L’axe Alger-Niamey-Abuja voire Accra sera très mouvementé les prochains jours et peut-être marqué
par un ballet diplomatique, à cause de la victoire de la médiation dans la crise politique nigérienne
que le président Abdoulmadjid Tebboune vient de remporter au profit de la paix régionale. C’est en
tirant très vite les conséquences sociopolitiques des conflits en Libye, au Soudan et en Somalie que
le sage de l’Algérie vient de triompher au Niger en convainquant les Généraux de Niamey à engager
une solution politique négociée pour vite sortir leur pays de la crise.
C’est plutôt la force de la proposition du président Algérien Abdoulmadjid Tebboune, qui a fini par
retenir l’attention du Général Nigérien, Abdourahmane Tiani qui a renversé Mohamed Bazoum par
le coup d’Etat du 26 Juillet dernier, suivi de la levée de boucliers des Chefs d’Etat de la CEDEAO
surpris et aveuglés comme toujours, lorsqu’un membre de leur syndicat a été si facilement renversé
à l’image des présidents IBK du Mali, Roch Marc Christian Kabore du Burkina Faso, Alpha Condé de la
Guinée-Conakry ou encore Mohamed Bazoum du Niger, d’autant que la limite de ses présidents civils
tant aimés pour leurs fourreaux, leur vernis démocratique, mais ils restent incapables de voir le mal
venir de loin, afin de le prévenir et le conjurer tôt. Ils sont finalement réduits à tenter de sanctionner
inefficacement les faits accomplis avec des méthodes qui aggravent davantage le mal.
L’avantage de la proposition Algérienne pour les Généraux nigériens est que l’Algérie a surtout
exprimé une grande neutralité pour ne pas paraître dans cette crise née subitement à Niamey
comme juge et partie, alors qu’elle partage une longue frontière terrestre de plus de mille
kilomètres, des intérêts socio-économiques comme le Nigéria à qui d’ailleurs l’Algérie veut bien
arracher la vedette, mais aussi l’autre avantage réside dans le fait d’écarter du coup, aussi bien
Mohamed Bazoum du pouvoir que l’idée de l’intervention militaire brandie par l’organisation
communautaire de la CEDEAO.
Or, la CEDEAO et l’Union Africaine des Chefs d’Etat sont réduites aujourd’hui devant les crises
politiques et sécuritaires qui naissent en Afrique, tels des champignons et les deux organisations
communautaire et continentale n’excellent chacune que dans la prise des décisions aussi hâtives que
précipitées, parce qu’elles ne conduisent que dans un blocage institutionnel et diplomatique. De
tous les Etats et les institutions qui s’agitent autour de la crise politique nigérienne, il n’y a que le
président Abdoulmadjid Tebboune, qui du haut de sa sagesse a décliné une proposition franche,
précise et courageuse, pour le moins.
Il a très vite envoyé M. Lounes, le secrétaire général de la diplomatie Algérienne pour évaluer la
situation sur le terrain avant de dépêcher son ministre des Affaires Étrangères, Mohamed Attaf, pour
présenter un plan détaillé de sortie de crise de six mois (6), au Niger, le 24 Août dernier. C’est cette
proposition Algérienne, qui n’avait pas été rejetée aveuglément avant d’être soumise à l’épreuve de
pertinence par les camarades du Général Abdourahmane Tiani qui vient de requérir son approbation
à Niamey, selon un communiqué de presse du Ministère Algérien des Affaires Étrangères et de la
communauté nationale à l’extérieur.
Pourquoi le Général Tiani accepte la proposition du président Tebboune !
Le plan de six (6) mois de Transition politique proposé par l’Algérie aux militaires nigériens comporte
également six (6) axes, dont notamment <<la consolidation du principe de l’illégalité des
changements anticonstitutionnels ; un délai de six mois de Transition ; trouver des arrangements
politiques avec toutes les forces sans exclusive ; réaliser une approche participative et inclusive
des acteurs nationaux, des acteurs régionaux et des pays voisins et frontaliers pour la paix ;
privilégier la durabilité des solutions politiques et organiser une conférence internationale pour le
développement du Sahel>>. Tous les six axes sont à point nommé, à l’exception du seul délai qui
pourrait bien faire l’objet de consensus fort.
Au lieu d’engager une pluie des sanctions aveugles ou asséner des condamnations dites de principe
par hypocrisie, le président Abdoulmadjid Tebboune a engagé son pays directement dans la
recherche d’une solution négociée, c’est-à-dire celle politique et diplomatique dès les premières
heures de la crise. Sachant bien que le Général Tiani propose lui une Transition qui n’excède pas trois
ans.
Couper la poire en deux ?
Il est bien évident qu’il y a un grand écart entre le délai de trois (3) ans du Général Tiani et le délai de
six mois du président Tebboune, mais les deux propositions se rencontrent par la volonté de
dialoguer de chacun, comme l’atteste finalement l’acceptation du Général Tiani à accueillir l’Algérie à
bras ouverts à Niamey. Le Général Tiani accepte l’offre de médiation de l’Algérie au moment où
l’envoyé spécial des nations unies en Afrique de l’Ouest, le Mozambicain Leonardo Santos Simao va
entreprendre une mission au Niger pour discuter avec les nouvelles autorités militaires nigériennes
et négocier l’ouverture d’un couloir humanitaire pour l’acheminement des produits pharmaceutiques
et de l’aide avec les pays membres de la CEDEAO.
Le Dimanche 1 er Septembre encore, le Général Tiani dénonçait l’attitude irresponsable des Etats de la
CEDEAO, qui ont imposé des sanctions injustes, illégales et inhumaines à son pays alors même qu’en
Ukraine malgré la guerre en cours le commerce du gaz et des graines s’y déroule intelligemment,
sans asphyxier l’économie des belligérants. L’Algérie entend associer à d’autres pays de la sous
région comme le Ghana, le Nigéria et le Benin pour conforter sa position diplomatique en vue de
juguler la crise au Niger et dans cette situation, si le pays de Kwame Nkrumah conserve une bonne
côte de popularité chez les Nigériens, comme le pays de Mahamadou Buhari et de Tinubu, le
président béninois ne jouit plus d’une image positive au Niger.
MOUSSA NAGANOU