La situation sécuritaire au Sahel devrait inquiéter plus d’un Etat démocratique, d’une organisation humanitaire et des armées républicaines. Le Mali et le Burkina Faso sont entrain de devenir chaque jour, un terreau favorable à l’installation progressive des forces du mal, notamment avec l’implantation de plusieurs groupes terroristes.
Le Centre du Mali, le Nord et l’Ouest sont pratiquement occupés par des groupes terroristes et ce malgré le grand bruit des autorités de la junte militaire installées vers le Sud du pays à Bamako et à la garnison de Kati. En réalité, ce sont des groupes terroristes armés affiliés à l’état islamique au grand Sahara (EIGS) et à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui écument les deux pays et contrôlent la majeure partie des territoires malien et burkinabè, au Centre et au Nord, depuis longtemps.
Les mêmes groupes terroristes armés ou leurs ramifications et autres extensions se retrouvent fortement implantés au Burkina Faso voisin et sèment les massacres et la désolation au Nord, à l’Est et à l’Ouest du pays dit des hommes intègres. La ville de Djibo au Nord du Burkina Faso passe même pour une véritable pépinière de l’expérimentation du terrorisme au Faso, avec leurs prédicateurs ayant permis de lancer ce phénomène néfaste au pays des nationalistes comme les présidents Maurice Yaméogo et Thomas Sankara.
Pire encore, au Mali et au Burkina Faso, la faiblesse des forces politiques, des institutions et les régimes qui en sont découlés, des démocraties fragiles pour le moins ont vite été emportées par les vents nocifs, aveugles et hostiles à tout débat socioéconomique et politique civilisé. Ces nouveaux vents soufflés par l’aveuglement et l’obscurantisme issus de diverses manipulations des forces proches du Kremlin (Russie) se nourrissent également de la pauvreté des terres cultivables, des pâturages desséchés à perte de vue, des conflits champêtres séculaires entre exploitants du monde rural, des conflits d’intérêts entre agriculteurs et éleveurs, du chômage des bras valides des jeunes ruraux, de la jeunesse urbaine mais surtout de l’ignorance.
Malheureusement, au lieu de soigner le mal, en vue de le guérir plus vite, il s’aggrave du fait à la fois d’une donne et d’une offre politique aveuglée par la fermeture des portes du dialogue sociopolitique permettant de mettre sur la table les défis réels des pays, les regarder en face et s’en attaquer courageusement. La donne politique étant des régimes installés par la force et leur offre politique reste de même nature et obéit également à la force, voire la violence (les coups d’Etat).
La nouvelle donne politique
Les régimes militaires issus des coups d’Etat au Burkina Faso et au Mali passent inévitablement à l’engourdissement, à l’énervement, à la crispation, à la violence par la mégalomanie des acteurs au plus haut sommet de l’Etat. Ils sont des colonels, des capitaines et leurs supplétifs civils tirés au noir de la société civile et même du monde des partis politiques, qui assènent de la violence verbale et institutionnelle dans leurs pays.
Ils expulsent à tour des bras des acteurs institutionnels et personnels des droits de l’homme et de la diplomatie. Au Mali et au Burkina Faso, ils ont commencé par dénoncer des accords de coopération militaire au nom d’une diversification de partenariat militaire, pour disent-ils libérer leurs pays, sans que les démocraties ne bronchent.
Alors que la coopération militaire avec les partenaires occidentaux ont déjà permis de former un nombre important des armées africaines et des spécialisations indispensables à la sécurité de nos pays. Mais l’aveuglement des juntes militaires parvenues au pouvoir, bien que la plupart en sont la substance pour avoir bénéficié d’une telle formation conduit à « jeter le bébé avec l’eau du bain » observable au Burkina Faso et au Mali, à travers les rejets de la force Sabre et de Barkhane.
De plus, les deux pays expulsent au même moment ou presque des diplomates (les ambassadeurs de France à Ouagadougou et à Bamako) et des humanitaires nationaux et internationaux dans des contextes d’aggravation de la situation sécuritaire. A l’évidence, c’est pour éloigner leurs regards des exactions et des crimes perpétrés et ceux en préparation.
Pire, c’est le groupe Wagner des mercenaires, qui exprime bruyamment sa présence dans ces deux pays. Un moment encore, où la Russie exprime sa présence officielle avec la visite de son ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov au pays de Assimi Goïta.
Cette visite de Lavrov à Bamako intervient à la suite de la visite des Premiers ministres malien et burkinabè à Moscou, en Russie.
Le silence des démocraties, un facteur d’inquiétude !
Les démocraties africaines ont le droit de s’indigner, à défaut de lever ou d’engager une force capable de prendre à bras le corps la question sécuritaire sur le continent. De toute façon, les pays comme le Niger, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal, qui ont compris que la paix et la stabilité passent nécessairement par la gouvernance démocratique (bonne gouvernance) au plan politique, économique, social et culturel sont les meilleurs exemples à servir de modèle.
On ne doit plus se contenter de regarder la situation se dégrader de jour en jour, en silence. L’initiative d’Accra ou de la CEDEAO de constituer une force Ouest africaine de maintien de la paix est à la fois une urgence absolue et une nécessité à concrétiser pour s’appliquer la lutte contre le terrorisme en même temps que la force africaine en attente.
Aussi les partenaires occidentaux doivent impérativement prendre conscience que l’installation de Wagner dans un Sahel déjà profondément miné par le terrorisme et les effets néfastes du changement climatique constitue aujourd’hui plus que jamais un enjeu international économique, humanitaire, politique et technologique. Le destin des démocraties africaines peut impacter inévitablement le monde entier.
MOUSSA NAGANOU