Vers la chute du mur de Bretton Woods ?
Il faut absolument pousser le mur de Bretton Woods à la chute, exactement comme c’est fut le cas du mur de Berlin en 1989, d’autant qu’il représente la honte des nations riches aujourd’hui, ce mur bâti depuis les Accords de 1944 des vainqueurs de la seconde guerre mondiale qui a donné lieu à la création du fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale pour les y loger, au moment où seuls l’Ethiopie et le Libéria étaient les deux Etats indépendants en Afrique ! Près de 4 décennies après, soit 79 ans, plusieurs évènements ont traversé le monde, l’ont atteint et l’ont même transformé, mais les détenteurs de la finance mondiale refusent toujours de changer et d’ouvrir les liasses de leurs caisses aux pays pauvres et éprouvés, ne serait-ce que pour s’adapter au contexte de la réalité et répondre aux besoins immenses, pour le moins de ceux-ci.
79 ans après une bonne partie des habitants du monde sont englués entre diverses violences : violence de guerre, violence terroriste, catastrophes naturelles, sécheresse, canicule, inondations, cyclones, pollution de la terre, pollution de la mer, menace multiple sur la préservation de la biodiversité et menace sur la vie de l’homme lui-même à être toujours digne d’habiter la planète terre et ce, malgré l’immense réalisation technique et technologue de celui-ci. Les conséquences de l’égoïsme, du manque de solidarité, d’intolérance humaine, d’exploitation sauvage des ressources minières et d’énergies fossiles comme le gaz et le pétrole ont contribué à gravement polluer la terre et menacer l’existence de l’homme au quotidien.
Entre le drame généré par les maîtres de la finance mondiale, à cause de la difficile accessibilité des fonds et le terrorisme des groupes armés en Afrique, les dirigeants Africains n’ont d’autre choix que d’exploiter les énergies fossiles à leur disposition pour faire face aux immenses besoins des populations du Sahel. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres dénonce aussi vigoureusement les règles du système financier international basé à Bretton Woods, aux Etats-Unis d’Amérique.
Le système financier international a ainsi « failli et les règles régissant l’allocation de ses fonds sont devenues profondément immorales », dixit Antonio Guterres. D’autant que le FMI et la Banque mondiale doivent accepter de prendre assez de risques pour investir dans les pays en voie de développement et dont la réalité vécue au quotidien mérite une franche solidarité aussi bien de la communauté financière que de celle du secteur privé mondial.
Les voix Africaines désormais audibles !
De la cinquantaine des Chefs d’Etat et de gouvernement présents au sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, la voix de l’Afrique s’est fait enfin entendre pour une fois dans l’histoire de la vie des institutions internationales. Ainsi, les bien inspirés messages portés par les présidents Mohamed Bazoum du Niger, Macky Sall du Sénégal ou encore Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville ont retenti brillamment dans le monde par non seulement leur force de proposition mais aussi par le pragmatisme et le réalisme de leurs messages.
Le président nigérien Mohamed Bazoum a indiqué que les dirigeants du continent Africain « s’opposeront à toute politique visant à les empêcher d’exploiter les énergies fossiles ». D’autant qu’au Niger, les dirigeants font déjà face aux effets du changement climatique, qui se matérialise par une importante migration des populations rurales vers les zones urbaines à cause de l’affaiblissement de la symbiose communautaire jadis forte, des violences générées par les conflits, l’absence par exemple du lait chez les éleveurs, l’amenuisement des espaces cultivables, l’exacerbation des tensions voire les conflits communautaires entre agriculteurs et éleveurs autour du pâturage et surtout des quelques rares points d’eau partagés.
Face à la réalité des choses que vivent les populations, les dirigeants Africains n’ont pas d’autres choix que de trouver les moyens de résorber le chômage de la jeunesse, de développer l’hydraulique villageoise, d’ériger des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. Au Sénégal, le président Macky Sall n’a autre choix que d’exploiter ses 2,5 millions de m3 de gaz offshore par an, au large de la mer Saint-louisienne, tout en espérant accroitre la production à 10 millions de m3 par an, les 5 ans à venir.
L’autre voix retentissante Africaine, qui a fait écho dans le monde au sommet de Paris est celle du président congolais Denis Sassou Nguesso, qui a montré comment il se bat comme un beau diable, avec des maigres ressources financières à préserver la grande forêt du Bassin du Congo, une très nécessaire biodiversité de l’environnement au profit de l’humanité. La préservation du Bassin du Congo jusqu’au Gabon, une véritable ceinture verte, le symbole d’un poumon d’oxygène pouvant réguler le climat au profit de l’humanité.
Un sommet marqué par une absence du concret !
A la lumière des conclusions du sommet, il n’y a pas de franche décision mais une forte mobilisation tout de même et des discours forts, qui tranchent et visent à rompre radicalement avec le passé. L’objectif du sommet de Paris est de rénover d’urgence le système financier international devenu obsolète, en vue surtout de réduire l’injustice, l’indifférence, de favoriser et de concrétiser la solidarité financière internationale pour enfin comprendre et acter la mise en œuvre de la complémentarité socioéconomique.
Au nombre des solutions projetées dans un futur proche, il y a les nouvelles taxations notamment sur l’émission carbone du transport maritime et aérien, pour lever des fonds au profit du développement, les reformes institutionnelles du système financier international pour qu’il prenne assez de risque de financer les pays vulnérables (dont la quote-part de pollution mondiale s’élève seulement à 4%), la restructuration des dettes des pays pauvres (des rééchelonnements profitables) ; la suspension en cas de catastrophe naturelle par le moyen de « clauses de désastre naturel » et un renforcement du rôle du secteur privé.
En plus du doublement de l’aide au développement dans le monde via l’agence française au développement (AFD), l’abandon de 40% de ses droits de tirage spécial (DTS) des fonds au profit des pays pauvres, le président français Emmanuel Macron a soutenu fortement « la taxe Carbone sur le transport maritime » au motif qu’elle s’avère être « très importante ».
MOUSSA NAGANOU