Les ancêtres des deux pays que sont le Niger et le Bénin devront être pris d’un véritable dégoût, s’il leur était permis d’assister à ce spectacle inédit, empreint de division voire de déchirure entre deux pays frères depuis l’annonce des sanctions de la CEDEAO assorties d’intervention militaire contre le Niger. Ce sont en effet, les 4 pays de l’espace CEDEAO en l’occurrence le Nigeria du président Tinubu, la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, le Sénégal de Macky Sall et enfin le Bénin de Patrice talon qui se sont engagés à apporter leur soutien à l’intervention militaire contre le Niger au motif du coup d’État du 26 Juillet qui, a selon eux porté atteinte à un ordre constitutionnel incarné par le président renversé du Niger Mohamed Bazoum.
Pourtant, l’annonce d’une éventuelle attaque pour restaurer le président déchu Mohamed Bazoum a suscité sur tout le continent une réaction sans précédent et de surcroît dans les pays candidats à cette guerre empreinte d’une véritable curiosité, tant son mode opératoire défie tous les films d’action jamais imaginés. C’est ainsi que malgré les multiples contestations sur les terres de Béhanzin nées d’une véritable<<folie guerrière>>du président Talon, ce dernier est allé jusqu’au bout en franchissant le Rubicon.
En effet, même les liens historiques de fraternité entre les deux pays et encore moins les intérêts économiques qui les unissent n’ont pu faire fléchir le président du Bénin qui a offert à la CEDEAO un boulevard pour attaquer le Niger, malgré l’accord de coopération militaire qui lie les deux Etats depuis Juillet 2022. C’est désormais connu de tous que le Bénin sert désormais de base arrière pour des mercenaires qui devront agresser le Niger conformément à la décision de la CEDEAO soutenue et même entretenue par le parrain français.
Aussi, c’est après une véritable déception que le Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNP) dans un communiqué a décidé au regard de ces faits troublants de dénoncer le récent accord de coopération militaire du 11 juillet 2022 entre les deux Etats<<la République du Bénin a autorisé le stationnement des militaires, mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d’une agression voulue par la France, en collaboration avec certains pays de la CEDEAO contre notre pays, malgré l’accord de coopération militaire du 11 juillet 2022 liant nos deux Etats>>.
Cette escalade dans la coopération entre le Niger et le Bénin intervient pourtant à un moment où les intérêts entre les deux pays frères connaissent une importance particulière, du fait notamment de la construction du pipeline qui devrait conduire le pétrole nigérien à l’étranger tout en traversant le pays de Talon avec comme conséquence le renflouement des recettes appréciables dans les caisses de l’État béninois. Ainsi, on retiendra que l’histoire des africains se répète inlassablement par l’instrumentalisation de leurs propres frères par des puissances extérieures, et dans le cas précis, la France pour abattre d’autres africains, les jetant ainsi aux mains cruelles des rapaces toujours aux aguets pour exploiter à fond et à vil prix leurs ressources.
Depuis le crime de l’esclavage contre le peuple noir, c’est toujours la même stratégie qui est utilisée afin d’étouffer dans l’œuf toute velléité contestataire au sein des communautés noires, en témoignent les nombreux exemples qui mettent à nu la lâcheté de nombreux africains qui ont permis à l’ennemi d’éliminer même physiquement des révolutionnaires comme Patrice Lumumba en RDC et Thomas Sankara au Burkina Faso. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il suffit aussi aux puissances occidentales de trouver des alliés servant de bras armés ou plus précisément des valets locaux prompts à exécuter leur sale besogne, en espérant que ces derniers bénéficient des avantages voire des largesses des puissances tutélaires.
Ces errements au sein de la CEDEAO n’auront inévitablement pour conséquence que de la fragiliser dans la mesure où elle est désormais perçue par les populations qu’elle prétend représentée comme une<<entité sans âme>>, évoluant sous la conduite de la France qui tire les ficelles à ce pantin désormais défiguré et mal assorti.
Le grand perdant sera probablement le Bénin qui perd son honorabilité et tombe du coup dans le lot de <<petits pays sans personnalité et sans vergogne>>. Lors de son premier point de presse devant un public de journalistes nationaux et internationaux, le Premier ministre de la Transition, Lamine Zeine, avait souligné un fait vérifiable et incontesté de l’histoire politique du pays de Diori Hamani en précisant que <<jamais le Niger n’a agressé un autre pays, mieux ses Chefs d’État ont toujours contribué à la paix dans la sous région>>.
C’est donc triste et déshonorant pour les Africains de constater qu’ils contribuent eux mêmes à créer des fissures entre des populations qui n’eut été les fameuses <<cicatrices de l’histoire>> que sont les frontières héritées de la colonisation constitueraient une seule et même nation. Malheureusement les agendas cachés de nos présidents désireux de plaire coûte que coûte à la Métropole leur font prendre des décisions très souvent aux antipodes des intérêts de leurs propres populations, voire de deux pays comme c’est cette Foi-ci le cas du président Talon déterminé à jouer au rabat joie au sein des populations nigériennes et béninoises liées par un esprit de confraternité.
ABOUBACAR SOUMAÏLA