Enlevé au Niger en octobre 2016, puis retenu en otage par le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda au Maghreb islamique dans le nord du Mali pendant six ans et demi, Jeff Woodke a été libéré le 20 mars dernier, en même temps que le journaliste français Olivier Dubois. Deux mois après avoir retrouvé les siens en Californie, Jeff Woodke a accepté de donner sa toute première interview d’homme libre à RFI. Travailleur humanitaire dans une organisation chrétienne au moment de son enlèvement, Jeff Woodke est aujourd’hui âgé de 62 ans. Il raconte comment les jihadistes qui le retenaient l’ont accusé d’être un agent des services secrets américains, comment sa foi l’a aidé à tenir malgré d’effroyables conditions de détention, le réconfort que lui a procuré l’écoute de RFI durant sa captivité. Il évoque aussi son combat, désormais, pour les otages toujours détenus, quelle que soit leur nationalité.
Jeff Woodke : Je me sens bien, je prends chaque jour l’un après l’autre, je vais de l’avant. Je suis en train de me soigner physiquement et mentalement. Je suis avec ma famille, mes amis et mon Église. J’ai été accueilli chaleureusement par tout le monde ici, chez moi, et voilà ! Ça marche, petit à petit.
Parce que pendant que j’étais otage, après cinq ans et quelques mois, ils m’ont finalement donné un poste radio. Avant ça, je n’avais pas de communication du tout avec le monde extérieur. Je ne savais pas ce qui se passait. Quand j’ai eu ce poste radio, j’ai écouté religieusement RFI chaque matin. Et j’ai trouvé des informations sur le monde entier. J’ai beaucoup apprécié RFI, c’est RFI qui me donnait un peu l’espoir de vivre encore, avec Mamane bien sûr chaque matin et Charlotte le vendredi ! Donc j’étais très reconnaissant et j’écoute RFI chaque matin jusqu’à aujourd’hui !
Oui, bien sûr. Je n’ai pas été enlevé par le Mujao proprement dit, mais par Al Mourabitoune. Le groupe Al Mourabitoune, ils étaient Mujao avant, puis ils sont devenus Al Mourabitoune, et à ce moment-là, ils étaient liés à al-Qaïda [Al Mourabitoune, allié d’al-Qaïda, est issu d’une fusion du Mujao et des Signataires par le sang de Mokhtar Belmokhtar en 2013, NDLR]. Après quatre mois avec eux, j’ai été transféré à al-Qaïda même. J’ai passé un an et demi avec eux, puis j’ai été transféré dans les montagnes. J’étais avec Ansar Dine, sous la coupe du Jnim. J’ai passé le reste de mon temps avec eux.
Propos recueillis par DAVID BACHE
Enlevé au Niger en octobre 2016, puis retenu en otage par le Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda au Maghreb islamique dans le nord du Mali pendant six ans et demi, Jeff Woodke a été libéré le 20 mars dernier, en même temps que le journaliste français Olivier Dubois. Deux mois après avoir retrouvé les siens en Californie, Jeff Woodke a accepté de donner sa toute première interview d’homme libre à RFI. Travailleur humanitaire dans une organisation chrétienne au moment de son enlèvement, Jeff Woodke est aujourd’hui âgé de 62 ans. Il raconte comment les jihadistes qui le retenaient l’ont accusé d’être un agent des services secrets américains, comment sa foi l’a aidé à tenir malgré d’effroyables conditions de détention, le réconfort que lui a procuré l’écoute de RFI durant sa captivité. Il évoque aussi son combat, désormais, pour les otages toujours détenus, quelle que soit leur nationalité.
Jeff Woodke : Je me sens bien, je prends chaque jour l’un après l’autre, je vais de l’avant. Je suis en train de me soigner physiquement et mentalement. Je suis avec ma famille, mes amis et mon Église. J’ai été accueilli chaleureusement par tout le monde ici, chez moi, et voilà ! Ça marche, petit à petit.
Parce que pendant que j’étais otage, après cinq ans et quelques mois, ils m’ont finalement donné un poste radio. Avant ça, je n’avais pas de communication du tout avec le monde extérieur. Je ne savais pas ce qui se passait. Quand j’ai eu ce poste radio, j’ai écouté religieusement RFI chaque matin. Et j’ai trouvé des informations sur le monde entier. J’ai beaucoup apprécié RFI, c’est RFI qui me donnait un peu l’espoir de vivre encore, avec Mamane bien sûr chaque matin et Charlotte le vendredi ! Donc j’étais très reconnaissant et j’écoute RFI chaque matin jusqu’à aujourd’hui !
Oui, bien sûr. Je n’ai pas été enlevé par le Mujao proprement dit, mais par Al Mourabitoune. Le groupe Al Mourabitoune, ils étaient Mujao avant, puis ils sont devenus Al Mourabitoune, et à ce moment-là, ils étaient liés à al-Qaïda [Al Mourabitoune, allié d’al-Qaïda, est issu d’une fusion du Mujao et des Signataires par le sang de Mokhtar Belmokhtar en 2013, NDLR]. Après quatre mois avec eux, j’ai été transféré à al-Qaïda même. J’ai passé un an et demi avec eux, puis j’ai été transféré dans les montagnes. J’étais avec Ansar Dine, sous la coupe du Jnim. J’ai passé le reste de mon temps avec eux.
Propos recueillis par DAVID BACHE