A défaut d’avoir des bases militaires russes légalement constituées en Afrique, les amis du président russe Vladimir Poutine comme Evgueni Prigojine, le fondateur du groupe privé des mercenaires Wagner a déjà réussi tout de même au profit de l’empire russe à sous-traiter le business de la sécurité avec des régimes dictatoriaux en Centrafrique, en Libye, au Soudan, au Mozambique, au Mali et au Burkina Faso. En plus du business de la sécurité garantie aux palais présidentiels illégitmes africains, un business assorti de la neutralisation des oppositions à travers la corruption, l’exaction des civils, la manipulation des populations via une désinformation massive, il y a également l’octroi des contrats juteux des mines d’or, du diamant ou encore des hydrocarbures.
Le groupe paramilitaire privé Wagner possède entre 3000 et 4000 soldats en Afrique et repartis entre le Soudan, la Libye, le Centrafrique, le Mali et des forts soupçons au Burkina Faso. Des tueurs professionnels qu’aucun gouvernement sérieux ne peut solliciter le service pour s’attaquer à sa propre population.
Depuis l’échec de la rébellion du fondateur du groupe, Egueni Prigojine contre son patron, le président russe Vladimir Poutine et sa mise en quarantaine en Biélorussie, les dicteurs africains sous-traitant leur sécurité avec Wagner sont pris de cours par surprise. Ils ne savent plus à quel saint se vouer, d’autant que l’éviction certaine de Prigojine de la tête du groupe est imminente et sème la panique et le doute chez les « amis africains » quant à l’avenir de la collaboration.
Dans les pays cités ci-haut, non seulement les mercenaires du groupe assurent la sécurité des palais présidentiels mais s’occupent également de l’élimination physique des groupes des populations civiles désignées par les régimes comme des ennemis ou des terroristes. Aussi, les mercenaires de Wagner polluent l’atmosphère politique par une corruption des opposants, une manipulation des populations avec un système très sophistiqué de désinformation.
Lorsque Wagner n’arrive pas à infiltrer des régimes stables, ses sbires tentent leur recrutement au sein de l’opposition politique ou au sein de la société civile, qui devient si vile pour sa noble mission. Influenceurs et acteurs politiques de moindre envergure sont infiltrés et recrutés pour servir de relai local à la manipulation et à la désinformation, en vue de déstabiliser à tout prix les régimes démocratiques du continent africain pour pouvoir trouver de la place à sous-traiter de la sécurité et puis glisser subtilement dans les offres de services divers.
Le travail des mercenaires de Wagner vise donc principalement à l’élimination des populations civiles désignées comme cible ou leur manipulation dans une moindre mesure. Les analystes estiment entre 52 à 72% des populations civiles victimes dans les pays où l’on note la présence de Wagner.
Pourquoi les dictatures rejettent les forces africaines et Onusiennes
Partout où les mercenaires de Wagner sont présents, ils justifient le rejet des forces Africaines et celles Onusiennes à cause de leur « inefficacité à lutter contre le terrorisme » mais surtout leur bienveillance au respect du droit international humanitaire. Pour les dictatures Africaines, les forces de Wagner font le sale boulot au service des régimes en place, en mal de légitimité et font face à d’énormes adversités politiques de l’intérieur.
Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a été obligé de changer au moins 4 bureaux d’intervention rapide (BIR) dans la lutte antiterroriste pour voir comment reprendre en main la situation sécuritaire mais surtout un nouveau patron à la direction de la lutte contre la cybercriminalité au pays dit des hommes intègres. D’autant que depuis la paralysie du fonctionnement du groupe avec la fuite du chef en Biélorussie, les activités tournent au ralenti ou presque sur le continent africain.
Au Mali, c’est un remaniement ministériel visant à reprendre en main tout l’appareil d’Etat, qui a été concocté le Samedi 1er Juillet 2023. Ce remaniement qui risque de provoquer plus d’insécurité à la junte militaire au pouvoir a déjà visé à affaiblir le Premier ministre Choguel Maïga avec une réduction drastique des postes de la force politique qui soutient le Chef du gouvernement et deux des quatre membres des groupes des ex-rebelles du Nord.
En Centrafrique, l’on tâtonne encore en espérant que Vladimir Poutine maintienne Prigojine à la tête des filiales africaines du groupe afin que les réseaux traditionnels de corruption et du marché noir du « diamant du sang » puissent survivre et continuer à gangrener la mafia en érodant et affaiblissant les forces politiques et socioéconomiques centrafricaines pour ainsi permettre à l’Archange de Bangui de réaliser l’OPA sur son 3è mandat. Au Soudan, où la guerre fait déjà rage, le général El Burhane se serait aperçu à Moscou en train de négocier le soutien de Poutine pour gagner la guerre fratricide en cours.
MOUSSA NAGANOU