Le Tchad a décidé de faire la lumière sur l’assassinat de l’ancien président et maréchal Idriss Deby Itno en 2021, suite à l’offensive du Front pour l’alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Le Tchad, sous la houlette du fils du défunt maréchal s’était préoccupé de prendre le pouvoir à Ndjamena, en s’attelant à mettre sur pied des institutions fortes et crédibles de la République tchadienne, dans un pays marqué par une instabilité politique chronique.
L’idée d’un procès visant à faire la lumière sur la mort du président Idriss Deby Itno était reléguée aux calendres grecs, en réduisant cette mort à un évènement presque banal.
Le 20 avril 2021 constitue un tournant décisif dans la vie politique du Tchad à la solde des forces « politico-militaires », qui font la pluie et le beau temps au pays de François Tombalbaye, et ce depuis l’assassinat de ce dernier lors d’un coup d’État, qui remonte au 13 avril 1975 à N’djamena.
Cet épisode macabre a plombé le Tchad dans des interminables rébellions toujours aux aguets, à la porte de la capitale en semant la désolation au sein des populations, tout en multipliant des stratégies de conquête du pouvoir par les armes. Contrairement à ses prédécesseurs, le Maréchal Idriss Deby Itno a connu une longévité au pouvoir, dirigeant le pays d’une main de fer pendant plus de 30 ans. Il s’était imposé à la tête de son pays, en faisant face à toute forme de rébellion, en vain.
Ainsi, Il était devenu célèbre pour sa bravoure sur les terrains de combat militaire, confirmant son rang historique de chef de guerre. Son fils qui l’a succédé a décidé de prendre le taureau par les cornes en rendant justice au père. Pour ce faire, 454 personnes accusées devront comparaître pour « terrorisme, mercenariat, enrôlement d’enfants, atteinte à la sûreté nationale et l’assassinat du président-Marechal Idriss Déby Itno».
Tous encourent une condamnation à perpétuité dans un pays devenu tristement célèbre pour ses procès expéditifs de masse. Les réactions des ONG internationales n’ont pas tardé à voir le jour. Toutes, à l’instar de certaines capitales occidentales se sont émues de ce « procès de masse », compte tenu des circonstances singulières au sein de la prison de Koro Toro, en plein milieu du désert, surtout en l’absence d’avocats et du regard de la presse indépendante.
De lors, on comprend aisément la protestation des avocats des accusés face à un délai aussi court, relevant entre autres faits, le volumineux dossier commun à tous les accusés qui leur a été transmis à la « toute dernière minute ».
Une attitude qui tranche avec les droits de la défense, à tout point de vue. Par ailleurs, ce procès pourrait être instrumentalisé à des fins de diversion, dans un contexte marqué par une crise politique et économique aiguë.
L’exemple de la Guinée Conakry nous a enseigné la capacité des pouvoirs à brandir un évènement afin de détourner l’attention des populations de leurs préoccupations majeures. Enfin, c’est une grande opportunité pour le jeune général Mahamat Idriss Deby de redorer aussi son image aux yeux du clan qui le soutient contre vents et marées. Sûrement, une occasion en or vient de s’offrir au pouvoir tchadien de réduire au silence des potentiels fauteurs de trouble.
ABOUBACAR SOUMAÏLA