Regardons en face la réalité du terrain !
Sans livrer des secrets de stratégies sécuritaires, vous aurez droit aujourd’hui aux véritables causes pour lesquelles les attaques des positions directes des forces de défense et de sécurité du Niger ne sont plus légion, autrement dit plus monnaie courante, en laissant place à une accalmie générale sur le territoire national. Cela se justifie surtout à cause de l’efficacité de la stratégie antiterroriste nigérienne et l’expérience raffinée de terrain des éléments de la grande muette nigérienne, qui ont longtemps, en même temps appris et pratiqué la réalité au quotidien.
Depuis l’attaque d’Intagamey, du 10 février 2023, une mobilisation citoyenne en vue de manifester une vive solidarité autour de l’armée s’exprime au sein de la société nigérienne, profonde. Mais en dehors de la solidarité citoyenne réaffirmée, les forces de défense et de sécurité du Niger constituent certainement aussi une fierté pour la sous région du Sahel, celle Ouest-africaine et du continent (africain), à tel point que le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres était venu à Niamey le 2 Avril 2022, pour exprimer personnellement son soutien et son engagement à renforcer ce dispositif sécuritaire, en passe d’endosser un statut continental.
Combien de gens ouvrent les yeux sur la réalité ?
Cette stratégie antiterroriste du Niger a également longtemps fait parler d’elle, aussi bien au plan national qu’international (pas besoin d’exposer les détails). Une stratégie proprement nigérienne, en constante réadaptation au fil des contingences du moment et des évolutions de la question sécuritaire, depuis 2015.
Malgré l’immensité du territoire nigérien (une autre réalité immuable de terrain à regarder en face, mais pour laquelle aucun gouvernement nigérien n’a cherché des excuses, depuis plus de 10 ans), soit 1. 267. 000 km2, le pays est entièrement quadrillé de part en part, par des opérations spéciales délocalisées. Chaque zone d’intérêt sécuritaire du pays est occupée stratégiquement et militairement par une opération spécialisée de terrain (chapeau aux hommes sur place !).
C’est grâce à ces hommes de terrain, qui tombent souvent pour notre protection à tous, face aux épreuves, que dans chaque partie du pays, en ville comme en campagne, les gens vaquent tranquillement à leurs activités et dorment aussi sur leurs oreillers, au quotidien. C’est ainsi que l’on peut citer Almahaou au Nord, Faraoutar Bushia au Centre, la force multinationale mixte (FMM) à l’Est, Taanli1, 2 et 3 à l’Ouest, pour ne citer que celles-là.
Le vaste territoire nigérien connait ainsi un maillage adéquat, une couverture sécuritaire exceptionnelle, assortie d’un programme socioéconomique gouvernemental, en matière d’investissement pour impulser le développement local. Cela explique tout simplement que la réponse aux questions sécuritaires n’est pas à 100% totalement militaire.
Autres aspects de la réalité de terrain
Pour mieux comprendre la force de la stratégie antiterroriste du Niger, il faut sereinement avoir le courage d’ouvrir les yeux également toute la réalité de terrain de ce pays dont la géographie décide de son sort socioéconomique et même politique. Le Niger est déjà une porte d’entrée sur le continent africain par son côté Nord, c’est-à-dire le Nord magnétique, où l’instabilité passe constamment pour être la loi sur tous les citoyens.
La chute de la Libye ouvre tous les dangers sécuritaires sur le Niger, n’eut été l’anticipation des autorités nigériennes sur la question. L’Algérie voisine également, en maîtrisant ses terroristes et autres trafiquants aurait pu donner un coup fatal au Niger, qui partage une longue frontière non protégée entre ces deux pays du Maghreb (Libye et Algérie).
A l’Est et au Sud, c’est-à-dire au Tchad et au Nigéria, où la secte islamiste Boko Haram avait commencé ses incursions djihadistes, avant de se métastaser en 2015, pour enjamber les frontières du Niger et perpétrer des attaques dans le Bosso nigérien, notamment la région de Diffa, il faut reconnaitre que le pays a réussi à peaufiner une stratégie qui a répondu aux exigences du terrain.
Sans l’effort personnel remarqué du Niger, ses soldats et du leadership de son président (Issoufou Mahamadou) pour intégrer le Cameroun dans la constitution de la force multinationale mixte (FMM), le bassin du Lac Tchad serait encore problématique aujourd’hui !
A l’Ouest, le Niger bataille seul à la fois sur plusieurs fronts et sur des centaines de kilomètres, où il n’y plus la présence de l’Etat burkinabè depuis l’avènement du second coup d’Etat intervenu le 30 septembre 2022. A la frontière du Niger avec le Burkina Faso, comme celle du Mali au Nord-Ouest, aucune présence de deux pays, encore moins leurs forces dites « de défense et de sécurité ».
C’est la réalité de la fameuse « zone des trois frontières », où seul le Niger se bat vigoureusement contre les forces du mal ayant élu domicile sur les zones burkinabè et maliennes de cette frontière. Si l’on refuse d’ouvrir les yeux, la solution ou la réponse effective et adaptée à cette autre réalité dans cette zone dite des trois frontières ne viendra pas d’un miracle.
Une réponse en constante adaptation à la réalité du terrain !
Les études ont largement montré que la solution la plus efficace ou encore la réponse la plus adaptée aux défis sécuritaires est obtenue en pratique à 80% de besoins socioéconomiques des populations réalisés et 20% en termes de couverture militaire proprement dite, (allons y voir en Algérie et en Mauritanie). Or, les besoins socioéconomiques des populations locales en zone d’insécurité peuvent bien être pris en charge ou résorbés à travers un programme d’investissement à caractère social.
En réalité, l’amenuisement des ressources locales autour des terres cultivables, des conflits champêtres, des disputes autour des zones de pâturage et des conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs dont les ressources soit en eau, soit le couvert végétal sont au centre. Si un forage règle le problème en saison sèche pour abreuver les animaux d’un côté et un autre forage pour les besoins en eau potable des habitants de l’autre ou bien la solution : un hameau, un forage ?
Qu’adviendra-t-il si aucun forage n’a été réalisé depuis des années dans un tel village ? La présence de l’Etat et son investissement pour la réalisation des services socioéconomiques de base sont les actes qui traduisent la meilleure réponse de terrain aux défis sécuritaires du Sahel encore en ébullition.
A regarder la réalité en face, le Niger est un pays qui a bravé beaucoup de risques et aurait pu même disparaitre avec les conséquences de la chute de la Libye. En cause, des milliers d’armes de guerre, de la devise importante estimée en milliards, de la drogue, des pierres rares, des biens meubles (voitures, or, argent, diamant), du trafic, des bandits de hauts niveaux, des combattants étrangers venus de loin commettre leurs forfaitures ont traversé le territoire un moment.
MOUSSA NAGANOU