Une solution endogène pointe à l’horizon dans la zone des trois frontières nigériennes. En réalité depuis la signature de l’Accord de Paix historique de Banibangou, les populations de la région de Tillabéry sont chaque jour inspirées par la volonté d’une mobilisation conséquente pour défense leurs intérêts communs.
L’insécurité se nourrit des divisions intestines des populations, cette réalité parait désormais bien assumée aujourd’hui. Cela fait déjà cinq ans que plusieurs départements de la région connaissent un phénomène d’insécurité, qui se manifeste par des attaques à mains armées, des assassinats, des enlèvements des personnes, du vol du bétail et des biens divers etc.
Au nombre des phénomènes, qui ont accentué l’insécurité, la circulation massive d’armés à feu, la drogue, le vol, les braquages sur les routes, l’attaques des marchés hebdomadaires, l’attaque des récoltes, le tout sous une propagande associant la religion. Le phénomène est tel que l’on a passé du « banditisme djihadiste, à la djihadisation du banditisme », comme l’a su bien dit le président Mohamed Bazoum lors de sa visite de 48 heures de travail dans la région des trois frontières, en 2022.
Privilégiant l’approche du dialogue depuis longtemps, en vue de pouvoir parvenir à une approche endogène de la solution au phénomène d’insécurité. Une solution qui a l’avantage d’être plus inclusive et plus légitime.
Toute chose, qui permet de maintenir les populations sur leurs villages d’origine, ce qui leur permettra sans nul doute de « défendre leurs terres, leur dignité » et donc leurs biens les plus précieux, comme le veulent les populations de Bankilaré et du Gorouol aujourd’hui.
Misant déjà en amont sur le renforcement du dispositif sécuritaire, dont c’est le rôle régalien de l’Etat, par un maillage conséquent du dispositif sécuritaire au profit notamment du très vaste territoire nigérien, où toutes les régions le réclament. Le président Mohamed Bazoum était parti dans cette zone des trois frontières porter un message constructeur de paix durable avec toutes les composantes des populations locales.
Il a même tenu des réunions du conseil national de sécurité délocalisé et élargi au niveau régional et départemental avec toute la hiérarchie militaire. Le président Mohamed Bazoum le sachant déjà comme son homologue algérien, la solution de l’insécurité est à 20% militaire et à 80% d’ordre socioéconomique, à travers des investissements.
Parce que, quoiqu’on fasse et quoiqu’on dise, c’est autour des ressources en raréfaction continue à cause des effets du changement climatique que la colère des populations monte. Les communautés disputent la propriété des champs et des zones de pâturages, qui s’amenuisent depuis longtemps.
Moins d’un an après la visite de travail dans cette zone des trois frontières du président Mohamed Bazoum, les populations commencent à tirer les leçons d’une approche du dialogue de l’épreuve sécuritaire dans la région. Partout où les populations ont vécu les épreuves de la guerre comme à Diffa ou encore à Tillabéry, ce sont le dialogue et la médiation, qui ont fini par remporter pour imposer la paix aux acteurs, même les plus violents.
Comme les populations de Banibangou, la volonté de celles de Bankilaré et du Gorouol d’obtenir l’organisation d’un forum sur la paix et le dialogue devrait être soutenue par l’Etat et ses partenaires pour appuyer l’initiative locale, qui est bien évidemment louable.
Mais en amont, les intellectuels, les décideurs, les leaders communautaires et religieux, la jeunesse, les femmes, les artistes, éleveurs et agriculteurs (…) de la région devraient se départir de toute manipulation, se dépouiller de tout préjugé sociopolitique, de toute appartenance partisane, de toute intolérance et s’élever au dessus des divergences de vue pour placer les intérêts collectifs des populations, de leurs biens et faire preuve d’une dignité de comportement pour parler un langage franc autour de la sécurité.
C’est par un état d’esprit nécessairement lucide, objectif qu’on requiert un sentiment de fierté, un engagement de fierté. En ce moment déjà, la peur changera de champ et la terreur peut être affrontée et contenue avec les armes de la réalité du terrain.
Avec un échantillon suffisamment représentatif de la région, chacun pourra apporter sa petite pierre à la reconstruction confiante de l’édifice collectif. A l’image des populations de Banibangou, l’initiative de celles de Bankilaré et du Gorouol peut bien trouver des échos favorables au sommet de l’Etat.
D’autant que le président de la République en personne est disposé à soutenir toute initiative locale de nature à renforcer la cohésion sociale et insuffler une dynamique de paix, de développement durable et inclusif.
MOUSSA NAGANOU