Le groupe de mercenaires privés russes Wagner n’a jamais fini de livrer ses secrets dans la géopolitique internationale, depuis le 24 Février 2022, la date début du déclenchement de la guerre en Ukraine. Evgueni Prigojine, le patron de Wagner, un ancien prisonnier et oligarque russe, un homme d’affaires très intelligent a trouvé la fabuleuse idée de créer un grand groupe de sociétés dans le domaine de la sécurité, de la presse et du renseignement qu’il finance gracieusement au profit de l’expansion de la Russie dans le monde.
Evgueni Prigojine, le patron de Wagner, un milliardaire russe très proche du président Vladimir Poutine a érigé son empire sécuritaire, de médias et de renseignement juste à proximité du ministère russe de la défense. Ses connexions avec le Kremlin, la présidence russe sont établies et diversement démontrées par des enquêtes journalistes, dont la plus récente est celle réalisée par Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova, « Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine », consacrée d’ailleurs 38è Prix Albert Londres, le 28 Novembre dernier.
Ainsi Wagner est un groupe privé d’une armée exclusivement constituée des mercenaires engagés pour aller combattre sur le terrain des théâtres de guerre dans le monde entier, au profit de la Russie, de l’extension de son empire et la défense de son image. Wagner couvre également une unité spéciale de renseignement militaire non pas pour sanctionner des cas de violations des droits de l’homme mais au contraire pour « sanctionner ou exécuter des combattants des membres de Wagner rebelles », qui expriment le besoin de quitter ou de rompre leurs contrats ou bien qui désertent.
Lorsqu’on s’engage à Wagner, il n’y a plus de moyens de se retirer, sauf par la désertion ou la fuite. Pourtant, biens des contrats sont rédigés avec la précision d’une durée déterminée, de quatre mois par exemple et qu’on proroge sur le terrain de combat, sans avoir requis l’accord des combattants concernés.
L’unité spéciale de renseignement de Wagner surveille et enquête sur la discipline des mercenaires engagés sur le terrain à réaliser uniquement le « sale boulot » déterminé. Le renseignement de Wagner est destiné à contrôler les mercenaires en exercice, à travers le monde.
En plus de l’unité spéciale de renseignement, le groupe Wagner possède une filiale composée d’un groupe de médias. Plus d’une centaine de journaux privés sont associés à Wagner avec des médias en ligne gracieusement pris en charge et totalement par l’Internet research agency (IRA) pour fabriquer des informations orientées et diffusées dans le monde en direction des cibles privilégiées de la Russie.
L’IRA crée des virus et dispose de l’antivirus, développe des algorithmes puissants visant à pirater les données des pays cibles et en même temps manipule au moyen de la désinformation massive. C’est avec une telle technologie que Wagner intervient dans la vie politique des pays, notamment au moment des élections.
Sur le plan politique, les mercenaires du Web russes créent, fabriquent et montent des fausses vidéos et des images sorties totalement de leurs contextes pour manipuler des opinions publiques dans des pays cibles. Cela vise à créer de graves polémiques sur des sujets, sur des affaires en cours et sur des évènements voire à provoquer des crises politiques.
Si dans les autres pays à longue tradition démocratique, les désinformations provoquent uniquement des crises factuelles et des scandales profonds conduisant souvent à la chute des acteurs majeurs comme des ministres, des responsables d’organismes et autres institutions stratégiques de prestige national ou leur démission pure et simple. En Afrique, les mêmes types de crises provoquent quant à elles la chute des régimes par la violence, notamment par des coups d’État.
En Afrique précisément, où les démocraties sont encore au stade d’immaturité, où les forces sont faibles et les institutions fragiles, les coups d’État militaires sont désormais nourris et les argumentaires soutenus depuis les bureaux de Wagner pour espérer avoir des partenaires au plus haut sommet des États africains. Les opposants politiques, les activistes du Web, les activistes de la société civile critiques des pouvoirs en place sont approchés, recrutés et financés à grands frais comme des acteurs de relai aux activités des agents de Wagner à distance.
Et l’Afrique qui est déjà considérée par elle comme une victime des relations internationales, plutôt qu’un acteur depuis l’avènement de la diplomatie doit se préparer pour ainsi se positionner en conséquence. Lire également « Globalisation : L’Afrique et l’Ordre Libéral Mondial ébranlant, quelle posture à adopter? »
MOUSSA NAGANOU