La situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et au Sahel en particulier interpelle plus d’un acteur sociopolitique et institutionnel dans la résolution des conflits, tant au plan régional que à l’international. C’est dans cette optique que maintes stratégies antiterroristes ont été déployées en vue trouver des solutions idoines à cette crise sécuritaire persistante. Même si l’effondrement de la Libye est considéré à juste titre comme la boîte de Pandore de toute la peste terroriste.
Cette nouvelle donne impacte très négativement les institutions politiques, en particulier dans les pays durement frappés comme le Burkina Faso ou Mali, devenu une « pépinière» pour les terroristes et autres bandits de tout acabit.
Face à la détérioration continue de la sécurité des populations, au Nord et au Centre, des militaires putschistes ont justifié leur prise du pouvoir autour du Colonel Assimi Goita et de ses camarades pour aboutir à la rupture d’avec les forces françaises présentes sur le territoire, en créant aussi un véritable boulevard à l’entrée des mercenaires russes de Wagner, sans pour autant venir à bout de l’hydre terroriste.
Par ailleurs, des pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Niger ayant maintenu leur coopération militaire avec la France en appui, sont aujourd’hui la cible privilégiée des critiques acerbes des pro-russes.
Mais que nous révèlent réellement les statistiques liées aux attaques terroristes au Mali, au Burkina Faso et au Niger ?
Depuis le mois de janvier 2023 à ce jour, on recense déjà 17 attaques terroristes ayant occasionné 209 morts au Mali. Aussi, le Mali fait face au pourrissement des accords entre les différents belligérants ayant signé les accords d’Alger de 2015. Ce qui envenime la situation, le 8 janvier 2023, le mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), et deux autres autonomistes, le haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ainsi que le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) ont fait front commun contre l’autorité centrale de Bamako ressuscitant ainsi les revendications séparatistes qui avaient fait le lit des autres groupes jadis venus de la Libye voisine. Ce sont plus de 60% du territoire malien qui échappe à la junte militaire qui ne contrôle que le Sud malien.
Le centre du pays est sous le contrôle de la Katiba Macina d’Amadou Koufa, tandis que le Nord est désormais devenu un véritable « no man’s Land » à la solde des terroristes et des séparatistes en colère contre la junte militaire de Bamako.
Le voisin burkinabè, nouveau disciple de Bamako n’occupe non plus, une position confortable, dans ce bilan sécuritaire. Le pouvoir central de Ouagadougou contrôle près de 60% du territoire du Faso, tout le reste, près de 40% étant sous la menace des terroristes à l’Ouest et au Nord du pays. On dénombre depuis le mois de janvier 2023, 7 attaques qui ont fat 23 morts. Le Nord et l’Est du pays appartient à l’empire terroriste.
Selon les analystes, l’accession au pouvoir des nouveaux militaires n’a pas eu pour effet de réduire les attaques djihadistes. Bien au contraire, les terroristes ont déployé des stratégies plus innovantes pour contrer la riposte du pouvoir militaire face à leur percée devenue fulgurante.
Ce sont quasiment les mêmes raisons invoquées au Mali par les militaires qui sont aussi relayées au pays de Thomas Sankara. Faire mieux que les civils en améliorant la situation sécuritaire des populations, constitue l’objectif principal annoncé des deux juntes militaires au pouvoir dans ces deux pays voisins qui partagent la même menace terroriste.
Comparativement au Niger, malgré la grande immensité de son territoire, la menace est sous contrôle des autorités. Aucun pan de son territoire n’est tombé à ce jour dans l’escarcelle d’une quelconque Katiba, qui lui dicterait sa loi. Depuis le mois de janvier jusqu’à ce jour, on enregistre 2 attaques dont 19 morts sont déplorées.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le voisin burkinabè a emboîté le pas au Mali par l’avènement au pouvoir d’autres putschistes sous la conduite du capitaine Ibrahim Traoré.
En outre, les deux pays ont développé aussi un rejet de la coopération française militaire qu’ils trouvent inefficace, voire nuisible à la lutte contre le terrorisme, en faisant recours aux civils et aux mercenaires. Cependant, à l’instar de toute stratégie, la raison gardée veut qu’à un moment donné, l’on mesure le pools des actions menées sur le terrain.
Précisons à toute fin utile que le terrorisme est une guerre asymétrique, où l’ennemi mise plutôt sur les stratégies d’embuscades qu’une bataille du face à face.
Par conséquent le risque zéro n’existe pas pour les personnes averties. En somme, malgré la présence de Wagner au Mali et ses soupçons au Burkina Faso, la menace terroriste sur leur territoire grandit. La meilleure illustration de cet échec est le « repli meurtrier sur soi-même » dans l’isolement, sous le prétexte de souveraineté.
ABOUBACAR SOUMAÏLA