Réponse du berger à la bergère, ainsi pourrait s’assimiler la réponse ou la réaction d’Assimi Goita aujourd’hui maître à bord du navire Malien au refus des mouvements rebelles du Nord de soutenir le référendum constitutionnel. Seulement huit jours après avoir proclamé la victoire en faveur de la nouvelle constitution que la junte militaire malienne a procédé à un remaniement ministériel, qui permet aux militaires de se tailler la part du lion dans cette nouvelle équipe gouvernementale.
Le premier élément de ce gouvernement qui tranche avec le précédent, c’est désormais la faible représentation des groupes rebelles du Nord (de 4 ministres, ils se retrouvent à 2 au gouvernement), confortant ainsi la crise avec Bamako et surtout faisant le lit de la partition du pays entre le Nord et le Sud. Si les groupes rebelles ont accordé peu d’intérêt à un tel remaniement, le qualifiant même de « non-événement » il n’en demeure pas moins que ce message est sans appel et révèle la position de Bamako qui désormais garde une position jusqu’au-boutiste grâce notamment aux nombreux faucons qui assiègent le palais de Kati.
Mais l’autre fait frappant de cette nouvelle équipe, c’est le renforcement de la présence des militaires autour d’Assimi Goita donnant l’impression que l’homme fort du Mali se prépare une garde rapprochée en vue des échéances électorales futures. Ce sont au total treize nouveaux ministres qui font leur entrée au gouvernement avec toujours à leur tête le Premier ministre Choguel Maiga quoique affaibli dont certains partis politiques avaient espéré le départ en vue de la création d’un mouvement d’union nationale. Grande fut donc leur désillusion de constater qu’Assimi Goita se prépare visiblement à se pérenniser au pouvoir, d’autant plus que la nouvelle constitution du Mali le lui permet.
Si le Premier ministre Choguel Maiga conduit encore l’équipe gouvernementale, il n’en demeure pas moins affaibli par le débarquement d’un nombre de ses ministres issus de la coalition avec le désormais très sulfureux Mamoudou Dicko tombé droit dans le viseur d’Assimi Goita avec la confiscation de son passeport diplomatique pour le tenir en respect. Le colonel Assimi Goita est conscient du tournant décisif qu’il emprunte après un passage en force de la constitution malgré les nombreuses contestations qui persistent encore au sujet de sa légitimité.
Rien ne pourra désormais s’opposer au pouvoir de Kati déterminé à conduire les rênes du pays, malgré la levée des boucliers tant à Bamako qu’à l’intérieur du pays notamment dans le camp des rebelles déterminés à contester Assimi Goita dans son élan vers le maintien définitif du pouvoir et le juge constitutionnel qui a encore son coude sur les résultats du référendum.
ABOUBACAR SOUMAÏLA