Inégalité, injustice, exploitation, tels sont aujourd’hui les qualificatifs utilisés pour décrier le bilan du système financier mondial qui selon ses détracteurs n’a fait qu’enrichir l’Occident et plonger le reste du monde, plus particulièrement l’Afrique dans un véritable abimé économique et une totale désolation. Ce contexte d’injustice révoltant pour le secrétaire général, Antonio Guterres a profité surtout à l’expansion de puissances dont la Russie venue ravir la vedette aux anciennes puissances dont notamment la France au Mali et fort probablement au Burkina Faso.
Ce n’est donc pas étonnant que la riposte émane premièrement de la France par l’entremise de son président Emmanuel Macron à travers le lancement de ce vaste projet d’envergure à caractère mondial dénommé « Nouveau pacte Financier Mondial » au cours du sommet de Brongniart ce 22 et 23 Juin 2023. Les objectifs affichés à ce sommet sont révolutionnaires à plus d’un titre pour la finance internationale, par la volonté affichée de sauver la planète, d’éradiquer la pauvreté afin de réconcilier le Nord et le Sud.
Ce sont de véritables challenges pour les puissances de ce monde. Ce sommet s’est achevé, ce Vendredi 23 Juin 2023, par la promesse des Etats et des institutions rassemblés à Paris de mener les réformes nécessaires qu’exigent les lourdes conséquences sur la planète des crises climatiques, économiques et sanitaires.
Les besoins pour améliorer la situation, voire réparer l’injustice sont faramineux et nécessitent des mesures concrètes mais obligent les puissances de sortir réellement de leurs promesses creuses ou de leur carcan. Un message qui s’adresse essentiellement à la France dont les anciennes colonies sont à la traîne, devenues à raison, contrairement à celles anglophones, les véritables foyers de contestation de la France.
Un développement à sens unique, l’expression n’est pas exagérée, tant l’Elysée s’est taillé la triste réputation auprès de ses anciennes colonies de négliger les attentes des populations, bien qu’exploitant à fond les ressources minières et fossiles au mépris des conséquences climatiques. Selon les prévisions de l’ONG Oxfam, les pays à revenus faibles et moyens ont un besoin d’au moins 27. 000 milliards de dollars d’ici à 2030 pour apporter une réponse efficace, en matière de dépenses climatiques et sociales.
A ce titre, MIA MOTTLEY, la Première ministre de la Barbades a tenu à attirer l’attention des participants à ce sommet sur les erreurs du passé en ces termes « les réponses apportées par la communauté internationale sont aujourd’hui fragmentées, partielles et insuffisantes. Nous appelons donc, aujourd’hui, à une révision profonde de notre logiciel.
Nous devons construire, ensemble, un système financier international plus réactif, plus juste et plus solidaire permettant de lutter contre les inégalités, de financer la transition climatique et de nous rapprocher de l’atteinte des objectifs du développement durable ». Pour l’heure, si le président Emmanuel Macron s’est félicité d’un « consensus complet » en vue de « réformer en profondeur » le système financier mondial, le sommet aura suscité quelques initiatives.
A commencer par la Banque mondiale qui va bientôt intégrer à ses accords avec « les pays les plus vulnérables » une nouvelle clause qui permettra la suspension du paiement des dettes en cas de catastrophe naturelle. La volonté des pays du Sud d’obtenir une réforme profonde des institutions financières internationales, appelées à aider les Etats à concrétiser leurs propres stratégies de développement et non à leur imposer des modèles « prêt-à-porter » portée par le président Sud-africain, Cyril Ramaphosa, en des termes plus clairs « les nations du Sud attendent non seulement une réforme de l’architecture financière internationale, mais aussi qu’elles se traduisent par des projets pratiques concernant notamment les infrastructures. C’est à cette condition que nous, les Africains, serons convaincus que cela vaut la peine de se rendre à ce genre de sommet, d’aller jusqu’en Europe et d’écouter toutes ces promesses ».
Cette position est réitérée par le président Mohamed Bazoum qui a invité les décideurs au sommet à faire diligence en vue de proposer des solutions idoines et pratiques, en lien notamment avec les renforcements des capacités de financement des banques multilatérales de développement. « Nous devons abandonner les dogmes et les certitudes.
Adoptons de nouveaux paradigmes, plus adaptés à notre réalité, qui est caractérisée par une dureté insupportable pour certains et des menaces certaines pour tous », un beau résumé qui devra servir de tremplin, en vue de l’émergence d’un nouveau pacte financier mondial qui portera déjà en son sein la lutte contre les inégalités et les injustices pour l’émergence d’un monde nouveau qui privilégie dans les rapports entre pays partenaires le Co-développement, contrairement à ce développement jugé à sens unique qui ne finit pas d’alimenter et d’entretenir les tensions dans le monde.
ABOUBACAR SOUMAÏLA
