L’unité, la solidarité, la lutte contre le colonialisme, la paix ou l’intégration continentale sont les maîtres mots des pères fondateurs de l’union africaine, de l’OUA depuis 1963 à l’Union Africaine en 2002. L’institution continentale présidée aujourd’hui par le président comorien, Azali Assoumani vient de très loin et la distance et les contradictions qui restent à franchir demeurent encore plus redoutables que le parcours effectué jusque-là, d’autant que l’Union Africaine tant rêvée n’a pas encore vu le jour.
L’OUA, malgré elle !
L’Afrique concentre aujourd’hui encore tous les paradoxes du développement, sinon les plus graves contradictions à même de freiner les ambitions d’intégration de l’unité du continent des jeunes, dans un monde de plus en plus multipolaire. Sur le chemin des pères des indépendances, en même temps, pères de l’unité africaine avec sa concrétisation institutionnelle par la naissance de l’organisation de l’unité africaine (OUA), le 25 Mai 1963 à Addis-Abeba, dans la capitale Éthiopienne.
Bien que l’unité et donc l’union de l’Afrique soit l’objectif recherché par tous les Chefs d’État, la vision partagée affirmée à l’unanimité des 32 présidents, il n’en sera pourtant pas de même pour la marche engagée vers l’atteinte d’une telle ambition pour le moins commune. Deux groupes informels d’États africains existant bien avant la création de l’OUA vont vite apparaitre et se schématiser d’un côté par les tenants du fédéralisme, du « continentalisme », selon l’expression de Kwuamé Nkrumah dits du groupe de Casablanca au Maroc avec une option intégrale par la fusion rapide des États en un seul et unique méga État à l’échelle du continent.
De l’autre côté, il y avait les tenants de l’union par étape dits du groupe de Monrovia au Libéria, via la formation des structures régionales, qui vont se fusionner par la suite pour former ainsi lentement une Afrique des blocs régionaux unis. « L’Afrique doit s’unir », selon le père de l’indépendance du Ghana, l’union rapide est la seule voix qui s’offrait au continent pour sa survie institutionnelle heureuse.
Deux blocs opposés dans une contradiction suicidaire !
L’existence de deux blocs malgré leur caractère informel, va influencer la marche de cette naissante organisation d’envergure continentale. D’autant que cela va impacter sur la capacité de l’organisation à définir une position claire et ferme mais surtout une ligne de conduite précise et efficace avec ses États membres.
La position considérée comme très rigide du bloc de Casablanca comprenant des acteurs aux allures révolutionnaires, sans réserves a plutôt inspiré la prudence au bloc de Monrovia composé des dirigeants plus modérés caractérisés de souplesse et d’ouverture d’esprit. La tentative d’une marche forcée mais freinée par les forces contradictoires au sein de l’organisation des différentes tendances n’a pas facilité la bonne cohésion au sein de l’OUA.
En plus de la contradiction interne qui a redoutablement traversé l’organisation de l’unité africaine, d’autres paramètres non moins redoutables vont également s’ajouter comme des cailloux dans la chaussure des dirigeants de l’institution continentale. « On ne peut pas faire la guerre avec les moyens d’autrui », une assertion qui illustre toutes les contradictions de la marche de l’union africaine aujourd’hui encore.
Désunion décisionnelle, absence des sanctions et naissance des nouveaux États !
Des sources bien informées, les pays membres ont été incapables de se mobiliser à toutes les périodes charnières de leur vie commune pour dégager une position unique et efficace. La dernière épreuve de la Covid19 a suffisamment démontré la faiblesse de l’organisation continentale même face à ses propres intérêts.
Pire encore, l’union africaine reste incapable d’infliger ni des sanctions efficaces contre les membres indisciplinés ni des récompenses dignes de ce nom aux vertueux, en matière de démocratie, des droits de l’homme et des libertés. Ses mécanismes de sanction sont tellement inopérants qu’ils provoquent des conséquences désastreuses sur les pays membres.
Aussi, plusieurs foyers de tension naissent à travers le continent à côté d’anciens autres mal pris en charge ont conduit au morcellement du continent. De 32 États indépendants en 1963, on en est à 54 aujourd’hui avec la menace d’implosion, de désintégration, parce que plus d’une vingtaine de morceaux de terre revendiquent l’indépendance pour acquérir le statut d’États indépendants.
Les nouveaux défis !
Le nouveau drame du terrorisme qui mine les pays du Sahel, ses métastases vers la région du golfe de Guinée et les nouveaux conflits géopolitiques en cours autour des matières premières, des élections, du pétrole sur le continent dirigent encore le continent tout droit vers un autre défi de désintégration certaine. Il est temps que les dirigeants du continent africain ouvrent les yeux sur l’essentiel dont notamment, la démocratie, l’économie, le leadership, le développement, la culture, d’autant que la jeunesse des populations africaines peut être ainsi exploitée comme une force de travail et de main d’œuvre disponible, qu’il suffirait simplement de prendre le taureau par les cornes en investissant massivement dans l’éducation, dans l’accès à la technologie, dans l’électrification accélérée des États via le solaire, l’hydrogène ou les complexes de barrage hydro-électrique comme celui de Kandadji au Niger ou encore de Kandji de la NEPA au Nigéria.
MOUSSA NAGANOU