Depuis Août 2020, quatre pays au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao) ont connu six coups d’État. Il s’agit du Burkina Faso, de la Guinée-Conakry, du Mali et du Niger. En Afrique centrale, le Tchad voisin quant à lui a connu un changement anticonstitutionnel qui a placé à sa tête le lieutenant-général Mahamat Idriss Déby suite à la mort de son père au front dans une bataille contre les rebelles en 2021.
Certes, les facteurs déclencheurs varient en fonction du contexte et la situation de chacun des pays mais nous pouvons affirmer que ces changements en Afrique de l’Ouest peuvent être analysés en considération des déficits structurels des pays concernés. Cet examen met en lumière l’échec des politiques sécuritaires mises en place et supervisées par la France ainsi que l’échec des réformes de ce secteur, la pression socioéconomique croissante, la faiblesse des indicateurs de développement humain, l’explosion démographique de la jeunesse, le chômage et surtout la corruption à grande échelle sous fond de népotisme des régimes renversés.
Cela jette le doute sur l’efficacité des régimes dits démocratiques en Afrique de l’Ouest très décriés par les peuples et mettent également à mal la coopération régionale à un moment où celle-ci est plus que jamais nécessaire pour faire face à la menace croissante posée par les groupes extrémistes violents, surtout au Sahel et précisément dans la zone des trois frontières.
C’est pourquoi la population nigérienne a accueilli très favorablement l’arrivée des militaires sur la scène politique et l’a affirmée le dimanche 6 août avec plus de 30 000 personnes réunies au stade Général Seyni Kountché de Niamey, pour scander leur soutien au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a renversé le président Mohamed Bazoum dix jours plus tôt. En réaction à ce coup d’Etat, la CEDEAO se réunit à Abuja (Nigeria), jeudi 10 août, pour un sommet extraordinaire pour décider de la mise en place des sanctions injustes et inhumaines et aussi profiter pour menacer les nouvelles autorités de notre pays d’une éventuelle intervention militaire pour ramener les nigériens dans l’ancien système totalement vomi par la population et mis à mort par le CNSP avec à sa tête le Général Abdourahmane Tiani.
Le vaillant peuple nigérien au côté des forces armées a fait de la lutte de libération une priorité et mené le combat jusqu’à faire plier l’ancienne puissance colonisatrice et obtenu au côté du CNSP le départ de l’ambassadeur français, l’indiscipliné Sylvain Itté, et celui des troupes illégalement installées au pays depuis l’expiration le 2 Septembre de leur présence légale sur le territoire nigérien après la dénonciation des accords les liant à notre pays. Le CNSP, fort du soutien populaire doit se concentrer sur ses principales missions et créer les conditions nécessaires à la sécurisation du pays à travers une lutte sans merci contre les groupes terroristes et permettre d’asseoir une véritable souveraineté sur le territoire national et faire de l’autosuffisance alimentaire et énergétique une priorité absolue. C’est pourquoi nous nous félicitons de la signature historique de la Charte du Liptako-Gourma le 16 septembre 2023 à Bamako, instituant l’Alliance des États du Sahel (AES).
Cette alliance marquera une étape décisive pour la sécurité et la défense de nos populations à travers la coordination et la conjugaison des efforts de nos militaires avec ceux de nos voisins à travers le partage d’informations et la coordination des opérations. Aussi, Il faudrait qu’à l’issue de cette transition notre pays puisse arriver à exploiter suffisamment les ressources hydriques dont le fleuve Niger pour accroître la production du riz, principale préoccupation du moment. Il doit aussi réhabiliter les autres aménagements hydroagricoles de l’intérieur du pays et œuvrer pour la finalisation des travaux du barrage de Kandadji pour accroître ainsi la production de denrées alimentaires et d’électricité, stimuler les emplois et ouvrir des perspectives économiques au profit des familles et des communautés du Sahel.
Il faudrait qu’on parvienne à véritablement asseoir notre souveraineté énergétique et ne plus dépendre de l’extérieur pour nous alimenter en électricité et éviter que d’autres pays nous la servent selon leur humeur. A la différence de certains coups d’Etat qu’a connu notre pays, celui du 26 juillet 2023 a eu l’adhésion de l’écrasante majorité des forces vives de la nation. Compte tenu de la confiance que nos populations placent en notre armée nationale et du soutien évidemment constant depuis ces événements.
Réussir cette transition représente un défi majeur pour le pays
Le Général Abdourahmane Tchani et son Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine sont confrontés à la tâche difficile de réunir tous les nigériens autour d’une vision commune dans un contexte inédit de sanctions infligées à notre pays par la CEDEAO et l’union économique et monétaire ouest africaine(UEMOA), ainsi que la fermeture des frontières avec nos voisins du Sud à savoir le Nigeria et le Bénin. La tâche est vitale pour l’intérêt supérieur du pays ainsi que l’atteinte de sa pleine souveraineté. Pour réussir cette Transition, plusieurs éléments clés doivent être pris en compte.
Tout d’abord, le Chef de l’Etat doit instaurer un climat de confiance envers le peuple nigérien en communiquant de manière transparente sur les objectifs de la Transition, les étapes à venir et les réformes envisagées. Il doit éviter au gouvernement de se lancer dans un populisme improductif qui nous isolera davantage, en activant notre diplomatie pour peser sur la scène internationale et déjouer tous les complots orchestrés contre notre pays dans les instances internationales par nos ennemis bien connus. Le CNSP doit prôner la transparence dans le processus de prise de décision, ce qui contribuera à apaiser les inquiétudes de la population surtout vis à vis de la fermeture des frontières et la rareté des biens ou services, parfois temporaires de certains produits sur les marchés.
Il est donc crucial de sécuriser le corridor Lomé-Ouaga-Niamey pour permettre à notre pays de continuer à s’approvisionner et aux commerçant importateurs de continuer leurs activités pour éviter les ruptures de stocks des produits de premières nécessités et lutter contre la flambée des prix.
La Transition doit permettre l’implication de tous les nigériens, y compris les représentants de l’ancien régime au besoin, dans les discussions et les prises de décisions. La participation de divers groupes politiques, sociaux et ethniques garantira une représentation équitable et favorisera la stabilité politique à long terme.
Le Général Abdourahmane Tiani doit également s’engager à respecter les droits de l’homme, l’Etat de droit et la démocratie. En garantissant la liberté d’expression, la liberté de la presse et le respect des droits fondamentaux, le gouvernement contribuera ainsi à renforcer la confiance du peuple nigérien dans le processus de Transition.
Il est extrêmement important de favoriser la transparence, l’inclusivité et le respect des droits fondamentaux. En garantissant la participation de tous les nigériens et en instaurant un climat de confiance, le pays peut surmonter n’importe quels défis et progresser vers un avenir politique stable et prospère.
Ces événements post coup d’Etat ont mis à nu le comportement honteusement belliqueux de certains responsables du régime déchu ayant appelé aux quatre coins du monde à une opération militaire étrangère sur notre sol qui aura des conséquences incommensurables pour le pays. Cela prouve à suffisance que ces hommes politiques ayant eu à gérer ce pays pendant plus d’une douzaine d’années n’ont aucune considération pour la vie de leurs concitoyens ! Ces personnalités politiques ne se soucient que de leurs intérêts égoïstes et sont dans la crainte, tous sans exception de faire objet des poursuites pour de nombreux scandales économiques et financiers dans lesquels ils sont pour la plupart impliqués.
Cette attitude pouvant être qualifiée de haute trahison vis-à-vis de la nation, adoptée par les partisans du régime déchu doit être prise très au sérieux par le CNSP pour que de telles turpitudes soient punies conformément à la loi par la justice nigérienne. Notre pays ne doit plus être à la merci des hommes politiques indignes et véreux.
La création des conditions d’une stabilité politique durable et le retour à l’ordre constitutionnel doivent être opérés dans la limite de temps annoncée par le CNSP à travers une démarche juste et légitime, fondée sur les aspirations profondes de notre peuple. L’heure est à l’union sacrée autour des intérêts supérieurs de la nation. Le combat du développement est celui qui devrait occuper toutes les forces vives de la nation. Nous sommes entrain d’apprendre des sanctions qui nous sont été imposées. Le meilleur est à venir, plaise à Dieu !
SIDI OUSMANE LAMINE