7 avril 1994, une date chargée d’émotions, de frustration et de malheurs pour le Rwanda et pour l’humanité toute entière. Cette date rappelle la barbarie meurtrière qui s’est abattue sur le peuple Rwandais à travers le génocide des tutsi. Un spectacle digne d’un film d’horreur apparu juste après l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.
Cette tragédie a bouleversé la vie de toute une nation dont les composantes sociales vivaient pourtant en parfaite harmonie en l’occurrence les Hutus et les Tutsi. Mais ce jour là telle une malédiction et pendant sept jours des milliers de rwandais ont systématiquement tué environ 800 000 autres Rwandais d’origine tutsis essentiellement à coups de machette. Une véritable hécatombe planifiée par des experts qui ont inoculé cette haine par l’entremise des radios de mille Collines.
L’horreur s’est emparée du Rwanda et l’humanité a vécu un second holocauste cette fois ci en terre africaine. La communauté internationale avait assisté impuissante à ce crime contre l’humanité sans daigner arrêter cette hémorragie d’où l’accusation que les autorités rwandaises ont porté contre certains pays occidentaux comme la France l’accusant de complicité avec les génocidaires.
Même l’église au Rwanda n’a pas pu arrêter les massacres malgré leur forte implantation dans le pays d’où l’interrogation légitime soulevée par Hugh Mccullum dans son livre intitulé « Dieu était-il au Rwanda ? », livre dans lequel l’auteur souligne la faillite des Eglises dont les enseignements en principe porté sur l’amour du prochain ont démontré leur limite.
C’est en mémoire des victimes d’une telle barbarie que les Rwandais commémorent chaque 7 avril le génocide. Comme de coutume, ce 7 avril aussi sera consacrée à la mémoire de ces victimes du génocide et ses commémorations s’étendront sur toute l’étendue du territoire pendant les 100 jours et seront ponctuées de recueillement, jusqu’au 3 juin. A cette occasion, le président Paul Kagamé tout en rendant hommage aux victimes a tenu à apporter cette précision « on peut pardonner, mais on ne peut pas oublier ».
Malheureusement, la réconciliation nationale est loin d’être atteinte au regard de la gravité des évènements et des intentions de revanche qui couvent au sein des populations faisant des Rwandais un peuple profondément divisé.
Depuis sa prise de pouvoir, si le président Paul Kagamé a réussi à relancer un pays en ruine et à terre à tel point que le Rwanda passe pour être un modèle de développement économique, Paul Kagamé n’aura tout de même pas pour autant réussi à se positionner comme un leader idéal pouvant inspirer la paix dans la sous région de l’Afrique Centrale.
Malheureusement pour lui, sur le plan politique, Kagamé qui n’a guère fini de panser les plaies de son pays, d’autant qu’il se présente toujours comme un chef de guerre, qui se lance à la conquête du grand Congo voisin, au lieu d’imposer une figure de médiateur crédible dans la sous région. Ce n’est pas tard. Si Paul Kagamé prend sa responsabilité aujourd’hui dans la guerre du Congo en se désolidarisant des rebelles du M23, il saura donner à son pays un encrage politique et diplomatique digne d’un pays ayant tiré les leçons d’une guerre meurtrière.
MOUSSA NAGANOU