Il est urgent que l’Afrique se réveille de son profond sommeil et pouvoir ainsi se relever de sa chute historique sur le plan politique et économique. D’autant que la guerre russo-ukrainienne vient de dévoiler aussi un véritable scandale des pays africains incapables de se nourrir, depuis plus de six (6) siècles d’indépendance.
A quelque chose malheur est bon, enseigne l’adage populaire tiré des conversations quotidiennes des africains sous l’arbre à palabres. Ainsi, les africains doivent cesser de trahir leurs ancêtres, les anciens Ethiopiens, Egyptiens, Nubiens, Soudanais ou encore Libyens.
Des terres bien arrosées par le fleuve Nil, les africains avaient su transformer leurs territoires en centre du monde, à tel point que le reste du monde ne pouvait trouver refuge, réconfort, aliment, science et initiation mystique qu’en Afrique. La même agriculture inspirée aux africains depuis l’époque pour nourrir l’humanité n’a pas encore changé ni de nature ni de semences (les grains, les légumes, les fruits).
Les autres peuplades de l’humanité avaient cru bon quelque fois de pratiquer « la traite des êtres humains pour accéder aux grains », comme ce fut le cas au temps du prophète Joseph ou Youssouf «vendu» à la cour du roi africain en Egypte, tel que rapporté par les récits résistants encore aux épreuves du temps. Aujourd’hui, l’Afrique s’exprime à l’envers, c’est-à-dire les pieds en l’air et la tête en bas, incapable de toute innovation en vue de prendre en charge sa population, qui culmine autour d’un milliard d’habitants en 2030.
Pendant que l’horizon 2030 s’approche au galop, l’agenda du même nom inspiré par l’Union Africaine pour développer l’économie du continent bat encore de l’aille, dans beaucoup de pays, à cause notamment des reculs démocratiques et économiques liés à l’incapacité des classes politiques à insuffler une dynamique à même de propulser la société vers le développement. L’Afrique est-elle devenue un grand bambin du monde à nourrir éternellement?
La guerre russo-ukrainienne vient de dévoiler un des graves échecs du continent africain sur la politique agricole. L’Ukraine, qui est restée permanemment en guerre se trouve être aujourd’hui encore par la curiosité de l’Histoire le plus brave cultivateur et nourricier des Africains.
L’Ukraine est en effet, malgré la guerre, le plus grand exportateur du blé, de l’orgue, du tournesol et du maïs au monde. En mi-février 2022, lorsque la Russie avait lancé son offensive sur l’Ukraine, des navires de plus de 20 millions de tonnes de céréales avaient été boqués sur la mer noire et privant du coup l’accès de ces denrées alimentaires aux populations africaines.
Un blocage des navires, qui avait stoppé net le trafic maritime ainsi que l’accès aux denrées alimentaires et la première conséquence a été l’inflation, c’est-à-dire l’augmentation généralisée des prix des premières nécessités en Afrique. Il a fallu une diplomatie active du président de l’Union Africaine de l’époque, Macky Sall du Sénégal pour arracher un accord économique entre la Russie et l’Ukraine permettant de libérer les navires en vue de faire accéder aux populations africaines des céréales.
Cet accord est venu à son terme et sa reconduction tacite n’a pas été un acquis encore pour l’Afrique. Mais une lueur d’espoir apparait à l’horizon avec une proposition de l’Ukraine de sa reconduction de 120 jours, c’est-à-dire 4 mois mais la Russie, qui veut avoir des alliés en Afrique insiste sur 60 jours et donc la moitié sous forme d’opposition de non recevoir laconique.
La guerre russo-ukrainienne passe aussi pour un moyen de désillusion pour les Etats africains à développer et mutualiser une politique agricole commune, ne serait-ce que pour affronter ensemble les défis commun de l’autosuffisance alimentaire du continent. De la Corne de l’Afrique en Ethiopie au Botswana et du Maghreb au Congo, certains pays du continent comme le Niger ont déjà été inspirés et ont mis au point une politique agricole éprouvée dénommée « initiative 3 N » pouvant être copiée, expérimentée et implémentée à l’échelle du continent.
Le Niger est en effet, ces dernières décennies le pays du continent le plus expérimenté et entré dans une profonde transformation sociopolitique et économique exemplaire. En réalité, le succès de l’alternance démocratique a été sur plan politique une opportunité de stabilité permettant de valoriser les acquis socioéconomiques, ainsi que les perspectives à l’échelle continentale avec le développement et la viabilisation de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF) déjà inspirée par le Niger et assortie de la politique d’industrialisation ainsi que celle de la monnaie commune autonome affranchie de la tutelle française, avec la fermeture des comptes d’opération à la banque centrale française (BNP-Paris Bas). Même si le débat persiste, les pays devraient avancer vers le développement institutionnel vers la concrétisation des perspectives économiques.
En récapitulatif, la guerre russo-ukrainienne a révélé un scandale de gouvernance en Afrique, qui se présente en même temps comme une opportunité pour les dirigeants du continent de ressaisir pour rebondir ainsi sur le meilleur pied de l’équilibre, avec un choix adéquat des priorités socioéconomiques. L’Afrique, au même titre que le reste du monde doit aussi gagner l’économie de la guerre, à travers des investissements audacieux dans des domaines prioritaires et stratégiques. Car, il n’y a pas de fatalité.
MOUSSA NAGANOU