Le Dimanche 29 janvier 2023, les ressortissants des communes rurales du Gorouol et de Bankilaré toutes communautés confondues, ont rendu publique une déclaration de presse, à la maison des jeunes Djado Sékou de Niamey, à l’effet d’examiner la situation socio-économique et sécuritaire que vivent les populations de cette zone. Selon le représentant des ressortissants de Gorouol et Bankilaré, M. Abass Idrissa « de toutes les communes du Niger, seules celles de Bankilaré et du Gorouol font frontière à la fois avec le Mali et le Burkina, zone des trois frontières (Burkina-Mali Niger), en un mot le centre de gravité des trois frontières où vivaient ensemble les populations Sonrai, Touaregs et Peuls en parfaite symbiose ». Mais depuis plus de cinq ans, cette symbiose et cette harmonie légendaires connues sont mises à rudes épreuves par une situation d’insécurité devenue permanente, la terreur s’y est installée.
Depuis que les terroristes sont menacés du côté du Burkina et du Mali, Ils se sont repliés sur les communes du Gorouol et de Bankilaré. Aujourd’hui, toute la partie nigérienne de la zone des trois frontières est touchée par cette insécurité, notamment le département de Bankilaré, le département de Téra, plus précisément les communes rurales de Bankilaré, Diagourou, Gorouol, Kokorou, et Méhenna. Pour M. Abass au regard de cette situation d’insécurité grandissante, « on aurait pu s’attendre à la mise en place d’un dispositif sécuritaire particulier », sans le préciser exactement. Il dénonce avec force l’assassinat, l’enlèvement des personnes et le vol du bétail.
« Les troupeaux enlevés n’ont jamais été rattrapés, alors même qu’ils se déplacent à pieds », précise-t-il. Il pose plusieurs interrogations et avance des chiffres sur la statistique des populations délacées, des écoles fermées, le nombre des élèves hors des classes. « Actuellement le nombre de déplacés installés à Téra et à Bankilaré s’élèvent à plus de 10 000 personnes dont 15 chefs de village, tous les maires et les conseillers communaux », affirme-t-il. Parlant de l’éducation, Abass Idrissa déclare que le système scolaire depuis plus de cinq est perturbé avec une grande partie des écoles fermées dont 87 dans la commune rurale de Bankilaré comptant 5 810 élèves et 81 écoles dans la commune rurale du Gorouol comptant 11 091 élèves soit au total 16 901 élèves concernés.
Sur la situation économique, « la restriction de la mobilité du fait de l’interdiction de circulation des motos, l’absence de communication téléphonique du fait de la destruction des antennes de la téléphonie mobile qui, constituent des moyens de communication indispensables en période d’insécurité, le vol du bétail qui représente le moyen de thésaurisation privilégiée des populations rurales et le paiement obligatoire d’impôts et diverses formes de taxes », explique-t-il.
Tout en reconnaissant les efforts fournis par l’Etat, notamment à l’occasion du déplacement des populations de Fantio, de Kolman etc.., à notre corps défendant force est de constater que le mal gagne du terrain, pour preuve « la dernière situation de Téguey où les terroristes ont sommé la population de quitter leur village dans un délai de 48 heures ».
Face à cette situation dramatique, les ressortissants des communes rurales du Gorouol et de Bankilaré ont lancé un appel à toutes les populations de la commune du Gorouol et de Bankilaré de se mobiliser pour défendre leurs terres, leurs biens et leur dignité devant cette adversité qui leur est imposée.
Avant d’exprimer leur vive préoccupation et leur indignation devant le laxisme de l’Etat du Niger face à la situation sécuritaire qui prévaut dans la zone des trois frontières, les ressortissant des communes rurales de Gorouol et de Bankilaré demandent le renforcement du dispositif sécuritaire et surtout l’organisation d’un forum sur le dialogue et la paix entre les populations concernées.
RAMATOU OUMAR LABARAN