terroristes ayant visé le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Ghana, au regard de sa position charnière entre le Sahel et les pays du golfe de Guinée. Cependant il faut aller au-delà de son positionnement au Burkina Faso, l’épicentre du terrorisme étant le Mali. Et, ça tombe pile à l’heure pour Bamako au moment où le MINUSMA est en train de se désagréger. Encore que pour arriver à une mutualisation des forces à 100% contre l’hydre terroriste, il faudra que le Mali sort de son isolement et revient à la raison. La lutte contre le terrorisme se gagne avec une bonne dose de réalisme et dans un mouvement d’ensemble. Cette leçon ne vient pas de loin. A côté dans le bassin du lac Tchad, le Niger, le Tchad, le Nigeria et le Cameroun en ont fait la démonstration dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram à travers la force mixte multinationale qu’ils ont mis en place. Ailleurs, plus précisément en Syrie, il a fallu une coalition plus large constituée de la Russie, de la Turquie, des Etats Unis d’Amérique, de la France, de l’Angleterre, de l’Arabie Saoudite pour ne citer que ceux-là pour anéantir Daech.
OUMAROU KANE