La Tunisie vit un moment décisif de son histoire politique après l’appel de la démission exigé par l’opposition à l’endroit du président Kaïs Saied. Kaïs Saied est né le 22 février 1958 à Tunis.
Il est diplômé en Droit constitutionnel et en droit International. Il accède au pouvoir à la suite de l’élection présidentielle d’Août 2019, en tant qu’indépendant.
Il obtient 18.4 % des voix au premier tour des élections tandis que son rival Nabil Karoui se contentait de 15,58 %. Kaïs Saied l’emportera avec environ 74 % des voix.
Il organise un coup de force puis la dissolution du Parlement, en entraînant une levée de boucliers de l’opposition tunisienne. Mais le président Saied persiste et signe dans sa logique en faisant adopter par un référendum une Constitution controversée, réduisant du coup les prérogatives du Parlement.
Ces changements ont provoqué un large boycott du second tour des élections législatives organisées le samedi 28 Janvier 2023. C’est donc sans surprise que le chef de la principale coalition de l’opposition a appelé le 18 décembre 2022 le président Kaïs Saied à « partir immédiatement » du pouvoir, après la débâcle du 1er tour des élections législatives marquées par un taux d’abstention record de plus de 92%.
Il s’agit des plus bas taux de participation jamais égalés en Tunisie, depuis la Révolution de 2011, qui avait contraint à l’exil le président Ben Ali avec pour conséquence l’avènement de la première démocratie du monde arabe.
Un véritable recul démocratique et une perte considérable des acquis issus du « printemps arabe ».
C’est également un véritable paradoxe que vit le président tunisien au regard de son profil de constitutionnaliste avéré. Ce fiasco devrait lui servir d’enseignement afin de se rendre à l’évidence que le peuple tunisien n’est plus en odeur de sainteté avec ses agissements antidémocratiques.
Mais face à l’entêtement de Kaïs Saïd, l’on est tenté d’explorer la voie d’un second printemps arabe en Tunisie. Dans ce cas, l’illustre universitaire risque d’être jeté dans les poubelles de l’histoire à l’instar du dictateur Ben Ali, qui en son temps a fait les frais de la fronde sociale.
Mais force est de constater que le système démocratique tunisien déjà jeune et immature est tombé dans l’impasse et surtout du fait que les dirigeants ne tirent jamais les leçons du passé.
ABOUBACAR SOUMAÏLA