Rétablir la constitution, réinstaller les autorités élues, en délogeant les juntes militaires par la force, pour inspirer une pérenne stabilité et une force aux institutions démocratiques établies, à même d’impulser le développement amorcé, telles sont les nouvelles dispositions prises par l’Union Africaine, à l’issue des travaux du 36è sommet de l’organisation continentale.
Le 36è sommet de l’Union Africaine s’est clos sur une position de fermeté, à l’égard des ruptures constitutionnelles, à l’unanimité des Chefs d’État et de gouvernement. A en croire aux Chefs d’État africains réunis à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne du 18 au 19 Février, plus aucun militaire ne s’emparera encore du pouvoir d’État pour gouverner tranquillement, en toute illégalité.
Des sources concordantes, les Chefs d’État ont singulièrement musclé leur position au sujet des coups d’État, qui nuisent gravement à la crédibilité, à la notoriété des institutions sociopolitiques et économiques du continent africain aux yeux du reste du monde, à l’heure où celui-ci entend amorcer la phase cruciale de son industrialisation ainsi que la viabilisation de sa zone de libre-échange économique, d’envergure continentale. D’autant que le développement ne saurait s’accommoder de l’instabilité politique, encore moins de la brutalité des phénomènes des coups d’État.
Pourquoi une telle position subite?
Les années en cours offrent une géopolitique faite certes de conflits à travers le monde, dont chaque continent essaie de tirer profit intelligemment, sauf l’Afrique. Mais la génération au pouvoir ou encore celle qui aspire à accéder au pouvoir en Afrique est de plus en plus encline à participer au concert des Nations à égalité avec les filles et les fils des autres nations et surtout avec l’ambition d’affirmer le génie propre des africains à créer des richesses et à promouvoir leurs propres modèles, à l’échelle mondiale.
Les fores de défense et de sécurité ont leur place et leur rôle plus noble à jouer dans une République que de tenter de gérer directement le pouvoir d’État. Assumer déjà la fonction de sécurisation des institutions et la défense du territoire est à n’en point douter une mission, qui fait émerger véritablement la noblesse de l’homme en treillis.
Par ailleurs, une gouvernance démocratique concourant à la stabilité des institutions, la consolidation de l’État des droits, le renforcement de l’unité nationale, le développement et l’émergence des Nations riches et prospères est aussi l’aspiration profonde de cette génération. L’accès à la haute technologie de l’information et de la communication a démystifié aujourd’hui et vulgarisé le privilège de la connaissance.
Pendant longtemps, l’Occident avait été considéré par la jeunesse africaine ou même «l’inconscient collectif africain» comme le détenteur du privilège de la technique. Un logiciel remis en cause aujourd’hui, à telle enseigne que la génération dite « consciente » revendique une place de choix.
Est connaisseur, seul celui qui a donné son temps pour apprendre, autrement dit celui, qui s’est initié. Avec l’accès à la technologie, les barrières de l’ignorance sont tombées comme le mur de Berlin, en 1990, en laissant ainsi place à un monde fait désormais d’un village planétaire, accessible juste par un simple clic digital.
Des raisons légitimes mais avec quels moyens de contrainte ?
Déjà les Nations-Unies saluent et encouragent voire entendent récompenser les forces de défense et de sécurité exemplaires des pays à travers le monde. L’Afrique passe pour un candidat potentiel, à cause aussi bien de la montée en puissance du terrorisme au Sahel et les conflits en cours dans certaines parties du continent africain, notamment dans la région des grands Lacs, au Tigré en Éthiopie, l’Est de la RD Congo etc.
Les Chefs d’États africains suffisamment sensibilisés sur la question des coups d’États répétitifs entendent désormais redynamiser et activer les forces disponibles des organisations sous régionales en attente, pour déloger les auteurs des coups d’État éventuels, à l’image de l’ECOMOG au Libéria, dans les années 1990. Déjà, un projet de création d’une nouvelle force conjointe anti-coups d’État a été adopté en connaissance de cause par les Chefs d’État de la CEDEAO réunis en sommet extraordinaire (62è du genre) en marge du 36è sommet de l’Union Africaine.
Les Chefs d’État africains auraient également acté en accord avec les membres permanents des Nations-Unies, le financement sur la base du chapitre 7 de la création d’une force d’imposition de la paix en Afrique. Une idée fidèlement portée et annoncée publiquement à Addis-Abeba par ANTONIO Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies dans son discours au 36è sommet de l’Union Africaine. Il est temps pour les africains de savoir implémenter leurs stratégies désormais.
MOUSSA NAGANOU