Au Sénégal, l’étau de la justice se resserre de plus belle sur l’opposant Ousmane Sonko visé par deux plaintes, qui risquent vraisemblablement de lui coûter son éligibilité à l’élection présidentielle. L’affrontement entre le jeune opposant et le Camp Macky Sall a pris une tournure particulière, avec le rebondissement d’une ancienne affaire judiciaire, plus dangereuse voire compromettante pour l’ambitieux opposant à la magistrature suprême du Sénégal.
Après sa condamnation en appel pour diffamation à l’égard du ministre de la culture de Macky Sall, le désormais dirigeant incontesté du parti Pastef devrait être jugé ce Mardi 16 Mai 2023 dans une affaire de « viols et de menaces de mort » à l’endroit de Adji Sarr, une ancienne masseuse de Dakar. Mais le procès a été renvoyé au 23 Mai 2023. Les partisans d’Ousmane Sonko à Ziguinchor se sont déjà mobilisés ce Lundi pour défendre leur leader, ce qui a occasionné la mort d’un policier durant les affrontements près du domicile de l’opposant.
Pourtant, conformément au code de procédure pénale, Ousmane Sonko devrait se présenter au greffe de la chambre criminelle de Dakar ce Lundi. On s’interroge sur la comparution d’Ousmane Sonko ce Mardi au tribunal pour ce nouveau procès annoncé. Dans l’affaire qui l’oppose à Adji Sarr, Ousmane Sonko a toujours crié au « complot politique », allant jusqu’à ne plus « collaborer avec la justice ».
On comprend dès lors son refus de se présenter devant la justice qu’il trouve à la solde du pouvoir de Macky Sall, bien que l’argument sécuritaire invoqué par le camp Ousmane Sonko est un alibi. Cette stratégie du jeune opposant Ousmane Sonko qui consiste à défier la justice de son pays ne peut lui être profitable, parce qu’elle paraît à coup sûr contre productif. Multiplier les fronts ne fera que fragiliser le jeune opposant qui a déclaré la guerre à celle-ci qui malheureusement pour lui est déterminante pour son avenir politique.
La meilleure stratégie aurait été de lutter contre l’autorité politique, tout en évitant de tirer à boulets rouges sur l’institution judiciaire qui pourrait être gagnée par un sentiment de revanche, en percevant dans le comportement du jeune opposant des réflexes de défiances et de mépris inacceptables. Par cette attitude « jusqu’au boutiste », Ousmane Sonko fait gracieusement le lit du troisième mandat à Macky Sall en facilitant sa condamnation par une justice visiblement influencée par le système Sall qui commence à lever le voile sur ce qui reste du «mystère du troisième mandat ».
L’avenir politique de Ousmane Sonko risque de prendre une tournure décisive avec ce nouveau procès, qui risque de sonner le glas à l’ambition politique du jeune leader qui aura manqué de flexibilité, face à l’armada déployé par Macky Sall dont l’intention est de l’écarter définitivement de la course à la présidentielle de 2024.
ABOUBACAR SOUMAÏLA