Djibo, ce nom rime aujourd’hui avec l’avènement des premières attaques djihadistes, qui ont ébranlé et endeuillé plusieurs familles burkinabè. En effet, la ville de Djibo fut le point de lancement des activités macabres des terroristes au Burkina Faso, notamment avec l’avènement du prédicateur Ibrahim Malam Dicko, qui a élu domicile sans encombre pendant plusieurs années, diffusant allègrement son idéologie basée sur l’extrémisme religieux.
Ainsi, fort de son ancrage dans cette ville, il a procédé au recrutement de ses premiers « soldats de la terreur ». Ce qui lui a permis de lancer son mouvement insurrectionnel à partir de 2016.
Ce fut le début de l’embrasement du pays des hommes intègres, tombé sous le joug de la terreur. Le Burkina Faso vient d’ouvrir ainsi une des pages les plus sombres de son histoire politique et institutionnelle.
Dès lors, il n’est pas étonnant que les premières attaques terroristes qui ont eu lieu dans les environs de cette ville, devenue tristement célèbre, du fait qu’elle passe pour la pépinière des djihadistes au Faso. Les attaques autour de cette ville ont contraint les nombreux déplacés internes à venir trouver refuge à Djibo.
Cette situation a eu pour conséquence d’isoler Djibo loin des secours humanitaires, sous la férule des groupes armés, en créant ainsi un véritable « no man’s Land », un territoire coupé du reste du pays et devenu hors de portée de l’administration centrale burkinabè.
Toutes les possibilités de ravitaillement depuis Ouagadougou à la ville martyre de Djibo sont tombées dans le collimateur de ces groupes terroristes dont les récentes menaces continuent de dissuader les bonnes intentions à les secourir. Le dernier convoi d’hélicoptère ayant ravitaillé en vivres les populations djibolaises date du 4 Novembre 2022 et il n’y a plus rien à avaler pour les populations, alerte un défenseur des droits de l’homme.
Plusieurs convois ont fait l’objet d’attaques, en moins de deux mois occasionnant un lourd bilan. Aujourd’hui encore, la ville de Djibo est coupée des secours humanitaires et offre un spectacle désolant digne d’un crime contre l’humanité, sous le silence coupable et complice d’une communauté internationale avide de beaux discours.
Les différentes juntes militaires au pouvoir, depuis le colonel Damiba et aujourd’hui encore celle du capitaine Ibrahim Traoré n’ont pas pu délivrer Djigo des ténèbres du terrorisme. Parlant de la situation de la population affamée de Djibo, le capitaine Ibrahim Traoré a affirmé que les habitants mangeaient « des herbes » sauvages.
Sans tenir oublier les besoins de la population civile en médicaments et en soins de base, qui sont désormais devenus un luxe. Malheureusement, l’Afrique regorge de multiples exemples de villes où de régions martyres encore.
Le cas de l’Est du Congo devenu, on l’espère, une préoccupation majeure devrait interpeller les consciences africaines, qui observent impuissamment à l’étouffement des masses, les réduisant à jusqu’à des « sous-hommes» face à une communauté internationale prétendument éprise de paix et de justice.
ABOUBACAR SOUMAÏLA