L’année 2023 s’annonce très agitée pour le régime du jeune capitaine Ibrahim Traoré. Au dossier très méticuleux du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana viennent s’ajouter des bruits de bottes du côté du camp militaire de Pô (là d’où furent partis plusieurs coups d’Etat) et une crise diplomatique en latence entre Ouagadougou et Paris.
Certes, dans la capitale du pays des hommes intègres, on semble dire que l’arrestation du lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana (pour la 2ème fois, le 27 décembre 2022 n’a aucun lien avec le mouvement d’humeur des hommes du camp Thomas Sankara (nouvelle appellation du camp militaire de Pô) fondé sur des revendications pécuniaires, mais sait-on jamais ? Très souvent, les choses commencent sans la moindre connexion pour la voir s’établir à la suite des événements.
L’un dans l’autre, l’arrestation du patron de l’unité « le Mamba vert » (Emmanuel Zoungrana) et d’un certain nombre de ses hommes et les bruits de bottes à Pô traduisent un malaise au sein de l’armée, tout ce dont le Burkina Faso n’a pas besoin en ce moment où il fait face au terrorisme. Selon les termes employés par un observateur, c’est « un calme précaire » qui règne à Ouagadougou plutôt qu’une maitrise de la situation au sein de la grande muette comme veulent le faire croire les autorités burkinabè. La tension vive chez les porteurs de tenue est manifeste, témoignent de nombreuses personnes, récemment rentrées de Ouagadougou.
Le régime de la transition n’a même pas fini avec ces deux dossiers qu’il ouvre un front avec la France. Dans une correspondance adressée à Paris, Ouagadougou veut un changement d’interlocuteur et ne veut plus de M. Luc Hallade comme ambassadeur de la France au Burkina Faso. Vraisemblablement, on s’achemine vers le froid des relations diplomatiques franco-burkinabè. Et tout cela porte à croire que ça ira plus loin que ça.
C’est du déjà vu, dira-t-on, si l’on se rappelle de comment le mal s’est installé entre Paris et Bamako. C’est avec l’arrivée de Wagner que tout s’est déclenché. Sur le sol burkinabè également, le drapeau russe a été plusieurs fois brandi par les manifestants pro Traoré. Selon toute vraisemblance, le supplétif de Poutine en Afrique pour ainsi qualifier le groupe Wagner est déjà sur le sol burkinabè. Le président ghanéen Nana Akufo Addo est loin donc d’avoir halluciné. De l’électricité en l’air dans le ciel burkinabè !
OUMAROU KANE